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Free Jazz Woman Power

Diagonale Sonore

Joëlle Léandre

Pour cette deuxième émission de Diagonale sonore, j’ai voulu rencontrer la contrebassiste Joëlle Léandre. Enfant du free jazz, grande dame de l’improvisation libre, figure historique et internationale des « musiques créatives », Joëlle Léandre n’a pas sa langue dans sa poche. Témoignant de 40 ans d’histoire du jazz et de la musique contemporaine, forte de ses très nombreuses collaborations avec ceux qui l’ont faite comme elle est, de John Cage à Anthony Braxton en passant par le trio Les Diaboliques, elle est en colère contre les institutions pédagogiques, les catégories, les immobilismes… bref, tout ce qui empêche la musique d’être elle-même et les musicien.ne.s de trouver leur voix/voie. Car c’est de cela qu’il s’agit : trouver son son, développer son identité sonore, être soi le plus possible, et cela, paradoxalement, à travers la rencontre avec l’autre, au présent, dans une démarche à la fois poétique et politique.

For this second issue of Diagonale sonore, I cared to meet double bass player Joëlle Léandre. Being a child of free jazz, a great lady of free improvisation, and a historical and international figure of “creative music”, Joëlle Léandre is never at a loss for words. She has gone through 40 years of jazz and contemporary music history, and worked with many counterparts who made her as she is, from John Cage to Anthony Braxton and the Diaboliques trio, and she is angry at pedagogical institutions, categories, do-nothingness… that is, everything that keeps music from being itself and musicians to find their (inner) path. For this is it: finding one’s sound, developing one’s musical identity, being as oneself as possible, and this, paradoxically, through encountering an other, in the moment, in a both poetic and political journey.

Les fragments cinématographiques qui figurent dans cet entretien sont extraits du film Joëlle Léandre Basse continue, réalisé en 2008 par Christine Baudillon, produit et édité par Hors Œil éditions.

Diagonale Sonore , émission publiée le 31/01/2015
Durée de l'émission : 87 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

21 commentaires postés

Bonsoir !
Tout nouvellement débarqué sur Hors-Série, je n'ai vu que quelques vidéos. Deux, pour l'instant, m'ont vraiment touché:
ARCHIE SHEPP & JOELLE LEANDRE. Voilà deux musiciens qu'il faut entendre paroles et musiques. EDUQUONS NOS OREILLES avec
la musique ! Et tous nos demeurés politiques retourneront au néant ! Et donc merci à toute l'équipe de Hors-Série.
Bonne nuit et à bientôt.
Pierre Mille

Par pierre mille, le 02/04/2016 à 00h13

Oui comme quelqu'un l'a dit ici precedemment, j'espere que la Diagonale Sonore ne se cataloguera pas au Jazz.
Les parcours critiques et éclairant peuvent venir tous bords: metal, funk, reggae, classique, electronique, etc

Superbe emission en tout cas.

Par Andredge, le 07/05/2015 à 13h50

J'aime bien la virulence de Totorugo dont les critiques, rugueusement, me font penser à ce qu'on peut avoir en art contemporain -côté plasticien que je connais mieux- où le même "modernisme spontanéiste", le même vitalisme, se hoquette de génération germanopratine en génération germanocentripète. Vrai que ça sent la paresse intellectuelle. Par contre il y a surement moins de flouze à se faire dans le free jazz m'est avis, que dans le néo-pos-duchampisme ricanant + gros carnet d'adresses.

Par GaM, le 02/03/2015 à 22h09 ( modifié le 02/03/2015 à 22h10 )

Il est vrai que résumer l'entretien à "un personnage attachant" qui "tente de marcher hors des sentiers battus" est une contribution éminemment et courageusement critique. Mais si vous avez des remarques concrètes à discuter, je suis preneur. Et si les miennes vous déplaisent, n'hésitez pas à expliquer pourquoi. Il peut après tout y avoir plus de courage à argumenter sous pseudonyme qu'à envoyer des platitudes sous sous nom.

Par Totorugo, le 27/02/2015 à 13h33

Joelle Leandre est en interview comme à la scène, sans filet et parfois en dérapage. Mais c'est un personnage attachant qui échappe aux classifications et tente au moins de marcher hors des sentiers battus. Une démarche qui ne peut être soumise aux exégèses érudites telle celle du courageux anonyme @totorugo qui pousse Leandre dans les oubliettes de la scène musicale improvisée et jazz et disqualifie Raphaëlle. Ce type de réaction justifie a postériori l'invitation de musiciens hors normes.

Par Catala69, le 26/02/2015 à 00h08

j'ai apprécié cet entretien avec Joëlle Léandre, belle présence, mais je suis vraiment d'accord avec le commentaire de Totorugo : c'est vrai, la liberté qui compte c'est celle de l'auditeur.

Par gomine, le 21/02/2015 à 10h00

@ Totorugo : merci pour votre beau commentaire, honnête, argumenté, qui respecte son lecteur.
Je ne dirais rien sur l'émission, car malgré plusieurs tentatives, je n'ai pas pu aller jusqu'à son terme. Mais ne rien en dire est déjà en dire beaucoup...

