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Histoire souterraine de la sécularisation

Dans le Texte

Mohamad Amer Meziane

(émission conçue et animée par Louisa Yousfi) 

Lorsqu’on parle de sécularisation, on évoque généralement le processus par lequel les sociétés occidentales se seraient libérées du joug des religions au profit du règne de la raison émancipatrice. La critique du ciel serait ainsi advenue de l’intérieur de l’Occident, en un mouvement purement endogène, garantissant une séparation du religieux et du politique, propice à l’émergence de sociétés démocratiques.

Dans son livre Des Empires sous la terre. Histoire écologique et raciale de la sécularisation (La Découverte, 2021), le philosophe Mohamad Amer Meziane déboulonne, dans un geste déconcertant d'originalité, ce grand récit de la sécularisation en remontant aux origines du phénomène. La version qu'il nous livre est proprement inouïe : loin d'en avoir été le moteur principal, la mort de Dieu ne serait qu'un effet collatéral de la sécularisation dont le véritable mobile est le projet colonial que l'Occident fomente et réalise comme un désir de résurrection de l'Empire romain. Ce n'est donc point d'un phénomène intra-européen qui se serait étendu au reste du monde grâce à la colonisation dont il est question. La sécularisation est la modalité stratégique par laquelle l'impérialité de l'Europe s'est donné le moyen de revivre grâce à la colonisation et la racialisation des populations indigènes, plus exactement de l'Islam, grand rival historique, qui va se constituer alors jusqu'à nos jours comme la figure fanatique d'une sécularisation impossible. La sécularisation, nous explique Mohamad Amer Meziane, est donc indissociable de son rapport à cette altérité radicale islamique qui hante l'impérialité occidentale. Renonçant au christianisme pour le réaliser sur terre, la sécularisation inaugure par ailleurs « une ère de prédation de la nature, d’exploitation des ressources et d’exploitation illimitée des sous-sols à la recherche d’énergie ». La sécularisation serait-elle également l'autre nom de la catastrophe climatique ? 

En tissant des liens inédits entre sécularisation, colonisation et catastrophe écologique, Mohamed Amer Meziane pose les bases d'un travail qui n'a vraisemblablement pas fini d'ouvrir des horizons de pensées radicalement nouvelles, et peut-être même, révolutionnaires… 

Louisa Yousfi  

Dans le Texte , émission publiée le 05/06/2021
Durée de l'émission : 79 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

15 commentaires postés

Les commentaires sont pour le moins étonnants... La pensée de Meziane est riche et repose sur des bases solides, en histoire comme en anthropologie (la plupart de ce qu'il dit sur Napoléon se base d'ailleurs sur Henry Laurens, n'en déplaise à ceux qui accusent les obscures "shs américaines"). Cependant, c'est un domaine compliqué qui est peu connu en France : je n'avais jamais entendu parler de Talal Asad avant de lire ce livre, ni d'anthropologie du sécularisme. Les pistes ouvertes par le livre méritent de surpasser la difficulté. C'est une histoire des idées que fait Meziane : pour la comprendre, il faut au moins connaître, au mieux maîtriser, les auteurs et idées qui sont remises en question! La publication de ce livre en français est salutaire.
C'est un universitaire qui parle comme un universitaire : c'est regrettable qu'il ne puisse rendre sa pensée plus accessible et claire. Le livre est lui même parfois ardu, mais l'interview permet d'y voir plus clair grâce à quelques reformulerions.

Par TéoC, le 20/09/2021 à 20h39 ( modifié le 20/09/2021 à 20h40 )

Belle voix, langage ampoulé pour nous servir une pensée s’appuyant sur des références historiques vermoulues. En même temps tout le travaille repose sur une citation anecdotique de Bonaparte absolument opportuniste qu’on prend au pied de la lettre. Un peu léger tout de même.

L’Allemagne « qui a été pendant un certain moment et pendant longtemps le Saint Empire Romain Germanique ». Et bien, on sent bien que c’est du solide ces références historiques. « Saint Empire Romain Germanique qui avait pour fonction dans l’Europe médiévale schématiquement de donner une forme politique a l’unité des royaumes chrétiens ». Ouais « schématiquement » comme vous dites.

14 :47 « Cela signifie que [la sécularisation de la France] commence en Egypte et non pas en France. » nous est assené sans aucun argument a l’appui. Le fait qu’un acte ait eu lieu n’implique pas que son pareil ne se soit pas produit antérieurement. C’est franchement léger.

15 :24 « Premier Empire, première institutionnalisation stable de la Révolution Française » Cet énoncé outrancier suffit à révéler l’ennemi désigné par cette entreprise.

