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Herbert Marcuse face au néofascisme
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Herbert Marcuse, auteur d’Eros et civilisation (1955) et de L’homme unidimensionnel (1964), fut longtemps présenté comme le « père », le « précurseur », voire le « gourou » des mobilisations étudiantes des années 1960. A l’époque, sa réputation est au sommet. Sa pensée, qui croise astucieusement les enseignements de Marx et de Freud afin d’insister sur le soubassement libidinal de tout processus révolutionnaire, fait écho aux luttes du moment. Sur le féminisme, l’écologie, l’antiracisme, Herbert Marcuse a vu juste avant beaucoup de monde. Il a pris acte de la pluralité des fronts et de la nécessité de bâtir entre eux des alliances. Il a fait droit à la subjectivité, sans perdre de vue qu’une émancipation véritable suppose l’articulation de l’échelon individuel et de l’échelon collectif. Il s’est montré sensible aux expérimentations locales sans abandonner la perspective globale. Il a compris que le fascisme, phénomène politique hautement adaptatif, n’était pas une relique du passé mais une potentialité inhérente à la société de consommation. Il a saisi, dès le début des années 1970, les prémisses de la contre-révolution néolibérale dont Pinochet, Reagan et Thatcher allaient se faire hérauts.
Marcuse est pourtant un auteur aujourd’hui délaissé. Sa pensée, en France du moins, est désormais dans l’ombre de celle de ses collègues de l’Ecole de Francfort, Adorno et Horkheimer. Les causes de cette éclipse sont multiples, et certaines ont à voir avec la lecture peu chaleureuse que des auteurs comme Foucault et Deleuze ont pu faire de Marcuse. Il importe donc de revenir à la source, à l’auteur lui-même. C’est ce que nous proposons cette semaine, en compagnie de la philosophe Haud Guéguen, autrice aux éditions Amsterdam de ce bel ouvrage : Herbert Marcuse. Face au néofascisme. Loin de se limiter à l’exégèse de la pensée de Marcuse, il s’agit aussi de démontrer que cette pensée conserve un formidable coefficient d’actualité. A l’heure de la mue autoritaire, voire néofasciste, du néolibéralisme, Marcuse nous offre des clés de compréhension précieuses de ce qui nous arrive, et des pistes stratégiques pour faire face à ce monde immonde.
Bon visionnage !
Manuel Cervera-Marzal
2 réponses à “Herbert Marcuse face au néofascisme”
Merci pour cet entretien, qui me donne envie de me (re)plonger dans cet auteur, dont je n’ai lu que L’homme unidimensionnel.
Mille remerciements pour avoir envisagé et conduit cet entretien sur l’oeuvre de Marcuse et pour les références à la théorie critique et à L’ école de Francfort.
Je termine la lecture du livre d’Alberto Toscano, ‘Fascisme tardif’, tout à fait remarquable par ailleurs et ce dernier aborde la dimension pulsionnelle, du désir, de l’affect, du fascisme. Il me semble que Lordon y a consacré une part importante dans ses travaux.
Bref, que de belles coïncidences stimulantes, mais également tragiques compte tenu des circonstances où la solution révolutionnaire n’ est pas envisageable.
Encore bravo.

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