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Gilets Jaunes et gauche anti-capitaliste : que faire ?

Dans le Texte

Stathis Kouvélakis

Il est des intellectuels qui dominent du regard leur époque avec l'acuité de l'aigle ; Stathis Kouvélakis est de ceux-là. Une telle position doit sans doute beaucoup à l'aventure d'une biographie : à la fois savant et engagé (venu à la philosophie politique mu par son engagement anticapitaliste, nous a-t-il dit), il était membre du Comité Central de Syriza lorsque cette coalition de gauche radicale a remporté les élections législatives grecques de janvier 2015, permettant à Alexis Tsipras de devenir premier ministre : le programme, anti-austérité, entendait mettre un terme aux politiques néolibérales qui asphyxiaient la Grèce. Six mois plus tard, Tsipras capitule devant la Troïka et se fait le zélé serviteur de la stratégie du choc qu'il s'agissait de pourfendre. Les membres de Syriza qui dénoncent cette trahison quittent alors cette coalition, pour fonder Unité Populaire, un parti eurosceptique, d'inspiration marxiste et internationaliste : Kouvélakis est de ceux-là.

Unité Populaire est d'une formation bien trop récente pour obtenir des sièges au parlement lors des législatives grecques de septembre 2015, mais l'expérience est décisive : avoir vécu la fulgurante conquête du pouvoir, la trahison presque immédiate du projet de rupture, en dépit d'un soutien populaire massif, et la scission consécutive, avoir vu son pays mis à genoux par ses créanciers, aiguise nécessairement l'exigence critique et la profondeur du regard.

Sur le mouvement des Gilets Jaunes, c'était lui que je voulais entendre ; lui à qui une vie internationale (il vit en France, a ses racines en Grèce, enseigne à Londres, et c'est évidemment un brillant polyglotte) permet une vision panoramique particulièrement éclairante. Lui qu'une longue fréquentation des luttes politiques rend particulièrement expert, sans qu'il y ait perdu une once des ambitions anticapitalistes qui animent son engagement.

Le rendez-vous de notre entretien était pris depuis plusieurs semaines lorsqu'il a publié sur le site de nos camarades de Contretemps un article d'analyse du mouvement : Gilets Jaunes : l'urgence de l'acte, qui offrirait la matière première de ce Dans le texte. Article spectulairement pénétrant, combinant la hauteur de vue et l'exactitude du détail. Il y remet en perspective le surgissement de l'événement, à la fois inédit et attendu de longue date, examine minutieusement les contradictions qui traversent le mouvement des Gilets Jaunes comme celles qui travaillent les formations politiques qui l'environnent, et qui lui font des yeux de Chimène en tâchant de ne pas voir ce qui rend leur amour impossible (et que Stathis relève facétieusement).

Dans cette hauteur, nul cynisme, aucune condescendance, aucun évitement non plus : les contradictions, pour lui, ne doivent surtout pas faire l'objet d'un déni, mais elles ne sont pas non plus rédhibitoires. Il ne faut pas chercher à les expulser hors de soi, ni les considérer comme indépassables ; il faut les travailler. C'est à quoi il s'emploie vigoureusement, et à quoi il invite la gauche sociale et politique à oeuvrer, urgemment - car sinon, le pire est au rendez-vous. Le pire, ce serait d'abandonner le terrain de ce mouvement (singulièrement glissant) au flou de formulations populistes, qui en refusant l'analyse de classe - la seule qui permette de pointer le capital comme l'adversaire exclusif de nos luttes - ouvre la voie aux stigmatisations fléchées : de la "caste" à la "banque Rotschild" puis à la stigmatisation antisémite, il n'y a qu'un pas, que seule une rigoureuse position de lucidité anticapitaliste empêche de franchir. 

