Disco

Musique révolutionnaire, le disco ? Née dans un Manhattan en faillite, creuset de violences fuit par la bourgeoisie des années 70, le disco clame une jubilation de danser et d’aimer malgré cette pauvreté, malgré la violence. Alors, oui, cette musique a en pionnière chanté ensemble l’amour et la lutte, la souffrance avec la joie qu’elle ne parvient pas à éteindre totalement.

Musique noire, le disco ? Héritier de la soul et du funk, dans les studios du label Philadelphia International Records ou de la Motown, portée par des artistes africains américains majeurs de cette fin de XX^e siècle (Donna Summer, Loleatta Holloway, Sylvester, Gloria Gaynor, Nile Rodgers, et tant d’autres parfois plus anonymes), le disco est bien l’un des prolongements les plus déroutants de cette histoire musicale.

Musique gay, également, alors que les DJ des soirées et discothèques de Manhattan remixent et diffusent cette nouvelle musique au sein d’une communauté gay qui vient à peine d’être soulevée par les émeutes de Stonewall, moment fondateur du combat politique pour l’émancipation homosexuelle. David Mancuso, Tom Moulton, Nicky Siano, Walter Gibbons participent à l’invention d’une nouvelle musique, d’une nouvelle façon de la vivre, d’une nouvelle façon de la jouer.

Les cinq années (environ) de faste de la période disco ont bouleversé en profondeur les musiques populaires aux États-Unis et dans le monde. Cinquante ans plus tard, l’intérêt pour cette période et ces musiques est logiquement maximal alors que les problèmes qu’a posés et rencontrés le disco interpellent tellement notre présent. Un exemple, encore : cette Disco Demolition Night où une Amérique raciste et conservatrice se retrouve pour détruire des disques de disco dans un stade de baseball. Préfiguration troublante du combat trumpiste contre les « wokes », glisse Patrick Thévenin, l’un de nos invités et conseiller scientifique pour l’exposition Disco de la Philharmonie de Paris, journaliste et fin connaisseur des musiques populaires contemporaines.

À ses côtés, Belkacem Meziane, auteur de Disco (Le Mot et le Reste). Tous deux retracent pour « Diagonale Sonore » l’histoire de cette musique, ses ramifications esthétiques, ses impacts sociaux, ses fièvres qui ne sont pas que celles du samedi soir.

Pierre TENNE