La sexualité qui vient

avec Marie BERGSTRÖM
publiée le
animée par Manuel CERVERA-MARZAL

Que n’a-t-on entendu sur MeToo, ses excès, ses dérives supposées ? La drague serait vouée à disparaître, les hommes n’oseraient plus aborder les femmes. La « guerre des sexes » serait déclarée et la liberté sexuelle menacée. Ces discours nous apprennent davantage sur la panique morale de leurs énonciateurs et sur la vulnérabilité des hommes face la remise en question de leur domination que sur l’état réel des relations intimes et affectives.

MeToo a effectivement révélé et accentué des évolutions dans le domaine de l’amour et la sexualité. Mais pas forcément les évolutions que l’on croit. Y voir plus clair, dresser un tableau global des mutations en cours, décrire ces mutations mais aussi chercher à les expliquer, c’est la tâche à laquelle s’est attelée une vaste équipe de sociologues et de démographes, dirigée Marie Bergström, en enquêtant durant plusieurs années et en interrogeant plus de 10 000 jeunes adultes représentatifs de la société française. Ce dispositif scientifique et méthodologique des plus robustes permet de saisir, avec une incroyable finesse, la façon dont les mobilisations féministes, les applications de rencontre ou encore la banalisation de la pornographie modifient nos vies intimes et sexuelles.

Les résultats de cette ambitieuse enquête viennent questionner trois binarités encore trop souvent tenues pour éternelles : la séparation entre « hommes » et « femmes », la distinction entre hétérosexualité et homosexualité et l’opposition entre le « couple » et les « couples d’un soir ». Que vaut l’idée d’une séparation naturelle entre deux sexes à l’heure où un quart des jeunes adultes se posent des questions sur leur masculinité ou leur féminité et où 1,7% d’entre elleux se déclarent « non binaires » ? Que nous apprend le fait qu’au cours des quinze dernières années la proportion des personnes non-hétérosexuelles ait quintuplé, et qu’une proportion croissante de jeunes adultes se définissent comme bi- ou pansexuels ? Enfin, en quoi nos manières de « relationner » (sexuellement et sentimentalement) avec autrui se trouvent enrichies par l’apparition de toute une nouvelle sémantique (sexfriends, amitié avec un plus, situantionship, etc.) qui se tient à distance du modèle conjugal mais aussi de l’histoire d’un soir ? Marie Bergström, directrice de La sexualité qui vient. Jeunesse et relations intimes après MeToo (éditions La Découverte), est notre invitée pour en discuter.

Bon visionnage !

Manuel CERVERA-MARZAL

Durée 76 min.
  • Commentaires

Une réponse à “La sexualité qui vient”

  1. titou

    La société nous emmène vers des relations de plus en plus contrôlées par l’esprit . Les corps à corps , le toucher disparaissent . Le liv l’art de l’extase sexuelle devrait être le livre de chevet de MCM ce qui lui permettrait de ne pas poser de questions simplettes à la fin de cet entretien …La libération du corps est anti-capitaliste!

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