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Les Juifs face à l'universalisme français

Aux Sources

Maurice Samuels

Cette année, la polémique sur le burkini est arrivée en avance ; en mai au lieu de juillet. Preuve supplémentaire du réchauffement climatique. Blague à part, que nous dit cette panique morale qui revient chaque année, comme les campagnes désormais classiques contre le « wokisme » et l’« islamo-gauchisme » ? Pour y voir plus clair, un peu de recul historique n’est pas inutile. Je vous propose même, au cours de cette émission, de revenir à la Révolution française, puis de remonter doucement le fil jusqu’à nos jours, pour essayer de comprendre comment, au cours de la modernité, la France s’est dotée d’une doctrine universaliste qui tremble devant les différences religieuses et les particularismes culturels.

On confond aujourd’hui égalité et homogénéité. On assimile la République à une tenue vestimentaire. On voit dans le particulier un obstacle à l’universel et dans la laïcité une injonction à reléguer le culte dans la sphère privée. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Il existe aussi des visions inclusives et pluralistes de l’universalisme. Et c’est la grande leçon de mon invité du jour. Maurice Samuels est historien à l’Université de Yale, aux Etats-Unis. Il est spécialiste de la France, de sa culture, de sa littérature. Dans un livre passionnant, que viennent de traduire les éditions de La Découverte (Le droit à la différence. L’universalisme français et les juifs), Maurice Samuels retrace deux siècles d’histoire de France, deux siècles au cours desquels les musulmans n’avaient pas encore remplacé les juifs dans le statut peu enviable d’objet de crispations identitaires et de haines obsessionnelles, telles que la France en a le secret.

Ce périple nous conduit à examiner la façon dont les intellectuels, les écrivains, les artistes, les philosophes et les cinéastes français ont envisagé la « question juive » (les Juifs sont-ils Français ? à quelles conditions ?) de 1789 à nos jours, et comment ils ont élaboré leur doctrine universaliste en se confrontant précisément à cette question. Au programme de ce voyage, des rencontres avec Robespierre, Rachel Félix, Emile Zola, Jean Renoir, Jean-Paul Sartre. 

Bon visionnage !

Manuel Cervera-Marzal

Aux Sources , émission publiée le 18/06/2022
Durée de l'émission : 57 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

2 commentaires postés

Merci à Manuel Cervera-Marzal et à toute l'équipe de Hors-Série pour cet entretien passionnant.

A Titou

Comment pouvez-vous être sûr qu'on ne peut être professeur à Yale sans être "dans le moule sioniste" ? Shlomo Sand est professeur à l'université de Tel Aviv depuis des décennies, et il est tellement peu dans le moule sioniste qu'il ne veut plus être considéré comme juif, parce qu'il est scandalisé que des Juifs du monde entier puisse s'établir facilement en Israël alors que de nombreux Palestiniens ne peuvent plus retourner dans leur pays. Or, je ne vois pas très bien pourquoi l'université de Tel Aviv serait plus tolérante aux critiques du sionisme que Yale.... Quant à la colonisation sioniste en Palestine, il peut y avoir deux raisons au fait que M. Samuels ne l'ait pas évoquée :
- Ce n'était pas directement le sujet de son livre ;
- M. Cervera-Marzal ne l'a pas interrogé là-dessus.
Pour répondre à votre question, il est clair que le sionisme est un obstacle à l'universalité des droits humains, d'autant qu'il n'a cessé de se durcir.

Par J. Grau , le 21/06/2022 à 16h51

Dommage que la création de la colonie sioniste en Palestine n'ait pas été évoquée: celle-ci ne remet-elle pas en cause la possibilité d'un certain universalisme partout dans le monde? Ce professeur de Yale est dans le moule sioniste sinon , il n'occuperait pas ce poste.Le sionisme avec le soutien des antisémites est un obstacle fondamental avec l'universalisme. Le terrorisme est évoqué en fin d'entretien: on reste sur notre faim: lequel? de qui? celui soutenu par les US.... Merci de ne pas employer le terme américain pour désigner les US, ils ne sont pas l'Amérique/ c'est un travers trop répandu , mais qui montre notre soumission à ce grand pays né sous le signe du génocide indien...

Par titou, le 18/06/2022 à 17h16