Par Papriko, le 13/02/2015 à 11h59

Mais où est passée la "vraie critique" vantée au fronton de ce site ?

Joëlle Léandre répète pour la millième fois la rhétorique moutonnière et paresseuse dont elle a fait son fond de commerce depuis longtemps, et à aucun moment elle ne reçoit la moindre contradiction, pas même une question qui la pousserait un peu dans ses retranchements.

Faut-il tenir pour acquis qu'on doive considérer la musique seulement comme une métaphore des rapports de domination (un compositeur, un chef d'orchestre = un autocrate) ? Cela n'est jamais questionné, pas plus que n'est questionnée (mais cela supposerait de rentrer dans la musique concrètement) la soi-disant "liberté" dont ferait preuve la contrebassiste, et qui n'est jamais fondée sur autre chose que cette métaphore acquise : je joue sans partition, sans structure harmonique, sans forcément de continuité rythmique ou pulsatoire, sans scénario même oralement fixé avec les collègues, donc je suis libre (et je vous emmerde). Vertiges de la pensée ! Retourner cette "réflexion" ingénue fait de suite apparaitre son inconsistance. Louis Amrstrong, Charlie Parker, Thelonious Monk et consorts, tous ceux là n'étaient que des esclaves, vendus à leurs grilles de douze mesures, à leurs standards de Broadway à peine remaquillés, à leur chabada-chabada amélioré mais sempiternel. Et que dire de Jean-Sébastien Bach, qui est allé maintes fois jusqu'à s'emprisonner de son plein gré dans le carcan des fugues et des canons... Bref,cette logique métaphorique est inepte et malhonnête. Il y a des musiques libres (les variations Goldberg de Bach en sont pour moi l'un des exemples les plus sidérants de l'histoire) et des musiques banales et attendues (on les trouve tout aussi bien chez de mauvais compositeurs [ou de bons dans un mauvais jour] que chez les "révolutionnaires" autoproclamé(e)s comme JL - qui n'est pas si souvent exempte des stéréotypes les plus éculés, fussent-ils ceux de la musique dite "libre" ou, pire, "créative"). Mais il n'y a pas de musiciens libres a priori. Et surtout pas sur une déclaration. On n'est libre que dans le corps à corps avec la matière musicale (quelle qu'elle soit).

Enfin, on aurait aimé que soit questionnée avec pugnacité la vision incroyablement réactionnaire de l'invitée sur un prétendu "naturel" de la musique. Ah, ces compositeurs, qui ont volé la vedette et réduit à néant la visibilité des instrumentistes - réduits au rang d'exécutants. Alors que l'instrumentiste, il est plus "naturel", et à ce titre il semble valoir mieux que tous les autres. Comment peut-on écouter sans broncher une pareille pensée de droite, appliquée à la musique ? Car où faudrait-il faire remonter le "naturel" ? La lyre d'Apollon corrompait-elle déjà le "naturel" de l'homme-musicien ? Depuis quand faut-il déplorer que le musicien qui joue, comme celui qui écrit, pense ? Et qu'est-ce qui autorise à décréter qu'il est "mal" qu'un musicien puisse parfois penser une musique pour d'autres, qui la joueront ensuite ? En quoi faut-il y voir mécaniquement un rapport d'autorité castrateur ? Molière, en écrivant ses pièces, a-t-il mutilé ses acteurs ? Et quand bien même le rapport entre celui qui conçoit et celui qui donne corps serait de l'ordre de la subordination, est-ce nécessairement un problème (où la liberté cinématographique souffle-t-elle davantage que dans les films de Robert Bresson, dont on connait bien la demande d'effacement de l'acteur au bénéfice du "modèle" ?) ?

Enfin, lorsque l'invitée se plait à rappeler que sous le compositeur Chopin, ou Liszt je ne sais plus, se cachait avant toute chose un instrumentiste et un improvisateur, ne serait-il pas à propos de lui rétorquer que de leur temps, c'était exactement l'inverse : seule une poignée de gens auraient, en 1830, associé au nom de Franz Liszt le terme de compositeur, quand toutes les capitales d'Europe acclamaient l'improvisateur, le prodige du piano (en proie, d'ailleurs, à de nombreux stéréotypes de virtuosité, qu'il déplorera avec tendresse lorsqu'il sera plus âgé). Et la question mériterait quand même d'être posée : si Bach, Beethoven, Schumann etc., qui étaient tous de fabuleux improvisateurs, ont ressenti le besoin, à certains moments, d'écrire, c'était certes parfois par métier, peut-être aussi pour partie par volonté d'être plus qu'un interprète, mais on ne peut évacuer le fait que c'était aussi pour se libérer d'une pratique qui, si elle autorise beaucoup de choses, se prive également sans conteste de beaucoup d'autres auxquelles elle n'a pas accès, dans le temps spontané de l'improvisation (les Variations Diabelli ne s'improvisent pas, le concerto op.24 de Webern non plus - et diable que le monde serait triste sans eux !).

