Mélenchon : la bifurcation nécessaire
Dans le Texte
Cédric Durand & Razmig Keucheyan
Judith Bernard
Serait-il devenu absurde d’oser parler d’avenir ? Ou peut-être indécent ? À l’heure où l’Ukraine, attaquée par Vladimir Poutine, est la proie des bombes et des chars des troupes russes, où l’Europe semble glisser avec elle dans le cauchemar inéluctable d’une guerre dont les peuples, pourtant, ne veulent pas, peut-on encore s’inscrire dans la perspective des élections présidentielles françaises et juger utile d’en éclairer les enjeux ?
Il nous semble que oui : qu’il faut poursuivre notre travail politique, local. Que l’effroi que nous inspire la situation internationale ne doit pas nous sidérer au point de nous arracher à la réflexion et au débat sur le destin national. Nous avons besoin de politique, plus que jamais, besoin de retrouver de la souveraineté populaire. C’est ce que propose l’Avenir en Commun, auquel je consacre ces derniers temps mes émissions sur Hors-Série. Parce que c’est le programme d’émancipation collective le plus susceptible de parvenir au pouvoir, et qu’il offre l’occasion de discuter des urgences qui traversent la société française, urgences qui n’ont pas disparu avec la guerre en Ukraine.
L’urgence climatique est toujours notre horizon immédiat ; l’urgence sociale n’est pas moins vive. Face à ces problématiques majeures, le programme porté par Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de l’Union populaire a le mérite de proposer des réponses de grande envergure, à la hauteur des difficultés, et surtout des réponses articulées entre elles : la refondation sociale et la sauvegarde environnementale sont pensées ensemble, dans un projet qui conjugue planification écologique et justice sociale. Ce sont donc les volets économie et écologie que nous abordons dans cette émission, en compagnie d’un duo particulièrement brillant et enthousiasmant : Razmig Keucheyan, sociologue, et fin connaisseur des enjeux de la planification écologique, et Cédric Durand, économiste, incollable sur les règles économiques de l’UE, et la marge de manoeuvre nécessaire pour financer la refondation sociale.
Nous avions déjà eu l’occasion, à Hors-Série, de discuter avec chacun d’entre eux, sur leurs ouvrages respectifs ; mais c’est la première fois que nous les recevons en duo, rendant justice au binôme qu’ils forment de longue date, signant des tribunes et des articles à quatre mains depuis au moins 2012. C’est que cela fait longtemps qu’ils cheminent ensemble ; à la fois chercheurs et militants, nourrissant leurs travaux scientifiques par leur activité politique et réciproquement, depuis leurs débuts à la LCR jusqu’à aujourd’hui où on les retrouve membres du Parlement de l’Union Populaire. Ce nouvel espace politique s’offre comme une précieuse interface où le mouvement social, la recherche scientifique et la politique instituée peuvent dialoguer pour élaborer de concert des mesures programmatiques à la fois ambitieuses et réalistes. Il y a là, à l’évidence, de quoi reprendre confiance en l’avenir. Même et surtout à l’heure où il paraît faire naufrage : c’est précisément au coeur du cauchemar, pour éviter d’y sombrer complètement, qu’il faut penser le jour qui vient - et se donner les moyens d’en sortir, par le haut.
Judith Bernard
Commentaires
6 commentaires postés
Il serait vraiment d'utilité publique de passer cette émission en accès libre...
Merci dans tous les cas !
Par Nicolas FARKAS, le 21/03/2022 à 00h52
Encore et toujours merci de cette explication de texte qui n’est en rien à contraintes mais qui donne la possibilité à toute auditrice et auditeur de se former à une réflexion nécessaire sur ce qu’impliquerait un changement radical de société . Une seule envie : que des citoyennes comme moi puisse voir et participer à un Avenir En Commun. Encore un merci pour nommer les écrits de Cédric Durand et Razmig Keucheyan qui permettent de comprendre comment ces intellectuels ont pu irriguer l’elaboration de l’Union Populaire
Et toujours merci à Judith Bernard qui donne sens à l’art du dialogue
Françoise Bortolan ( abonnée )
Par Francoise Bortolan, le 13/03/2022 à 09h52
Un vrai moment de détente en ces temps troublés ! Merci . La crainte de Judith Bernard est tout à fait justifiée: les US qui ne survivent que du complexe militaro-industriel et d cela finance sont capables de tout. Les abstentionnistes du premier tour , au fin fond d'eux mêmes préfèrent le statut-quo dévastateur plutôt que de se remettre en question., et n'envisagent pas avec leurs oeillères la catastrophe sociale de reconduire le président actuel.
Par titou, le 12/03/2022 à 23h38
Après Laurence De Cock et Patricia Pol pour l'éducation voici Cédric Durand et Razmig Keucheyan pour la transition écologique et l'économie.Ça semble vraiment intéressant je vais donc vite me le procurer.
Toutefois ça ne me fait pas avancer sur l'improbable mise en ordre de marche,sur l'irréconciliable rassemblement des gauches. C'est pitoyable, désarmant et à ce jour ça donne toujours la photo d'une gauche, la plus bête du monde. Et autour de moi, ça ressasse "lutte des places plutôt que lutte des classes" Donc à moins d'une sortie du comas de la gauche, si la guerre des égos reste en l'état, c'est décidé je m’abstiens au 1er et... au 2ème tour.
Par Maunoir Charbonnel, le 12/03/2022 à 21h27
Passionnant et un peu d'espoir fait du bien...Merci
Par François Leroux_1, le 12/03/2022 à 19h40
Wesh les deux invités sont absolument identique je dois plisser des yeux pour faire la différence !!
Par Nicolas Massonneau, le 12/03/2022 à 12h16