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Blindtest #6

Diagonale Sonore

Laurent de Wilde

À la fin du XIXe siècle, les hommes commencent à avoir l’idée d’électrifier les instruments. Dans Les Fous du son, paru en 2016, Laurent de Wilde retrace l’épopée des inventeurs qui ont imaginé le futur de la musique. Des expérimentations de Thaddeus Cahill, Léon Theremin, Maurice Martenot et les autres sont nés des instruments aux noms étranges (théâtrophone, Trautonium, Solovox, clavioline, Electronium), aux formats bizarres (certains pouvaient occuper une pièce entière) et aux sonorités futuristes (tziiing, uuuuhm, ponk).

Si la plupart de ces instruments ont disparu de la circulation, ils ont donné naissance aux claviers électroniques que l’on voit partout aujourd’hui, comme le Fender Rhodes, le Moog ou l’orgue Hammond. Pour reconstituer l’histoire des synthétiseurs, Laurent de Wilde traverse toutes sortes de musiques, qu’elles se soient enrichies et développées au contact de ces innovations (rock, pop, funk, musique de film) ou qu’elles en soient nées (musique électronique, musique concrète).

Alliant histoire de la musique et histoire des techniques, Les Fous du son dessine au passage des portraits d’inventeurs méconnus. Ces personnalités farfelues, qui ont mille idées à la seconde et autant d’idéaux, se heurtent à la machine capitaliste — pour certains très violemment. Tout en essayant de gagner la course aux brevets, d’écarter la concurrence et de ne pas se laisser enfermer dans des obsessions parfois malheureuses, il s’agit de concilier le temps long de l’invention avec celui, très court, des financeurs, qui veulent tirer d’eux un maximum de profit pour un minimum de coût.

Lui-même pianiste et compositeur, Laurent de Wilde a expérimenté une grande partie des claviers dont il parle. Avec Les Fous du son, il propose une traversée du XXe siècle sous un angle inédit. Le format du blindtest sert de point de départ au voyage dans l’histoire des instruments électroniques et de leurs inventeurs, au fil de 7 morceaux empruntés à des périodes et à des genres variés.

Raphaëlle TCHAMITCHIAN


Références :
Laurent de Wilde, Les Fous du son, Paris, Grasset, 2016 [rééd. Gallimard, Folio, 2019]
Laurent de Wilde, Monk, Paris, Gallimard, 1997
Site internet : https://www.laurentdewilde.com/

Diagonale Sonore , émission publiée le 14/05/2022
Durée de l'émission : 93 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

5 commentaires postés

Je viens de voir avec beaucoup de retard cette émission que j'ai trouvée formidable. J'hésitais à le faire mais cette émission m'a fait renouveler mon abonnement.

Par Moe 13, le 29/06/2022 à 11h02

A Raphaël

Mais je vous en prie, vous n'avez pas à vous excuser !

Cordialement,
J. Grau

Par J. Grau , le 24/05/2022 à 11h26

Bonjour, J. Grau. Petite erreur de copier coller sans doute dans la légende. Maurice Martenot est mort en 1980. Je vous prie de m'excuser.

Par Raphaël, le 23/05/2022 à 11h59

Merci beaucoup pour cette magnifique émission, passionnante et instructive. Je me permets tout de même de signaler quelques erreurs ou approximations.

Laurent de Wilde dit que la musique a toujours eu un train de retard par rapport aux arts visuels en ce qui concerne les innovations esthétiques. Et il cite, pour prouver ses dires, les ready-made de Duchamp, qui ont précédé de plusieurs décennies leurs équivalents musicaux. Mais il néglige un fait important : depuis des siècles, il existe une musique instrumentale qui ne représente rien, en tout cas rien de matériel (sauf lorsqu'il s'agit d'une musique descriptive, comme les Quatre saisons de Vivaldi). Et c'est justement en s'inspirant de cette forme d'art que Kandinsky a eu l'idée de faire de la peinture non figurative, en créant des sortes de symphonies ou de fugues dont les éléments constitutifs ne seraient pas des sons mais des formes colorées. L'art "abstrait" ou non-figuratif existe donc depuis beaucoup plus longtemps dans la musique que dans la peinture.