Judith BERNARD

Dans le Texte , émission publiée le 26/01/2019
Durée de l'émission : 77 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

34 commentaires postés

emission interressante avec un certain point de vue qui pourrait se completer par une autre avec Bruno Latour qui a dit des gilets jaunes qu'ils étaient "des migrants de l'intérieur quittes par leurs pays"...ca serait vraiment bien un Bruno Latour interroge par vous Judith, je crois que ca pourrait prendre des directions inattendues...

Par delphine b, le 20/02/2019 à 00h26

@Matt44 : Je crains que vous n’attribuiez, à moi et à la gauche libertaire à laquelle vous m’assimilez, des pouvoirs (d’empêcheur de révolution) que nous n’avons heureusement pas.

Je vous rejoins sur l’idée qu’aucun mouvement d’émancipation n’est chimiquement pur. Cependant, aucun mouvement ne peut non plus devenir émancipateur s’il refuse d’aborder certaines questions clivantes, comme celle de savoir qui doit être concerné par l’émancipation (les patrons autant que les ouvriers ? les ruraux plus que les banlieusards ? les citoyens et pas ceux qui n’ont pas droit à cette citoyenneté ?). Poser ces questions permet d’élaborer collectivement des réponses politiques et des stratégies de lutte, à la fois plus incluantes et plus efficaces (parce que moins on laisse de côté, plus on récolte de soutien).

Lorsqu’on entend les gilets jaunes de Commercy affirmer qu’il ne faut pas parler d’immigration, parce que cela risquerait de faire apparaître des désaccords, on est en droit de s’interroger sur la place qu’ils seraient d’accord pour laisser dans le mouvement aux immigré•e•s et descendant•e•s de l’immigration.

Je ne vais pas relever tous les qualificatifs que vous m’attribuez arbitrairement, mais sachez que c’est justement parce je préfère la lutte des classes internationaliste à la critique populiste de l’oligarchie mondialisée que je ne me retrouve pas dans ce mouvement. Vous avez donc raison de me croire obsédé par le « péril Le Pen », parce je considère que l’extrême-droite a à son actif une victoire que ne peut pas revendiquer pour elle la gauche : d’avoir mis ses thèmes au centre du débat public, et ses idées dans tous les esprits, jusqu’à ceux d’une bonne partie de la gauche radicale.

Par Ldpltr, le 13/02/2019 à 13h52

@FanClubLordon
Rejoins quelques commentaires, il est temps d'aller defendre vos idees sur les rond point, dans les mannifs.
"Votre peur c'est qu'on y arrive sans vous, vous les professionnels de la révolution de salon." Ldpltr
"Il me semble qu'au contraire, les extrêmes se renforcent à mesure que nous les insultons." Jérémie GENTY

Par galendel, le 12/02/2019 à 18h31 ( modifié le 16/06/2020 à 15h56 )

Pourquoi lutte ouvrière n'est jammais cite sur hors serie?

Par galendel, le 12/02/2019 à 17h45

Merci pour cet entretien.
Cela dit, je trouve une contradiction dans le discours de monsieur Kouvélakis qui s'inquiète de la recherche de consensus des GJ, et taxe les soraliens d'imbéciles (26:25).
La saine dissension démocratique passe avant tout par le respect des autres, quelque soit la nocivité de leurs idées.
Est-ce vraiment ainsi qu'il faut s'adresser aux sympathisants d'extrême droite pour espérer qu'ils changent d'avis ?
Il me semble qu'au contraire, les extrêmes se renforcent à mesure que nous les insultons.

Par Jérémie GENTY, le 09/02/2019 à 14h43 ( modifié le 09/02/2019 à 14h56 )

Bonjour je n'ai pas réussi à regarder l'émission en entier . Je remercie et rejoins le commentaire de @Ldpltr. Je comprends le grand désarroi et la détresse que doit ressentir le peuple grec.

Par véronique SONIER, le 06/02/2019 à 16h08 ( modifié le 16/06/2020 à 15h57 )

@ Ldpltr

Vous êtes le symbole même de pourquoi une certaine gauche libertaire est une empêcheuse de révolution.

