Sionisme, doctrine meurtrière

avec Gilbert ACHCAR
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animée par Tarik BOUAFIA

Près de deux ans après le 7 octobre 2023, le monde découvre chaque jour l’ampleur des dévastations qui frappe la bande de Gaza. L’intentionnalité et la nature des atrocités commises par l’armée israélienne répondent en tout point au crime de génocide. Récemment, l’ONG israélienne de défense des droits humains dans les territoires occupées B’TSELEM a publié un rapport dont le titre est sans appel : « Notre Génocide ». Pourtant, il subsiste encore en Occident des journalistes, politiques ou intellectuels affirmant qu’accuser Israël d’un tel acte constituerait une « faute morale », que parler de génocide est absurde puisque la population continuerait d’augmenter. L’infamie de l’argumentaire des soutiens inconditionnels de Tel Aviv s’apparente alors à du véritable négationnisme, un délit pourtant puni par la loi. Mais dans le cas présent, il s’agit d’un négationnisme respectable, républicain, partagé par des gens de raison, convaincu de la supériorité morale et civilisationnelle de l’Occident et dont Israël se veut l’avant-garde au Moyen-Orient. 

Reste à savoir comment a t-on a pu en arriver là ? Pour le chercheur et spécialiste de la Palestine et du Moyen-Orient Gilbert Achcar, le génocide à Gaza était tout simplement prévisible. Pour le comprendre, il nous invite à nous plonger dans les textes, les déclarations, les actions menées par les grandes figures du sionisme, à commencer par Theodor Herzl. Souvent cités, rarement lus, les écrits d’Herzl annoncent pourtant clairement la catastrophe en cours en Palestine. Né dans les entrailles d’une Europe en proie au nationalisme, à l’impérialisme et à l’eugénisme, le sionisme – bien qu’il surgisse en réaction aux effroyables pogroms dont sont victimes les Juifs – apparaît d’emblée comme une idéologie coloniale qui porte en elle une dimension exterminatrice. Dès lors, l’antisémitisme doit servir de moteur au sionisme et la « détresse » des Juifs de justification au projet de création de l’Etat d’Israël. Il n’est pas donc pas étonnant que l’auteur de la sinistre déclaration de 1917 approuvant l’établissement en Palestine d’un « foyer national juif », Lord Balfour, soit lui-même un antisémite. En réalité, Balfour comme d’autres n’avaient qu’une idée en tête : se débarrasser des Juifs d’Europe. 

Gilbert Achcar s’emploie ici à pulvériser une à une les croyances solidement ancrées autour de l’histoire d’Israël et des ses célèbres représentants. Personne n’est alors épargné. De David Ben Gourion à Yitzhak Rabin, c’est tout le panthéon de la gauche sioniste qui vole en éclats. Loin de constituer une opposition radicale à la droite du Likoud, les travaillistes ont largement contribué à faire d’Israël un Etat raciste, fondé sur l’apartheid et l’occupation. Au regard de cette histoire, Netanyahou et ses ministres d’extrême droite n’apparaissent plus comme une anomalie, un accident de parcours, mais bien comme les continuateurs d’un projet mortifère né il y a plus d’un siècle.

Tarik BOUFIA

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Durée 82 min.

4 réponses à “Sionisme, doctrine meurtrière”

  1. titou

    SVP il faut arrêter d’inviter les soutiens de Trotsky! Son analyse de la Syrie rejoint la thèse des médias dominants! Quelle catastrophe!!!

    La fRance devient le pays non des lumières mais de l’ obscurité . Ce monsieur devrait aller en Palestine voir comment organiser un soulèvement de masse avec des barrages partout!
    Il faut qu’il sache que TOUS les moyens de lutte sont autorisés contre l’occupation .Et ce n’est pas nous de décider!

    Seule une pression externe pourra enrayer le génocide en cours , mais pour cela il faut aussi lutter contre les us (démocrate comme conservateur), ce qui est impensable pour beaucoup et en particulier par la bande des pseudo opposants (NPA inclus)qui ne pense qu’à cracher sur la Russie sain même essayer de comprendre pourquoi la guerre s’est déclenchée en Ukraine.
    Pour les racistes soutiens d’Hitler , ils n’ont jamais disparu et sont restés au pouvoir en fRance .

    On trouve aux US des penseurs intellectuellement plus développés .

    Sa position de Libanais opposé au Hezbollah est une merveille de duplicité , un amoureux transi de la CIA et des monarchies du golfe et de l’Arabie saoudite réunies!

    Le Liban gagnerait à être autonome et surtout à appliquer la démocratie: le chiites sont plus nombreux et ils respecteraient plus la diversité que les chrétiens fascistes du Liban.

  2. Gerard Lebrun

    Tarik BOUAFIA vient de nous offrir avec Gilbert Achcar un nouvel éclairage sur ce génocide et ses origines qui ne remontent pas au 7 octobre, bien sûr. Même si je connaissais déjà de nombreuses références historiques qui ont été citées, chaque nouvel intervenant apporte un point de vue intéressant. C’est important de ne pas banaliser ce qu’il se passe.

