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Le futur du travail

Aux Ressources

Juan Sebastián Carbonell

Émission animée par Manuel Cervera-Marzal

Au cours d’une vie humaine, on passe en moyenne 3 mois à attendre que le feu passe au vert, 3 ans aux toilettes, 10 ans à regarder la télé et 26 ans à dormir. Mais le plus choquant, de mon point de vue, ce sont les 12 années entières à travailler. Quand on a la chance d’avoir un boulot épanouissant et utile à la collectivité, passe encore, mais quand notre labeur sert à remplir les poches d’un patron, la pilule est difficile à avaler. Et que dire des dividendes ? En 1981, un salarié français passait en moyenne 10 jours par an à travailler pour rémunérer les actionnaires. En 2010, selon l’économiste Michel Husson, on était passé à 45 jours par an.

Quand on voit à quel point le travail est au cœur de nos vies et combien l’exploitation est au cœur du travail, on est naturellement porté à s’interroger sur le futur du travail. Il y a, à ce sujet, de nombreuses prophéties et de nombreux fantasmes. On entend, à intervalles réguliers, la disparition annoncée du travail. Les robots et les logiciels seraient sur le point de remplacer les humains, plongeant dans le chômage l’immense majorité de nos sociétés. On entend aussi que la condition salariale – synonyme d’emploi stable, de droits et de protections – qui s’est progressivement imposée au cours du XXème siècle, appartiendrait désormais au passé. La précariat serait devenu la norme, le salariat l’exception.

Mon invité du jour, le sociologue Juan Sebastián Carbonell, passe ces mythes – disparition du travail en raison d’un « grand remplacement technologique », avènement d’une précarité généralisée – au crible des recherches universitaires. Alors que certains parlent de « société post-industrielle », il n’y a jamais eu, à l’échelle planétaire, autant d’humains travaillant dans l’industrie manufacturière. Alors qu’on présente la précarité comme un phénomène nouveau, fruit des politiques néolibérales, elle accompagne le capitalisme depuis ses origines. Au fil de son propos, Juan Sebastián Carbonell montre que Le futur du travail (pour reprendre le titre de son livre) ressemble, par bien des aspects, à son passé. Et si le capitalisme mondialisé connaît actuellement certaines mutations profondes, elles ne se trouvent pas nécessairement là où l’on croit. Le phénomène central de notre époque n’est ni la précarisation ni l’automatisation du travail, mais l’émergence d’un nouveau prolétariat du numérique et de la logistique, dont le niveau de combativité pourrait s’avérer décisif au cours des prochaines années.

Bon visionnage !

Manuel Cervera-Marzal

Aux Ressources , émission publiée le 02/04/2022
Durée de l'émission : 71 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

2 commentaires postés

Émission très intéressante. En effet les différentes propositions de salaire à vie (Bernard Friot), Garantie Économique Générale (Frédéric Lordon), ou encore le salaire contributif (Bernard Stiegler) ne sont pas abordées, mais l'analyse du contexte, de la situation générale du travail est très intéressante, pertinente, je vais lire ce livre très prochainement :)

Par Jean-Philippe Barbier, le 08/04/2022 à 11h01

Bonne nouvelle , il reste encore de jeunes marxistes . La proposition Friot n'a pas été débattue, hélas, dommage.

Par titou, le 02/04/2022 à 21h47