Aucun mouvement d'émencipation n'est chimiquement pur aucun et a force d'attendre le grand soir et la convergence des luttes vous retardez son avènement.

Votre vision des GJ est tellement caricaturale qu'elle est en parfaite harmonie avec celle du grand capital, mais ce n'est pas nouveau puisque derrière vos postures vous êtes depuis toujours les idiots utiles de la lutte des classes.

Toutes les plateformes des GJ démontrent de jour en jour une structuration politique (sens noble) grandissante du mouvement allant vers des revendications de gauche mais vous faites semblant de ne pas le voir, quand les thèmes de l'extrême droite que vous voyez partout ils sont consciencieusement éliminé du discours global des GJ (voir le cas de la question posée de la remsie de la peine de mort sur la plateforme numérique du Vrai débat qui se voit retoquée a plus de 80% donc plus que dans la population globale) et même expulsé de plus en plus des manifestations elle même.

Après il y'a sûrement vos points mort comme vous le dites qui est votre incapacité a comprendre le vrai sens de l'internationalisatisme qui vous fait croire que la globalisation (que vous assimilez a l'internationalisme alors qu'il en est une négation marchande) est une bénédiction pour les peuples alors qu'elle est l'antithèse même des vraies idées d'Internationale, incapable de voir le mot nation est dans international.

J'ai moi défilé avec des GJ et a aucun moment je n'ai vu ou ressenti de la haine alors que je suis moi même un racisé bien au contraire et j'y est vu des amis de lutte rencontrer lors d'autres manifestations de n'importe qu'elle couleur.
Ce que je vois par contre c'est votre haine et votre mépris a vous, vous les petits bataillon de la gauche pseudo Révolutionnaire mais qui haïssent les prémisses de celle-ci.

Au fond vous avez peur, on le voit avec votre obsession pour le péril le Pen vous faisant oublié que lorsque le système est normal (donc hors format grand électeurs ou trucage judiciaire comme au Brésil), l'extrême droite n'a pas plus gagnée de bataille que la gauche et qu'elle en a même perdue, le fait que la jeunesse americaine se réclame socialiste sans honte par exemple, ou que les jeunes se soient de nouveau repolitisé en 2017 et vers la gauche en autre etc...
En oubliant que la France par sa structure démographique ne peut pas voir émerger un pouvoir hégémonique d'extrême droite, la France n'est pas la Hongrie/Italie/Autriche...

Votre peur c'est qu'on y arrive sans vous, vous les professionnels de la révolution de salon.

Par Matt44 , le 03/02/2019 à 12h30 ( modifié le 16/06/2020 à 15h57 )

Il est un peu bizarre ce professeur d’économie marxiste. Au début il nous met en garde contre les excès d’un mouvement qui ne lui semble chimiquement pas très pur :
- la revendication du pouvoir d’achat est ambivalente et pourrait être dévoyée par les libéraux, soit ;
- la proposition du RIC révèle bien une crise du système mais elle est ambiguë, certes ;
- ce mouvement, en mettant l’accent sur des thèmes fédérateurs (taxes, impôts, RIC, coûts de la vie, etc.) sans insister sur la nécessité de réformer les institutions ou encore sans proposer un projet politique plus large pourrait connaître une dérive de droite autoritaire voire fascisante, bien.

