Travail sexuel et féminisme

avec Morgane MERTEUIL
publiée le
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animée par Laura RAIM

Dans les années 1970, des féministes marxistes comme Silvia Federici affirment que le travail ménager des femmes au foyer est un vrai travail, non pas « productif » mais « reproductif », et que par conséquent il mérite salaire. Comment, en effet, lutter contre l’exploitation par le travail si l’on n’a pas au préalable reconnu l’activité en question comme relevant du travail, et non pas d’une disposition féminine naturelle et spontanée.

Travailleuse du sexe et porte-parole du Syndicat du travail sexuel (STRASS), Morgane Merteuil s’inscrit aujourd’hui dans cette tradition et affirme à son tour que le sexe, qu’il soit gratuit ou rémunéré, fait lui aussi partie du travail reproductif. Une grille de lecture puissante qui permet de faire apparaître les liens entre exploitation capitaliste et oppression des femmes. Décidément, on a tort de disqualifier les travailleuses du sexe du débat féministe.

Pour aller plus loin, je recommande vivement le livre « Les luttes des putes » écrit par le co-fondateur du STRASS Thierry Schaffauser, paru aux éditions La Fabrique, ainsi que l’article de Morgane Merteuil publié en septembre dans Période, « Le travail du sexe contre le travail ».

Laura RAIM

Durée 55 min.

9 réponses à “Travail sexuel et féminisme”

  1. Damien

    @Jamel Benhassine : « d’invités du genre » ? vous voulez dire du genre intéressant ? du genre différent de ce qu’on peut voir habituellement ? du genre qui fait réfléchir ?
    @roger de ANDRADE: dépassez vos préjugés, le champ de cette entretien est bien plus large que la prostitution et il est passionnant

  2. Papriko

    Roger de Andrade a écrit : « S’il s’agit de votre mère, sœur, épouse etc… profiterez vous de leurs « services » ? »

    Réponse à Roger : Moi, je ne pourrais pas coucher avec ma mère ou ma soeur, même gratuitement. C’est une question d’éthique personnelle. De plus, j’ai l’intime conviction (bien que nous n’ayons jamais évoqué ce sujet) que mon père ne le permettrait pas.
    Et j’ajoute, Roger, que j’espère que ce n’est pas le seul fait d’avoir à payer qui vous arrêterait…
    Enfin, moi, ce que j’en dis… Votre vie privée ne me regarde pas.

  3. Papriko

    Merci Laura Raim pour cette émission claire et sereine. J’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour les prostituées et j’apprécie beaucoup la façon dont cette émission les présente.
    J’ai été intéressé d’entendre deux femmes s’accorder sur le fait que la vie de couple est un moyen commode, pour un homme, d’obtenir divers services (prestations sexuelles, travaux domestiques) gratuitement. C’est une opinion qu’on n’entend pas exprimer tous les jours.
    La prostitution établit une relation honnête (car dénuée d’ambiguïté) entre la travailleuse du sexe et son client, qui sait combien, comment et pourquoi il paie.

  4. HBK

    Le point de vue de l’invitée est passionnant. Et me semble hautement pertinent.

    En particulier, sa vision du travail sexuel au sens large apporte un éclairage très intéressant sur la question de l’émancipation des femmes.

  5. FRANCOISE M

    Emission dérangeante donc très intéressante. les arguments de Morgane Merteuil me paraissent aussi valables que bien des autres. et je pense que je préférerais de loin que mes filles (parce que j’ai des filles) exercent – si c’était leur désir – un métier du sexe plutôt que de s’enrichir en vendant des armes ou en spoliant des pauvres gens comme certains qui jouissent de l’admiration générale.
    Continuez, les problématiques que vous soulevez sont toujours pertinentes pour nous faire réfléchir.

  6. gomine

    entretien très fort, merci de prendre ces risques

  7. Papriko

    J’espère qu’un jour Morgane Merteuil racontera son expérience de travailleuse sexuelle.
    Il est clair que ce n’est pas sa préoccupation du moment, mais on peut souhaiter qu’elle aura un jour le désir de parler de son vécu et de ce métier qui me semble très mal connu. La littérature et le cinéma véhiculent des images de la prostituée qui ne correspondent sans doute pas à la réalité. Une question est rarement abordée, par exemple : qui sont les clients des prostituées? Qui sont ces hommes qui paient pour obtenir des services sexuels, alors que la plupart des hommes préfèrent les obtenir « gratuitement » ?
    Et qui connait mieux ces clients que les prostituées?

  8. Papriko

    Un autre film aborde le thème du handicap et de la sexualité. C’est le très beau « Nationale 7 », de Jean-Pierre Sinapi, dans lequel une aide soignante, au risque de s’attirer des représailles de la part de la hiérarchie de l’établissement pour personne handicapées où elle travaille, aide un résident (Olivier Gourmet) à obtenir des services sexuels d’une prostituée qui travaille en caravane au bord de la National 7.
    Ce film est bouleversant (en tous cas pour le spectateur masculin) entre autres parce que c’est une femme qui aide l’homme handicapé, situation qui bouscule l’image traditionnelle de la « femme honnête » qui ressent la prostituée comme une rivale et une ennemie. Ici, au contraire, la femme compatit à la douleur de l’homme. Elle est l’exact contraire de l’infirmière sadique de « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». L’une émascule; l’autre rend à l’homme sa virilité.
    Ce film, réalisé à l’origine pour une diffusion à la télévision, a eu un tel écho qu’il est sorti en salles et qu’il a obtenu de nombreuses récompenses.

  9. faucon-vert

    Merci pour cette interview très intéressante, qui élargit aussi le spectre des interventions de Hors-Série vers d’autres domaines que la culture. J’ai trouvé Morgane Merteuil très posée et très claire, même si elle manque un peu de charisme ; mais justement cela souligne la force de son propos.
    Le seul bémol que je ferai est qu’il est question tout au long de l’interview de « femmes », n’oublions pas que les métiers du sexe comprennent aussi des hommes, dans une beaucoup moins grande proportion, bien sûr.

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