L’État contre les associations

avec Antonio DELFINI
publiée le
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animée par Tarik BOUAFIA

La décennie qui vient de s’écouler (2015-2025) entrera sans aucun doute dans l’histoire comme l’une des plus sinistres période de recul démocratique et de violation des libertés. Mis à part dans les contextes de grande confrontation sociale et politique voire insurrectionnelle, rarement l’Etat avait agi avec autant d’ignominie et de scélératesse. Trop rarement évoqué, le sort réservé aux associations mérite pourtant qu’on s’y intéresse. C’est justement l’objectif d’Antonio Delfini et de Julien Talpin, auteur de L’Etat contre les associations. Anatomie d’un tournant autoritaire (Textuel, 2025).

Fruit de plusieurs années d’enquête, notamment au sein de l’Observatoire des libertés associatives, cet ouvrage analyse les différents mécanismes mises en place par l’Etat pour mettre au pas toute association qui romprait avec le sacro—saint consensus républicain. Régulièrement utilisée par l’exécutif ces dernières années, la dissolution administrative apparait comme l’arme ultime aux mains du président de la république. Pouvoir discrétionnaire par excellente, crée en 1936 pour lutter contre les Ligues fascistes, la dissolution administrative a depuis été utilisé contre les mouvements indépendantistes dans les années 1950, l’extrême gauche dans les années 1960 et aujourd’hui contre les associations de défense des musulmans. En cela, la dissolution du CCIF et de Baraka City à la suite de l’assassinat de Samuel Paty a constitué un véritable tournant. Cette décision, qui n’avait alors suscité aucune réaction majeure de la part du monde politique et associatif, a définitivement ouvert la boite de pandore. Depuis, ce sont les Soulèvements de la Terre, Nantes Révoltée et même la vénérable Ligue des Droits de l’Homme qui ont été l’objet de diverses menaces. 

Rempart à l’arbitraire, les associations constituent, au même titre que les syndicats ou certains médias, un contre-pouvoir essentiel pour toute société démocratique. Dès lors, en s’attaquant à toutes celles qui portent un discours résolument politique et critique sur le capitalisme, l’écologie ou le racisme, l’Etat cherche in fine à faire des associations des prestataires de services, de simple gestionnaire de la misère et des collectifs dociles et dépolitisés. 

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’instauration du Contrat d’Engagement Républicain. Ce CER n’a pourtant de contrat que le nom. En effet, il est signé exclusivement par l’association et non par l’Etat, qui lui ne s’engage à rien si ce n’est à contrôler et à punir tout écart. En imposant, dans sa règle n°7, le respect du drapeau, de l’hymne national, de la devise républicaine et des représentants de l’Etat (préfets…), le CER s’apparente à un instrument de normalisation idéologique. Plus que jamais, il fait de la République une religion civile avec son temple (l’école), ses divinités (Marianne, Jules Ferry, l’hymne national, le drapeau), ses apôtres et ses curés (Le Printemps Rep, Manuel Valls, Caroline Fourest…), ses mécréants (l’extrême gauche et maintenant la France Insoumise exclu de l’arc républicain). 

Toutefois, si le tableau est sombre, tout n’est pas perdu. C’est d’ailleurs l’un des grands mérites du livre que de proposer des pistes de réflexion, des stratégies d’action pour mener le combat en faveur des libertés associatives. La bataille ne fait que commencer. 

Tarik BOUAFIA

Durée 70 min.

Une réponse à “L’État contre les associations”

  1. titou

    Sujet bien traité , hélas, la fRANCE reste un amalgame de petits blancs racistes qui s’imaginent au temps des colonies.

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