Bref, ces gilets jaunes sont suspects et avant de mouiller sa chemise dans le marais, notre professeur veut donner un sens émancipateur aux mots utilisés par les gilets jaunes (taxes, fiscalité, travail, cotisation, référendum,), intégrer aux revendications des thèmes plus audacieux comme la « planification écologique » la « sixième république » et nommer le véritable ennemi : le capitalisme… Et là, on se dit que Kouvelakis, tout à ses réflexions, risque de louper le coche. Le temps qu’il s’assure, du bord de son trottoir, que la situation française actuelle est différente de celle de la République de Weimar et que la petite chapelle d’épigones soraliens qu’il a su discerner dans les manifestations ne représente pas grand chose, les gilets jaunes avancent. La première «assemblée des assemblées » a prolongé le mouvement en réclamant le partage de la richesse, la lutte contre les inégalités sociales, le droit au logement, à la santé, à l’éducation, l’accès aux services publics pour tous. Excusez du peu. Peut-être même mettront-ils en œuvre de leur propre chef une sorte de propédeutique à la transformation sociale et politique que Kouvelakis semble appeler de ses vœux.
Heureusement d’ailleurs car, selon le « professeur », il ne faut rien attendre des acteurs plus traditionnels. A l’en croire, Jean-Luc Mélenchon est un caudillo en puissance et son mouvement un machin curieux, Besancenot est un sympathique commentateur égaré des événements, et « la gauche de gauche se contente de surfer sur le mouvement ».
Faut-il en attendre plus des intellectuels ? On aimerait que cela soit le cas.

Par Dominique Terres, le 01/02/2019 à 22h06

on peut voir sur you tube un débat filmé par médiapart, à commercy, avec les gilets jaunes de cette ville. il en était question dans l'émission. s kouvélakis, et un autre chercheur r chalier y prennent la parole et le débat entre eux, les journalistes de médiapart et les gilets jaunes est franc et expressif. l'horizontalité de la représentativité de ce mouvement est bien décrit, avec sa part d'égalité fraternelle.mais f bonnet de médiapart, doit s'y reprendre à 3 fois pour avoir l'avis de l'assemblé, quant à la responsabilité des patrons, sur le niveau médiocre des salaires...

Par luc lefort, le 01/02/2019 à 09h43

@GaM : ça a déjà été répondu par Judith ci-dessous :

@thomas roulet : Mettre cet entretien en accès libre consisterait à nous tirer une balle dans le pied. Notre modèle économique est fragile, il suppose que des gens s'abonnent, motivés par des entretiens exceptionnels qu'ils ne peuvent trouver ailleurs (comme celui-ci). C'est justement parce qu'il est extrêmement précieux que nous devons d'abord le réserver à nos abonnés - et à ceux qui nous rejoignent à cette occasion. En attendant, l'astuce consiste (ponctuelle, et de dernier recours) à filer vos identifiants à vos proches - le seul problème est que lorsqu'ils se connectent avec vos identifiants, votre propre compte se déconnecte automatiquement. Et bien sûr, il faut encourager vos proches à s'abonner : faute de quoi de tels entretiens n'existeront tout simplement plus !
Par Judith, le 26/01/2019 à 17h11

Je comprends et partage le point de vue de Judith. A nous (abonné·e·s) de faire (re)connaître le travail de qualité. Pour diffuser, il reste toujours l'extrait promotionnel.

Par Damien, le 29/01/2019 à 13h12 ( modifié le 29/01/2019 à 13h12 )