18 :50 « On fait l’histoire de l’islam en identifiant le prophète Mahomet comme un législateur, quelqu’un qui donne une loi a un peuple. Ça évidement ça vient de Rousseau. Et c’est de voir qu’il y a quelque chose de cette thématique qui est incarnées par Napoléon qui veut se faire le législateur lui-même successeur du prophète. » Mais WTF. D’abord ce dédain évident et complètement gratuit pour Rousseau. Visiblement c’est très bête mais on aimerait savoir pourquoi. On ne saura pas. Pour ces SHS américaines cracher sur les Lumières ne nécessite pas d’argumentation de tout manière. Mais alors l’enchainement « logique » qui conduit à conclure que Napoléon se prend pour le prophète, franchement chapeau, haute voltige.

Enfin, j'ai bien aimé la non-réponse a la question du projet politique qu’implique la pensée de l’auteur. L’entreprise est donc uniquement destructrice. Mortifère, profondément irresponsable et … bien confortable après tout !

Par Blastula, le 20/07/2021 à 03h10

46 minutes 27 secondes "question brûlante" nous dit M. Meziane!
Oui...et alors?
Pendant quelques minutes nous descendons sur terre,
il nous a fallu 40 minutes pour y atterrir...
mais voilà, cela ne va pas durer!
Jusqu'à la fin
nous naviguons en ballon stratosphérique.
J'ai tenu le temps de l'émission, ayant eu un peu
l'expérience du discours universitaire ( mais pas philosophique!).
Les commentaires ci dessous m'ont en quelque sorte rassuré,
car vu mon âge (75) je commençais à flipper.
Celui-ci aurait pu expliquer mon incompréhension.
Non, décidément, rares sont ceux qui sont à même de développer
des idées complexes avec des mots simples.
Parce que les idées sous-jacentes sont intéressantes !
Gérard M.

Par sanslesdents, le 20/06/2021 à 22h12 ( modifié le 20/06/2021 à 22h14 )

Après une dizaine de minutes, je n'ai rien compris... c'est pas grave, insiste ! Non merci et à la prochaine...

Par Aubépine, le 18/06/2021 à 01h10

.

Par donny frisson, le 17/06/2021 à 12h31 ( modifié le 17/06/2021 à 12h36 )

@Raphaël

Merci pour votre réponse : oui, j'imagine que ce ne doit pas être une mince affaire... Merci à vous et à toute l'équipe pour le travail si précieux que vous accomplissez, c'est un vrai plaisir de vous voir et de vous écouter chaque semaine.

Par Alexandra, le 14/06/2021 à 21h09

un immense merci pour ce moment: bravo Louisa et l'auteur a creusé utilement.

Par Marianne Van Leeuw Koplewicz, le 14/06/2021 à 19h44

@Alexandra. Non, nous n'avons absolument pas abandonné les émissions Dans le mythe mais il n'est pas aisé de trouver des invités qui puissent à la fois amener un contenu substantiel sur un sujet donné et qui à la fois ont une connaissance, ou une curiosité suffisante pour le cinéma. Mais nous cherchons évidemment.

Par Raphaël, le 14/06/2021 à 10h41 ( modifié le 14/06/2021 à 10h42 )

La thèse telle qu’elle est énoncée par Louise Yousfi dans son introduction m’a véritablement enthousiasmée, c’est une thèse culottée que l’on entend peu (en tout cas pas dans les milieux universitaires). Je suis donc vraiment désolée d’avoir trouvé l’entretien si abscons. Je ne sais pas si cela est dû aux multiples incises faites par l’auteur sur le choix des termes, au fait qu’il se réfère à toutes sortes de textes, de concepts et d’auteurs qui ne sont pas ou peu explicités, comme s’il partait du principe que cela coule de source ou au ton qu’il utilise et qui est un peu pontifiant (je ne veux pas lui manquer de respect, mais je ne trouve pas d’autres termes). Mohamad Amer Meziane parle comme s’il était dans un colloque avec ses pairs. Les seules fois où j’ai trouvé la thèse clairement exprimée, c’est quand elle était reformulée par Louisa Yousfi. C’est dommage parce que, comme cela est dit par vous deux pendant l’entretien, c’est une thèse qui touche à des questions “inaudibles” en France (et si elle touche à de l’inaudible, c’est bien qu’elle vise juste), avec une “charge subversive” et une “radicalité” qui ne me semblent pas être des qualificatifs usurpés. Parfois, certains auteurs ne sont pas les mieux placés pour parler de leur travail à un public non-initié, ça arrive (mais disons que quand il s’agit de questions si peu prises en charge par des recherches rigoureuses, c’est un peu désolant). A la fin, si j’avais pu, j’aurais presque eu envie de demander à Louisa Yousfi de nous faire la présentation du livre à sa place. Merci quand même, je vais tenter de le lire, ça passera peut-être mieux à l’écrit.

