Dans les eaux troubles du consentement

avec Clara Serra
publiée le
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animée par Tarik BOUAFIA

Consentir, définition du Larousse : « Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment ». A première vue, la chose parait entendue. L’espace médiatique et politique est désormais saturé de discours faisant du consentement la solution miracle censée répondre aux problèmes de viols et de harcèlement sexuel que subissent les femmes. Tout porterait donc à croire que la question sexuelle serait le lieu de possibilité d’une complète harmonie, qu’un simple « oui » suffirait à éviter toute violence.

Dans le même temps, des évènements sordides comme les viols de Mazan semblent invalider radicalement cet optimisme. C’est l’un des nombreux paradoxes soulevés dans le livre de Clara Serra, La doctrine du consentement (La Fabrique, 2025). A rebours du consensus actuel, sa méthode consiste à prendre le consentement non pas comme une chose claire et évidente mais bien comme un sujet complexe et opaque. Polysémique, le consentement ne peut être réduit à une seule définition et interprétation. Accepter cela, c’est abandonner un mot et une idée qui peuvent revêtir une dimension émancipatrice.

Pour cela, la philosophe et militante espagnole s’attaque aux deux grandes théories actuelles du consentement : le féminisme abolitionniste et le néolibéralisme sexuel. Plus encore, elle renvoie dos à dos deux visions qui, loin d’être antagonistes, participent de la même consolidation de l’ordre social, politique, culturel et sexuel dominant. A titre d’exemple, toutes deux font de l’Etat et de son arsenal répressif un acteur central. Celui-ci est alors appelé à juger de nos désirs, à dire ce qu’est le bien et le mal, conduisant in fine à imposer un nouveau puritanisme et à renvoyer les femmes à un état de minorité et de passivité.

S’inscrivant dans la tradition d’un féminisme matérialiste et critique, Clara Serra signe un ouvrage indispensable pour quiconque souhaite comprendre les enjeux d’un débat qui ne fait que commencer.

Tarik BOUAFIA

Durée 93 min.

2 réponses à “Dans les eaux troubles du consentement”

  1. Anotyne Nouel

    Intéressant ! Le « non ». Alors je sais qu’il y a un historique de prise de tête avec Geoffroy de Lagasnerie mais je trouve son nouveau livre, Par delà le principe de répression, 10 leçon sur l’abolitionnisme pénal est vraiment intéressant sur cette thématique justement de – est-ce que la répression apporte des changements de comportements ? Spoiler alert rien ne le prouve voire même des études montrent plutôt le contraire. https://www.youtube.com/watch?v=doDZM_1PTwc

    Du coup ça m’a refait un peu redigger dans cette vieille histoire avec Geoffroy et en tant que trans du village officielle de Hors Série (s’il y en a d’autres signalez vous lol), je confirme un peu son point de vue. En tout cas les propos des gens que vous aviez invités avait une vision dangereusement transphobe (du moins l’extrait de texte que j’ai vu sur Arrêt sur image https://www.arretsurimages.net/articles/eribon-lagasnerie-deux-emissions-supprimees-sur-hors-serie). Ça m’a fait peur, genre nous sommes une lubie moderne… C’est faux on existe depuis toujours.

    J’aime bien vos émissions et votre position sur plein de choses et tout mais je pense ça pourrait être intéressant quand il se passe ce genre de trucs où peut être on réalise qu’un.e invité.e a des propos problématiques sur une question, qu’on le réalise après coup, je me dis ça pourrait être bien de faire un petit encart en description ou autre. Parce que c’est vrai que diffuser ces idées sans les signaler peut être délétère à certaines communautés. Je pense à cette autre émission avec la femme qui avait des positions abolitionnistes sur le travail du sexe aussi par exemple (bien sûr une personne pas concernée). Imaginez juste avoir laissé ça passer sur un point de vue raciste vous trouveriez ça inacceptable non ? Je ne vois pas pourquoi on réagirait pas sur les trans et les tds de même. A la limite si vous avez un doute demandez aux personnes concernées ?

    Ce n’est pas grave de se tromper, d’avoir laissé parler une personne avec un point de vue problématique sur quelque chose sans rien dire mais je pense que quand on s’est rend compte c’est bien de le signaler quelque part. On a toustes droit à l’erreur mais je pense qu’il important d’en prendre conscience, de savoir évoluer et de prévenir quand on expose les gens à des points de vue transphobes ou putophobes par exemple. Ils nous mettent en danger.

    Désolée, je vous aime beaucoup mais j’arrive pas à rien dire sur ces sujets… Peut être que ces débats sont vieux et réglés depuis longtemps aussi chez vous je sais pas.

  2. Anotyne Nouel

    Cela revient un peu à la question du respect des limites je trouve. D’une certaine façon, la blessure est provoquée par l’intrusion dans les limites d’une personne et les limites définissent le « non » mais pas le « oui ».

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