@ À Liliane, Bonjour, je vous cite ;
"On peut, on doit, remettre en question la Commission Européenne, et même envisager un Frexit plutôt qu'être broyé par l'asservissement au capitalisme, sans pour cela ouvrir aveuglément un boulevard aux chemises noires."
Je suis pleinement d'accord avec toute la première partie de votre commentaire m'étant adressé, ravie de constater que tout comme je le fais vous lisez les commentaires et parfois y répondez., c'est une preuve de l'intérêt que vous portez aux autres et d'ouverture d'esprit.
Dans votre phrase que je cite en copier/coller, jusqu'au mot "capitalisme" ,pas de problème, mais ce qui suit "ouvrir aveuglément un boulevard aux chemises brunes" permettez moi de vous dire que là vous vous fourvoyez lourdement, faute d'avoir parcouru superficiellement je ne sais quoi ou d'être déjà "influencée" par quelques propos nauséabonds concernant Mr Asselineau, ou l'UPR.fr.
J'ai 71 ans , une vie de militante et de votante de gauche depuis mes 21 ans, je suis profondément de gauche et profondément démocrate, et que je respecte totalement ce mot de Démocratie et tout ce dont il est puissamment chargé, et que si Mr Asselineau était de la graine ou du fruit pourri de "chemise brune" je le combattrais farouchement.De plus c'est un honnête homme, il n'a pas de "casseroles", même s'il a travaillé en tant que haut fonctionnaire avec des hommes de droite, peu recommandables parfois si on songe à Pasqua, mais en tant que nommé auprès de son ministère, on est très très loin des chemises brunes! Il ne cache rien d'ailleurs de son parcours professionnel . De surcroît si c'était quelqu'un ayant encore de sales affaires aux fesses ,là vous en entendriez parler dans les "grands médias" en boucle même!;=) alors qu'on ne le vois jamais , posez vous la question, pourquoi?
Vous faites fausse route, faute d'avoir peu ou pas consacré de temps. Le site de l'UPR est le seul site parlant de A à Z dans les moindres détails de la construction de l'UE et de la position de la France en particulier en son sein, mais de celle également d'autres nations .Le seul site parlant des caractéristiques économiques et politiques de l'euro.C'est un vrai site "politique" au sens noble, et accessible à tous dans la grande majorité de ses contenus (les conférences sont passionnantes). Vous y découvrez des gens d'un total dévouement à la cause" patriotique", sauver la France du désastre, et lui redonner justement sa démocratie, et sa SouverainetTÉ Nationale, sa SouveraineTÉ monétaire, rien à voir avec un quelconque "souverainisme "merdique à la le Pen.
À l'UPR tout le monde peut y venir sans se boucher le nez, toutes les tendances y sont représentées, toutes les couches de la société, toutes les générations, et que ceux qui ont adhéré ont bien compris qu'il s'agissait d'un mouvement transitoire de libération nationale face à l'UE, salutaire pour poursuivre le voyage futur sur le bateau France.En ce moment nous sommes en prison.
Alors commencez en préambule (vous approfondirez par la suite) par regarder le lien que j'ai donné à "morvandiaux"

https://www.youtube.com/watch?v=wUYHd8rnhj4 (copier/coller puis sur you tube )

Bon voyage vers le futur et à bientôt.

Par Catherine Richard_1, le 28/01/2019 à 15h57 ( modifié le 28/01/2019 à 16h03 )

Pourquoi ne pas mettre cette émission en accès libre pour alimenter la réflexion des gilets jaunes progressistes... puisqu'on parle d'urgence!

Par GaM, le 28/01/2019 à 11h53

Le peuple a, en effet, besoin de guides (si possible «  bac+6 » et à l’abri du besoin) pour ne pas verser dans le populisme.