Ça n’a rien n’a voir mais j’en profite pour ajouter que je suis désolée qu’il n’y ait plus du tout d’émission “Dans le mythe” sur Hors-série. C’était l’une des meilleures à mes yeux, celle qu’on ne trouve pas ailleurs, j’espère que vous ne l’avez pas définitivement abandonnée.

Par Alexandra, le 12/06/2021 à 17h38 ( modifié le 12/06/2021 à 17h50 )

Bon , à reécouter peut-être, si je trouve le temps. Il me semble qu'il oublie que l' "état" français est en place pour faciliter et est au service des bourgeois capitalistes et qu'il n'a aucune autonomie...Si on a voté la loi de 1905, c'est aussi pour mettre de l'huile dans les
rouages et permettre son expansion.

Par titou, le 05/06/2021 à 21h05

Interview décousue et peu compréhensible. Il apparaît cependant que M. Meziane est un idéaliste grand teint qui inverse systématiquement dans ses hypothèses les causes matérielles et les conséquences idéologiques; il est manifestement persuadé du caractère performatif du langage, cœur de la pensée magico-religieuse. Il n'hésite pas à avancer des hypothèses carrément grotesques d'un point de vue historique sur l'évolution du capitalisme. L'inanité des questions orientées de l'intervieweuse n'arrange rien; elle tient manifestement à lui faire exprimer ses présupposés idéologiques victimaires à elle, ce à quoi il ne se plie que de mauvaise grâce (heureusement).

Manifestement il n'a jamais vu cette simple vidéo du président Nasser: https://www.youtube.com/watch?v=D-DZUnh8-Ro

Décidément, quelle décadence de Hors-Série, qui est devenu un temple de l'idéologie woke, qui n'invite plus que des "penseurs" woke. Ça excite peut-être les profs agrégés en retraite qui ont voté Macron au second tour, mais je ne me sens vraiment plus du tout concerné... Je n'ai plus vu ici une interview vraiment intéressante depuis des lustres; une qui présente autre chose que des discussions oiseuses entre privilégiés, généralement profs de fac (et souvent profs de fac aux USA), d'accord entre eux par avance, qui pérorent sur l'oppression qu'ils subissent (quelle sinistre blague).

Par Florac Emmanuel, le 05/06/2021 à 20h21 ( modifié le 05/06/2021 à 20h26 )


Très très intéressant ! Pensée vraiment originale ! J'ai dû comprendre à peu près la moitié !

On attend la suite !!! Continuez Gabriel Lacroix

Par quincieu, le 05/06/2021 à 17h46

Bon ok agrégé de philosophie
Maître de conf dans une université us
Mais quand même tout ça pour ça!!!!
C'est incompréhensible
Son discours part dans tous les sens
C'est difficile de le suivre
A part la définition du concept de
"Séculier"
Mais peut-être que l'essentiel était là
Et pour le reste c'est
"Acheter le bouquin"

Par xxxx, le 05/06/2021 à 17h05

La dialectique est intrinsèquement révolutionnaire, manifestement. Mais elle n'est que l' "Annonciation" d'une révolution qui s'éloigne tel les horizons qu'elle ouvre. Pour consoler Anne-Sophie ci-dessous et peut-être la réconcilier avec la dialectique, disons que : la vie est un "brouillon" qu'on n'aura jamais l'occasion de remettre au "propre" ! . . Ce pourrait être une définition métaphorique de l'anthropocène dans tout son spectre large du physique (écologique) au spirituel (écosophique), non ?

Par Joël Dézafit, le 05/06/2021 à 15h45 ( modifié le 05/06/2021 à 16h01 )

Bon, je n‘ai pas compris grand chose à cet entretien. Sans doute faut-il être philosophe pour pouvoir jongler à ce point avec les concepts sans avoir besoin d’exemples concrets et sans faire un peu plus d’histoire... La religion n’a-t-elle pas autant justifié l’asservissement des peuples d’Afrique et d’Amérique du Sud que la sécularisation, comme semble le dire M. Meziane?
La religion est-elle vraiment un point central pour Marx?
L’homme comme « possesseur et maître de la nature » n’est-elle pas une idée chrétienne?
Bref, je suis dans les choux...

Par Anne-Sophie Lanier, le 05/06/2021 à 15h02