Émission conçue et animée par Tarik BOUAFIA

N’avons-nous pas tous rêvé enfant de devenir astronaute, d’aller conquérir l’espace, de marcher sur la Lune voire de coloniser Mars ? Notre espèce n’est-elle pas finalement programmée pour repousser toujours plus loin les frontières de l’Humanité ? Et si en réalité, ce que nous considérons comme une pure évidence n’était finalement qu’un long travail de conditionnement des esprits, une croyance si ancrée qu’elle a fini par devenir un dogme ? Adoptant un point de vue résolument critique, Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin nous invitent à « déconstruire les discours d’enchantement » sur l’espace et livrent une histoire à rebrousse-poil.

Ainsi, on découvre que le programme spatial états-unien n’aurait peut-être jamais vu le jour sans la contribution majeure et décisive des ex-ingénieurs et scientifiques nazis. Ce seul fait historique suffit à pulvériser le récit apologétique d’une Amérique pionnière et avant-gardiste à la pointe du progrès. Faut-il pour autant s’en étonner ? Les Etats-Unis suprémaciste, raciste et ségrégationniste n’avaient-ils pas inspirés les lois raciales édictées à Nuremberg en 1935 ? Et puis, la haine du communisme et la compétition avec l’URSS ne justifiaient-ils pas que l’on ferme les yeux sur le passé de criminels au service du IIIème Reich ?

Aujourd’hui, l’idée communément admise consiste à imaginer l’espace comme un lieu livré aux seuls appétits du privé. S’il est vrai que les grands changements juridiques opérées ces dernières années à l’initiative des Etats-Unis font de l’espace une immense « res nullius », ouvrant la voie à l’appropriation et au pillage des ressources par les « astrocapitalistes », il serait erroné de croire que les Etats se sont définitivement désengagées. La raison tient au fait que l’espace est devenu un gigantesque champ de bataille géopolitique, économique et stratégique. De plus, à l’heure où sévit la crise écologique et que la Terre tend à devenir inhabitable, l’exploitation de l’espace et de ses richesses apparaît plus que jamais comme une solution pour le « capital en vue d’assurer le maintien du taux de profit, et donc de résoudre ses crises internes liées à la suraccumulation ».

Tarik BOUAFIA