Par Richard ZEMOUR, le 28/01/2019 à 11h52

Après les 12 premières minutes de l’émission, j’ai voulu faire une pause pour me relisser élégamment le poil tout hérissé tout moche. Canapé, « La guerre des pauvres » de Vuillard sous l’œil, peinard, l’idée saugrenue me prend néanmoins de jeter un œil sur BHL chez Ruquier. Mauvaise pioche. Ruquier a fait des jeux de mots sur Montebourg et sa nouvelle marque Bleu Blanc Ruche. Il en a loupé un qui colle à BHL : c’est le Beau de Ruche. Pour se détendre, loupé.
Transition avec notre ami Kouvélakis : ils font tous les deux, avec BHL, partie de cette génération qui a plutôt bien réussi sa vocation de génération, c’est-à-dire, comme disait Albert, de tenter de refaire le monde. Mais alors maintenant, devenus vieux (si, si, ils le sont), ils sont touchés par une cataracte carabinée qui les empêche un peu de VOIR (BHL, entre autres balivernes émues, disant que les policiers fautifs sont ou vont être punis tandis que les gilets jaunes ensauvagés et haineux sont tous en liberté, alors que c’est exactement le contraire).
Kouvélakis, c’est pareil. J’ai progressé aujourd’hui de 5 minutes dans son discours, mais c’est dur. Il fait très fort. Extraits et commentaires :
Les Gilets Jaunes n’ont pas obtenu grand-chose, et la mobilisation est plutôt faible, par rapport aux grandes luttes sociales de ces dernières décennies. Judith, timidement : le soutien populaire massif, quand même ? Ouiii, mais bon. Macron peut retourner les revendications …. On comprend au passage qu’il a écrit un bouquin sur lesdits mouvements sociaux et qu’il a un gros chagrin que son joujou à lui ait l’air tout à coup un poil démodé.
Après, c’est le chapitre « baguette magique ». Un peu de conte de fées dans ce monde de brutes. Les Gilets Jaunes seraient à la recherche d’une revendication « immédiatement consensuelle », d’où leur appétence pour cette idée de RIC qui ne suppose pas « les clivages ni le débat d’une opposition politique classique ».
Déjà, il n’est pas interdit de s’en réjouir : l’opposition politique classique, notamment celle qu’il a étudiée dans son bouquin en reconnaissant « qu’elle a été défaite », n’a rien donné depuis 40 ans contre le pourrissement ultralibéral du monde. Vouloir essayer autre chose n’est donc peut-être pas si con que ça, non ?
En fait, c’est justement ça, l’échec majeur des « médiations » vintage auxquelles il se raccroche. Au sein des susdites (partis, syndicats…), c’est le consensus qui est un a priori, et le disensus qui est clandestinement distillé ! Chez les Gilets Jaunes, au contraire, le disensus est constaté d’emblée, et on cherche à construire laborieusement du consensus. Et on leur demande de bâtir en deux mois un corpus politique dont tous les bien-pensants de gauche n’ont pas pu accoucher en 40 ans ?
Mais comme Kouvelakis est bloqué sur son idée de referendum démago-populiste au service de régimes autoritaires, il a pas vu passer 2005. Le Traité se vendait 5 euros dans les bureaux de tabac, et il venait en 3e position dans les débats au café du coin, chez moi, en Bretagne (le n°1, c’était le tiercé, parce que c’est un bar-PMU, et le 2, c’était le foot, parce que c’est le foot). Il n’a pas dû assister non plus à une seule réunion locale de Gilets Jaunes, le gars ? Il devrait. BHL, le Beau de Ruche, aussi. Ils verraient notamment comment évoluent les antagonismes et les clivages en s’excitant les neurones à grands coups de chaleur humaine.
5 minutes, aujourd’hui, c’était le maxi parce que c’est dimanche et c’est grand beau temps. Promis, demain, je regarde la suite. C’est dire si je suis courageux.

Par Jacques Quiniou, le 27/01/2019 à 16h14

Quel est le message ?
Le regret de la perte de contrôle des agissements du peuple ? Étonnant... Quid de tous les combats perdus d’une gauche de droite et d’une gauche tout en éclats de voix entre 2 sommeils profonds ? N’est-ce pas elle qui patiemment à jeté le peuple dans le lit de l’extreme Droite ?
Encore une fois, quel est le message ?
Il faudrait ce défier de cette colère coupable de tous les maux. Coupable de déranger les biens assis ?
Même si je vois bien le danger, je ne vois pas comment m’associer à ce regard là!