Ensuite, Laurent de Wilde dit que Martenot est mort nonagénaire à Neuilly. Mais une photo de Martenot porte cette légende : Maurice Martenot - 1925-2005. Martenot serait donc mort à 80 ans. Qui a raison ? Laurent de Wilde ou Raphaëlle Tchamitchian (si elle est bien l'autrice de cette légende) ? En fait, aucun des deux ! Si l'on en croit Wikipedia (il est vrai que cette encyclopédie comporte souvent des erreurs), Martenot aurait inventé son instrument en 1928. Et il n'avait pas trois ans à l'époque ! En fait, il est né en 1898 et il est mort en 1980 à Clichy. Donc, il n'était pas nonagénaire et il n'est pas mort à Neuilly....

Mais le plus critiquable, à mon sens, est le passage où Laurent de Wilde parle des instruments à clavier (à partir de la minute 43, je crois). Il dit que les musiciens baroques jouaient de la musique qui avait été composée avant l'invention des claviers. C'est inexact ! Les premiers pianoforte sont apparus à l'époque baroque. Il est vrai qu'ils étaient peu joués à l'époque. Mais le clavecin, en revanche, était omniprésent, et il était déjà utilisé à la Renaissance (voire à la fin du Moyen âge, d'après ce que j'ai appris récemment dans le musée des instruments de musique de Bruxelles). Quant à l'orgue, qui est aussi un instrument à clavier, il existe depuis le 3ème siècle avant J-C !

Il n'empêche que quelque chose se joue à la fin de la période baroque, et que cela a bien quelque chose à voir avec les instruments à clavier et le demi-ton : il s'agit de l'invention du tempérament égal, c'est-à-dire d'une manière d'accorder les claviers (puis d'autres instruments) de manière à ce que tous les demi-tons soient égaux. Ce n'était pas le cas avant. En principe, au départ, un do dièse n'est pas la même chose qu'un ré bémol. Et il y a une différence entre l'intervalle mi-fa (demi-ton diatonique) et l'intervalle mi - mi dièse (le demi-ton chromatique, qui est légèrement plus grand que le demi-ton diatonique). Pour accorder les instruments à clavier, et pour éviter de multiplier excessivement le nombre de touches, on était obligé de faire des compromis. Si ma mémoire est bonne, on accordait généralement les clavecins, par exemple, de manière à ce qu'ils sonnent justes en do majeur ou des tonalités voisines (la mineur, sol majeur, fa majeur, mi mineur, ré mineur). Et si on voulait tout de même jouer un morceau en mi bémol majeur ou en fa mineur sur un tel clavecin, ce morceau sonnait un peu faux. Et plus on s'éloignait de do majeur, plus l'instrument sonnait faux. L'invention du tempérament égal (peut-être expérimenté par Bach dans son fameux "Clavier bien tempéré") permettait au contraire de jouer dans toutes les tonalités sans avoir à réaccorder à chaque fois l'instrument. Cela permettait de moduler autant qu'on le voulait, c'est-à-dire de changer de tonalité au cours du morceau. Le revers de la médaille, c'est que tous les intervalles, désormais, étaient légèrement faux, à l'exception des octaves. Pour plus d'information, cf. cet article de Wikipedia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gamme_tempérée

et cet article :

https://www.mamie-note.fr/cours/du-son-aux-notes/le-temperament-egal/

Désolé si j'ai l'air de chicaner sur des détails insignifiants.... En tout cas, ces petites réserves n'enlèvent rien à ce que je disais au début : c'était une excellente émission, que j'ai eu beaucoup de plaisir à voir et surtout à entendre !

Par J. Grau , le 21/05/2022 à 21h21

merci pour toutes ces ondes !

Par gomine, le 16/05/2022 à 12h41