Le miroir obscur

avec Stéphane DU MESNILDOT
publiée le
animée par Murielle JOUDET

Dans son très beau livre Le miroir obscur : une histoire du cinéma des vampires, Stéphane du Mesnildot part d’un paradoxe : si la modernité devait tuer ce dernier reste de magie où s’abritait la figure du vampire, c’est tout le contraire qui arriva : c’est bien dans le cinéma que s’épanouit définitivement le vampire. Il y trouve tout à la fois des corps d’acteurs et d’actrices dans lesquels s’incarner, et des metteurs en scène capables de lui ouvrir les portes d’un monde onirique, abstrait et fantasmatique – ce fameux « miroir obscur ». Il aura fallu d’abord compter sur la postérité d’une œuvre : Dracula de Bram Stoker, roman qui naît en même temps que le cinéma et dont chaque ligne semble attendre en silence de se déployer dans un art qui, en 1897, en est encore à ses balbutiements. Ses vœux seront exaucés dès 1922, avec le Nosferatu de Murnau, et continueront de l’être: aucune autre figure que le vampire ne peut prétendre avoir inspiré autant de cinéastes et de cinémas différents : à la fois terrain d’expérimentation pour des recherches formelles et un cinéma « d’avant-garde », le vampire sera aussi la figure adéquate pour recueillir ce que renferment les cœurs des adolescents. Tout à la fois horrifique et séducteur, sexuel et puritain, c’est cette faculté de transformation, ce « devenir-imperceptible » qui fonde l’immortalité cinématographique du vampire, lui qui peut être en même temps ce monstre assoiffé de sang, et cette jeune fille avide d’amour. « Qu’est-ce qu’un vampire ? », écrit Stéphane du Mesnildot : « une créature venant des origines du cinéma, qui se tient devant nous et nous parle à travers le temps ».

Murielle JOUDET

Durée 75 min.
  • Commentaires

2 réponses à “Le miroir obscur”

  1. David

    Emission qui laisse un peu sur sa faim. Impossible évidemment de faire le tour d’un sujet aussi dense en une heure et quart d’émission, mais tout de même, je suis déçu que n’ait pas été évoquée la figure paradoxale de l’enfant vampire telle qu’elle apparaît sous les traits de Kirsten Dunst dans Entretien avec un vampire déjà évoqué dans un commentaire précédent et surtout dans ce film magnifique et troublant du réalisateur suédois Alfredson, Morse.

    Merci en tout cas à l’intervieweuse et à l’interviewé de ne pas avoir traité Twilight par le mépris, ce qui est trop souvent le cas lorsqu’on parle de films de vampires.

  2. HBK

    Me voilà pour le moins interloqué par le ton général de l’émission.

    Je passe brièvement sur le fait que, oui, Buffy est une série majeure au plan formel pour la série télévisée américaine.

    Mais surtout, je suis stupéfait que n’ait pas été réellement abordée l’image du mal incarné que représente TRES souvent le vampire (et en particulier dans une série comme Buffy, dans laquelle Angel n’est qu’un heureux accident au milieu d’une horde de créatures fondamentalement maléfiques), et ce d’autant plus que l’émission clôture sur une once de modernité, ce qui aurait pu être l’occasion d’aborder cette image de « méchant universel » tel qu’on peut le trouver non seulement au cinéma et dans la série télévisée mais égalent dans le jeu de rôle, sous sa forme « papier » comme sous sa forme informatisée, dans lequel il n’est parfois qu’un élément parmi d’autres au sein du bestiaire que le ou les joueurs doivent affronter.

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