Par Piment, le 27/01/2019 à 14h18

Je me range du côté du premier message de Liliane qui remercie Mr Kouvélakis pour son analyse sur la suite à donner au mouvement des gilets jaunes que je soutiens depuis le début et que je remercie pour leur initiative et leur persévérance. Néanmoins, je rejoins Mr Kouvélakis sur le fait qu'il est temps (si j'ai bien compris son exposé) de revendiquer un arrêt des réformes de Macron qui, si elles sont mises en oeuvre comme il en a encore et toujours l'intention, vont transformer la société en profondeur et l'amener vers un fonctionnement anglo saxon pour ce qui est du social et continuer allègrement la politique économique ultra libérale qui sévit actuellement et qui, non seulement a créé des inégalités sociales comme jamais mais a malheureusement placé la planète dans un état d'effondrement sans précédent.
Que faut-il faire pour arrêter ça ? D'aucuns disent que dans un système économique mondialisé tel qu'il existe on peut difficilement faire autrement.... j'attends des intellectuels à l'instar de Mr Kouvélakis des pistes pour "aider" des mouvements populaires courageux comme les gilets jaunes à aller beaucoup plus loin pour enfin obliger les politiques et les gouvernements à stopper ce "massacre".
Je pense que pour ce qui est du mouvement actuel, tout en gardant leur détermination à rester dans le jeu mais avec de la bonne volonté on pourrait arriver à faire infléchir Macron et sa politique en s'écoutant les uns les autres.
C'est aussi de cette manière il me semble, que le RIC serait possible et éviterait les dérives perverses s'il était fait dans un large consensus un peu à la manière des jurés de justice ??

Par MR34, le 27/01/2019 à 11h55

@Catherine Richard
Il faut toujours s'écouter soigneusement les uns les autres, donc je suis allée sur le lien que vous proposez à morvandeaux.
Il serait plus clair de préciser qu'il s'agit de votre part de faire entendre les théories de Mr Asselineau, dont je ne nierai pas la vivacité intellectuelle, mais rappellerai qu'il est grand partisan du retour au souverainisme le plus dangereux, frayant avec la mouvance d'extrême droite.
On peut, on doit, remettre en question la Commission Européenne, et même envisager un Frexit plutôt qu'être broyé par l'asservissement au capitalisme, sans pour cela ouvrir aveuglément un boulevard aux chemises noires.

Par Liliane, le 27/01/2019 à 10h11 ( modifié le 27/01/2019 à 10h12 )

A morvandiaux,
Je vous cite "concrètement, après avoir le quart de la population dans la rue, comment expliquer la trahison des responsables de Syrisa? peut être hors sujet..."
Pas du tout hors sujet , votre question est justement d'une totale pertinence, car c'est poser la question des pouvoirs et contre pouvoirs politiques en Grèce, en France , partout dans les pays de l'UE , Pourquoi dans l'UE les peuples ne peuvent plus se faire entendre , car en fait c'est ça la raison ,nous ne sommes plus chacun sous notre clocher, nous sommes en UE , avec des traités extrêmement contraignants ,TUE TFUE, qui bloquent tout fonctionnement démocratique quel qu'il soit . Quel rôle économique et politique y tient l'EURO.Si vous voulez savoir et comprendre déjà beaucoup de choses sur ces questions, je vous recommande un site d'éducation populaire politique de très bon, voir d' excellent niveau , prenez le comme tel dans un premier temps, n'y voyez aucune intention de ma part; UPR.fr .Je vous invite à regarder en préambule cette vidéo ; https://www.youtube.com/watch?v=wUYHd8rnhj4
Tout ce qui c'est passé en Grèce , ce reproduira partout en Europe , se produit partiellement déjà avec l'austérité infligée à tous les pays de la zone. Il faut savoir pour comprendre comment fonctionne l'UE.C'est passionnant et vous saurez mieux quel choix faire .Car il y a un choix à faire, y rester c'est un risque considérable ou en sortir comme l'Angleterre pour minimiser les dégâts.

