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Politique du clitoris

Aux Ressources

Delphine Gardey

"Interne en deuxième année de médecine à Strasbourg, Marie Chevalley ne sort jamais sans un clitoris en plastique rose imprimé en 3D".  La veille de l’émission, j’ai tapé "clitoris" dans Google actualités. Outre cet article des Dernières nouvelles d’Alsace, Femme actuelle présentait "6 façons de le stimuler pour faire jouir une femme", tandis que Version Femina révélait que "Les dauphins ont un clitoris à l’entrée du vagin".  Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’organe exclusivement dédié au plaisir féminin n’est plus tabou.

Une banalisation relative qui doit être porté au crédit des féministes, qui bataillent depuis des années pour s'approprier les connaissances scientifiques sur le sujet et en faire le symbole d’une jouissance émancipée et autonome, se passant de la pénétration masculine et échappant à toute finalité reproductive.

Mais il ne s’agit pas seulement de rendre visible un organe longtemps resté caché et méconnu mais de l’arracher aux entreprises idéologiques les plus toxiques. Dans son essai Politique du clitoris (Textuel), l’historienne et sociologue Delphine Gardey montre comment les savoirs et pratiques biologiques, médicales et psychanalytiques autour du clitoris ont pu légitimer non seulement la domination patriarcale et l'assignation à la fonction maternelle des femmes, mais aussi un discours colonialiste sur la supériorité de certaines "races" ou de certaines "civilisations". Autant dire que l’enjeu dépasse de loin la seule dimension physiologique du plaisir féminin.

Laura RAIM

Aux Ressources , émission publiée le 12/10/2019
Durée de l'émission : 70 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

5 commentaires postés

Entretien qui soulève des questions intéressantes, notamment le fait que toute représentation n'est pas neutre, fut-elle la représentation d'un organe. L'anatomie est aussi en partie une construction sociale qui peut produire ses effets dans les pratiques et façonner (ou sans doute plus probablement renforcer) des rapports de pouvoir. La médecine, en particulier pour les femmes, n'a très souvent fait que réécrire, sous couvert d'un vocabulaire scientifique, certains préjugés moraux traditionnels, en prenant efficacement le relais de la religion par l'hystérisation du corps des femmes, comme l'a décrit Michel Foucault. Il s'agit aussi d'interroger la place centrale du sexe dans nos sociétés, comme élément imaginaire créé par un dispositif de sexualité pour susciter le désir du sexe jusqu'à lui demander notre propre intelligibilité, le sens de notre propre vie (tout en faisant croire que cela va contre les différentes formes de pouvoir)

PS. petite erreur dans le panneau (vers 3:30) concernant Gabriel Fallope (présenté en tant que son contemporain R. Colombo)



Par Abracadabra, le 20/10/2019 à 20h00

J'ai vraiment apprécié de voir nos deux protagonistes se mettre à poil, comme dans un rêve à moi, et certainement pour le plus grand plaisir de tout.e.s mes fellow abonné.e.s.
J'ai le souvenir d'avoir vu, au cours de mon enfance, cent mille et une verges sommairement tracées sur les tableaux noirs, sur le bureau du professeur et sur celui du proviseur, sur les sémaphores et les commissariats, dans Hara-Kiri et Charlie hebdo, et, au bord de la nausée, je me félicite d'assister à la revanche du clito, bien que sa représentation ne soit pas des plus aisées (on songe à un V de la victoire).
Moi, ce qui me chagrine, c'est que toutes les filles ne soient pas aussi véloces que ma Peggy, aussi rebelles que ma Véro, aussi jolies que notre Laura. Au sport, et que ça saute !

Par Diego Montes, le 16/10/2019 à 01h12

Là je suis désolé mais...j'ai décroché. Suis je un gros macho (dans le déni) fatigué ou était ce trop alambiqué? Bref j'ai raté quelque chose.

Par Maunoir Charbonnel, le 13/10/2019 à 16h00

d gardey nous renseigne en particulier sur le pouvoir biomédical, souvent masculin, quant au sexe féminin. des "masturbatrices compulsives" s'amusant de la qualité érectile du clitoris, que l'ordre social doit réprimer, pour parfaire l'harmonie conjugale… au femmes des pays colonisés dont on étudie les supposées proéminences sexuelles, de façon dépréciative.

avec les suites du mouvement me too, salvateur à bien des égards, mais aussi potentiellement anxiogène, les adeptes de la paluche ne vont pas...glander!

Par luc lefort, le 13/10/2019 à 09h43

Intéressant, merci. Pour votre information , l'orgasme masculin , comme vous l'avez fait remarqué est peu étudié , est aussi révolutionnaire. L 'homme dispose d'une glande , la prostate qui stimulée permet d'atteindre des orgasmes à répétition.
Etudier cela et le diffuser serait une révolution chez la plupart des machistes misogynes qui gouvernent le monde...

Par titou, le 12/10/2019 à 20h07