Bref, je ne m'attendais pas à autre chose de la part de JL, que son moulin idéologique habituel. Mais comme le site vante fièrement d'avoir "de la vraie critique dedans", je suis déçu, et un peu agacé qu'on ne nous propose que de la béatitude devant "la grande dame de..." (on se croirait chez Drucker)

Par Totorugo, le 12/02/2015 à 13h47

ah j'ai adoré !!! à tous ceux qui regardent les commentaires pour savoir si ils vont prendre le temps de regarder l'émission : OUI ! allez-y ! super émission, super moment !

Par Laurine Defond, le 10/02/2015 à 19h15

merci, quelle belle personne, quelle énergie

Par FRANCOISE M, le 09/02/2015 à 22h46

Quel bon moment!
Merci

Par Paul Claudel, le 09/02/2015 à 18h30


Passionnée et passionnante!
Qu'est-ce qu'elle nous apprend!
Bouleversante évidemment, dans sa rencontre avec le jouer de Houd palestinien dont (sauf erreur de ma part) on ne donne pas le nom (Raphaëlle ? Raphaël ?)
Vers 44' "arrêtons la soumission".
Sa vraie leçon.

Par Robert., le 06/02/2015 à 11h41

Quel personnage vous nous faites découvrir là, Raphaëlle (Deuxième bon client). Sacrée improvisatrice en interview aussi. La puissance d'une énergie et d'une pensée libres. J'ai aimé ses propos sur la théorie des (quatuors à) cordes. Aussi ceux sur l'univers masculin (du jazz), alors que souvent les propos féministes m'irritent tant ils ont aussi leur académisme.

Je ne crois pas non plus qu'il faille parler d'élitisme pour évoquer les musiques improvisées. Pour autant on ne peut les recevoir d'emblée. Joëlle Léandre le dit elle-même, il lui a fallu des décennies pour déconstruire son éducation musicale. Mais elle avait quelque chose à déconstruire. L'immense majorité des spectateurs, auditeurs,dont je suis, n'a rien de construit en quelque art que ce soit. Dites-vous bien qu'il faut plus de temps parfois pour abattre seul un mur d'ignorance crépi d'endoctrinement que pour déconstruire seule une montagne d'enseignement. Aujourd'hui je perçois (parfois) ce qui se passe entre plusieurs musiciens qui improvisent. Et je ne peux même pas en parler, pour mon entourage très restreint d'amateur de jazz, le free est inaccessible.

Marcher hors des clous conduit à une forme de solitude. Il n'y a pas qu'en musique et il n'y a pas besoin d'être femme. Que Joëlle Léandre se console, elle a des alter et des égales avec qui tresser des sons. Hors de la geste artistique, ne pas être dans les clous se résume à une inguérissable traversée du désert.

Vivement votre prochaine entrevue, Raphaëlle.

Par Jean-Marie Crohin, le 04/02/2015 à 22h41

Encore une belle diagonale. Formidable Joëlle Léandre. On en redemande.

Par felix d, le 03/02/2015 à 17h44

Quelle belle découverte !
Ne connaissant rien à la musique, j'abordais cette émission sans conviction. Et voilà : un entretien tout en finesse, que j'ai vécu comme une ouverture vers la création à l'état brut et la liberté d'être.
Merci à toutes les deux !

Par poulpe_bleu, le 03/02/2015 à 11h20

Une diagonale sonore, un chemin de traverse, une jazzwomen volubile, spatiale, cabotine mais sincère, avé l'assent !
Des pures vérités politiques, de belles évidences à rappeler sur la nature des choix artistiques sans compromis.
Belle émission ! Un entretien qui laisse le temps... Pas de coupure de parole et des questions qui développent la pensée.

Par Many Airs, le 02/02/2015 à 11h31

Quelle énergie !

Par vollier01, le 01/02/2015 à 19h55

Elle est délicieuse cette femme. Merci, c'était magnifique.

Par Annie HUET, le 01/02/2015 à 19h06

GOT THE GIG
Vraiment heureux qu'une émission de musique soit dans le site !
Ca fait plaisir de voir des gens vraiment important interviewé (et pas les atroces "musicienEs" d'habitude)

Qelle émission de fou en tout cas

PS: J'espère aussi qu'une émission orienté vers la musique électronique arrivera (Teki Latex serait un très on nom en français sur la musique électronique underground)

Par Fechant Mathieu, le 01/02/2015 à 16h56 ( modifié le 01/02/2015 à 17h19 )

Passionnante et magnifique Joëlle Léandre.

Par Rackim, le 01/02/2015 à 12h30

Voilà une pensée bouillonnante, parfois dissonante, fascinante. Comme de la bonne musique, finalement.

Pour prolonger la question de la place des femmes dans le jazz, Marie Buscatto est professeur de sociologie et s'intéresse à ces questions depuis de très nombreuses années. Notamment dans l'ouvrage " Femmes du jazz. Musicalités, féminités, marginalisations"

Par Mudita, le 31/01/2015 à 19h16 ( modifié le 31/01/2015 à 19h54 )