    Une des questions du début de l’entretien s’interrogeait sur les raisons de ce déchainement de la violence des israéliens dans leur grande majorité (cela a été dit).
    Je viens de relire récemment Le Lévite d’Ephraïm de Jean-Jacques Rousseau probablement écrit en 1762 et surtout l’introduction, les notes et commentaires de Sébastien Labrusse publié en 2010 aux éditions de la Transparence. Ce poème en prose de JJ Rousseau, est une réécriture du thème biblique des 3 derniers chapitres du Livre des Juges.
    Je ne vais pas vous en faire un résumé, mais les mécanismes de régulation de violence d’une autorité qui semblait reconnue, le droit international et toutes les institutions mise en place pour le « Plus Jamais ça », ont été bafouées et pas seulement par les Israéliens, mais par l’ensemble du monde occidental. Cette société occidentale en crise, sombre dans la guerre car chacun fait ce qui bon lui semble comme au temps du Lévite d’Ephraïm. La solution finale actuellement à l’œuvre en Palestine se résume à « plus jamais ca pour les juifs » que cite Gilbert Achcar. Le Livre des Juges propose à terme, un retour à la paix pour les tribus d’Israël mais à quel prix pour l’occident ? Le viol de nos lois et de nos institutions.

  3. pemmican

    une analyse globalement intéressante (je recommande aussi son intervention lors du colloque Penser le fait génocidaire : (https://www.youtube.com/watch?v=aKU9jcUDvEI) mais je rêve ou on assiste ici à une énième tentative de rendre les occupés (dans ce cas là des gens internés dans un camp de concentration complêtement oubliés par la communauté internationale, sous apport en calorie strictement contrôlé et limité, accès à l’eau potable et ressources médicales au mépris de toute humanité, productions vivrières régulièrement détruites, sous surveillance 24/24, bombardements réguliers « mowing the lawn » avec usage de phosphore blanc illégal, au mépris de toutes les résolutions internationales etc. un génocide lent mais intense par à coups depuis presque 100 ans) responsables de leurs massacres aux mains des forces d’occupation?

    Certes oui il n’y a eu « que » quelques centaines de morts pendant les marches du retour de 2018 et un nombre conséquent de mutilations, mais est-ce que la donne en a été changée? Certes en 2021 il y avait un début de soulèvements en défense de Sheikh Jarrah mais vraiment c’est H qui est responsable de son échec? euh…

    Mais que Monsieur Achcar nous cite donc un exemple de colonisés qui ont mis fin à leur occupation sans prendre les armes?

    Le problème il me semble c’est que le prix d’être entendable en « occident », de se faire publier et de se faire « respecter » comme intellectuel par les « occidentaux », c’est de devenir « civilisé » et pour ce faire de rejeter la « barbarie » auquelle ses congénères ou tout au moins ces gens auquels on pourrait nous associer en sont « réduits » en réaction à la violence des forces « civilisationelles » européennes. Prendre les armes est un des gestes de survie, d’espoir ou de désespoir, au traumatisme sans trève de cette occupation meurtrière, comment le reprocher à quiconque sans savoir dans sa chair ce que veut dire la torture physique, psychique et émotionelle d’être né.e sous occupation sioniste? Ghassan Kanafani ou Refaat Alareer n’ont jamais pris les armes…

    Que ce monsieur se renseigne sur ce qui s’est vraiment passé le 7 octobre et le rôle de la directive Hannibal, en consultant par exemple the electronic intifada, et les articles et témoignages de survivants sur haaretz et autres organes de l’entité sioniste. On sait par exemple que la libération des otages civils qui ont été ramenés à Gaza (ceux qui n’ont pas été fauchés par le tirs des des hélicoptères apaches de l’armée d’occupation) a été proposée le 9 octobre contre certains des centaines d’otages Palestiniens, enfants, femmes, hommes souvent torturés dans les geôles infâmes de l’occupant. L’ »occident » a tombé le masque, rien ne sert d’essayer de s’y faire accepter, Monsieur Achcar devrait peut-être lire Rester barbare de Louisa Youfsi.

  4. Gerard Lebrun

    Pour réagir au post de pemmican : Pour Gilbert Achcar, il est possible de former l’idée qu’il s’exprime en de ça de ce qu’il pense vraiment.
    Autrement, que peut-il faire et dire ? La loi du talion d’un génocide ? Comme Rony Brauman dans quelques entretiens récents, il modère sa parole, car c’est une nécessité ici et là-bas aussi. On peut vouloir parler « cash » et surtout entendre « cash » mais au-delà ?

    Souhaiter une « bombe sale » sur Tel Aviv qui rende la vie impropre 500 Km à la ronde pour des siècles et des siècles ? Ce n’est pas par hasard que les Israéliens bombardent l’Iran. C’est leur plus grande peur. Terminer vitrifiés et les survivants errants jusqu’à la nuit des temps. Qui peut dire cela, et surtout l’écrire ? Je dis seulement comme Tarik BOUAFIA dans sa conclusion de sa précédente émission : https://www.hors-serie.net/emissions/la-gauche-sioniste-au-secours-disrael/ « Les Enfants de Gaza sont NOS enfants, Palestine vivra, Palestine vaincra ! » Pour cela, il a toute mon estime.

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