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La javel ou la crasse : voyage dans le cinéma d’horreur contemporain

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C’est un genre qui, longtemps, n’a pas eu bonne presse, mais qui en a peut-être un peu trop, désormais. Produit à l’origine dans les cales de l’industrie hollywoodienne, à l’ombre de la reconnaissance culturelle du septième art, le cinéma d’horreur a toujours été un réservoir d’images limites et mal peignées. Un lieu d’affirmation de son goût du dégoût aussi, réunissant des cinéphiles aventuriers qui pouvaient se sentir à la fois aux marges du cinéma et au cœur de son dispositif esthétique. Un lieu pour les purs et les durs, ceux qui ne baissent pas les yeux dans la salle, et ne mettent pas les mains devant pour se boucher la vue.
Et puis, face à la popularité croissante des films d’horreur ces dernières années, un nouveau mot est apparu pour désigner une lignée d’œuvres aux confins de l’effroi : l’« elevated horror ». Un mot étrange qui essaie de s’excuser d’aimer ce qu’il aime, comme s’il fallait sauver le genre lui-même, l’extraire de la glue, du sang, de la sueur, des cris trop stridents, pour le hisser dans les hauteurs d’un cinéma plus convenable. L’horreur, mais raffinée. L’effroi, mais avec métaphore. Avec cette idée aussi naïve qu’arrogante qu’il fallait lui greffer une cause, un trauma, une allégorie, alors que le genre est depuis toujours une fabrique politique du malaise. Ti West, un des réalisateurs de cette nouvelle génération l’a dit lui-même, à propos d’un de ses films : « a b movie with a ideas » (un film de série B avec des idées d’œuvre de prestige).
C’est autour de ce retournement critique — et peut-être de ce petit glissement idéologique — que se déploie notre émission du jour. Avec Nicolas Vieillescazes, traducteur et critique, qui prépare un livre sur le genre, on s’est demandé ce que cette catégorie d’elevated horror disait de notre rapport au bon et au mauvais goût et à la peur. Comment, aussi, le cinéma dit « de genre » est recyclé, purifié, estampillé « intéressant ».
Et puis on s’est demandé ce qui résistait encore. Ce qui, dans l’horreur, échappe à la cure de légitimité. Ce qui déborde et qui hurle encore. Bref, ce qui ne s’élève pas — et c’est peut-être très bien ainsi.
Guillaume ORIGNAC
2 réponses à “La javel ou la crasse : voyage dans le cinéma d’horreur contemporain”
Très bonne émission merci. Deux remarques cependant : 1) attention de définir les termes techniques qui vous semblent évidents, mais qui ne le sont pas pour les spectateurs (tean movie, fond footage, etc. ), 2) Vous dévoilez un peu trop le contenu de ces films, et c’est dommage quand on souhaite les regarder par la suite, car une partie des effets est gâchée. Il me semble que Muriel Joudet fait particulièrement attention à cette dimension, Et ce serait bien de continuer à la prendre en compte.
Je ne connaissais pas du tout. Et cela me donne envie de regarder des films évoqués ici. Mission accomplie. Bravo.
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