Par Catherine Richard_1, le 27/01/2019 à 02h22 ( modifié le 27/01/2019 à 02h24 )

Merci!! Merci Stathis Kouvélakis. Grand bol d'air ce rappel à la vigilance au-delà de notre suprise et de nos enthousiasmes car oui, j'en témoigne, un fumet âcre de sinistre mémoire par instants surgit et persiste au festin des foules actuelles, qui n'est pas que fumigène. Merci Judith

Par Liliane, le 26/01/2019 à 23h21

la gauche se résume à la FI, le NPA et les autonomes...les cocos effacés comme dans n'importe quel autre média, (il est vrai que l'Huma a déposé le bilan ce qui doit en réjouir beaucoup !) les marxistes n'ont-ils plus rien comme idées à partager ? Fabien Roussel n'a rien dit lors de son discours présentant ses voeux ? que du blablabla ? un peu donneur de leçon sans même évoquer la responsabilité de la sociale-démocratie qui porte la lourde responsabilité du discrédit ici et ailleurs ?
silence sur l'appel de la CGT à la grève le 5 février : occasion d'éclaircir quelques situations ? créer des convergences et situer la responsabilité du Capitalisme (mot interdit ?)

Concrètement après avoir le quart de la population dans la rue, comment expliquer la trahison des responsables de Syrisa ? peut-être hors sujet...

Par morvandiaux, le 26/01/2019 à 20h25

si il y a un affect commun entre extrème-droite et extrème-gauche dans ce mouvement gilets jaunes, c'est la façon unanime de cracher sur l'union européenne. depuis qu'ils ont voté ensemble "non" au référendum de 2005, ils cheminent en coeur et macron représente pour eux, le diable europhile absolu. l'appui des néofascistes italiens aux gilets jaunes est logique, stratégique.
s kouvélakis souligne l'antisémitisme présent dans ce mouvement, quand 10 millions d'électeurs ont voté le pen au deuxième tour en 2017, ils assument parfaitement la charge symbolique de ce nom, ce n'est pas un "détail".

ce pauvre coluche doit se retourner dans sa tombe, quand son génie subversif est récupéré en slogans, par des gilets jaunes ruminants d'aigreur ou d'anticonformisme... à la dupont-aignant!

Par luc lefort, le 26/01/2019 à 20h12 ( modifié le 26/01/2019 à 20h14 )

En fait Judith, je vous dois en effet une explication sur ce point, il est important et vous avez raison de le souligner, car ça peut être mal pris.Moi, en fait je vois votre visage, vous pas, nous ne sommes pas sur un pied d'égalité en cela, et c'est vrai qu'il est plaisant , mais ce n'est pas celui-là que j' évoque, c'est votre visage "mental" que je décris, votre finesse, votre pertinence la justesse et le côté incisif de poser la bonne question, de dénicher le bon document, d'avoir la justesse de perception et d'interprétation des textes , bref du pif, "une fouine au nez fin fouisseur", c'est mignon. Si je fréquente le site assidûment, c'est que j'y trouve largement mon compte. Bref, permettez moi, de vous dire que je vous trouve tout simplement "intelligente" et fine , mais que je ne le dis pas ainsi parce que cela aussi peut être très mal vécu, tout autant que dire à quelqu'un qu'il est beau ou laid ou gros ou je ne sais quoi.Vous conviendrez, j'espère qu'internet comporte des pièges et le sens de l'humour, comment il peut être perçu etc...C'est piégeant. Mais justement je ne suis pas une intellectuelle, pas du tout , mais une personne simple qui s'intéresse vivement à beaucoup de choses et adore communiquer, dans le respect croyez moi, et en essayant de se mettre toujours au diapason d'autrui,. J'ai choisi délibérément aujourd'hui un ton, disons ... "picaresque" dans ce conteste si particulier qu' induit le mouvement des gilets jaunes, qui bouscule en effet "les cadres de pensée", mais pas le mien figurez vous, enfin pas en profondeur ,je vis trop au jour le jour et chaque jour je m'adapte,. À HORS SÉRIE je me sens en confiance avec des gens qui de par leur "niveau" peuvent précisément interpréter , surtout vous.Vous qui avez tant justement l'intelligence des textes , le mien, n'est ni plus ni moins différent qu'un autre, comprenez le, et ne m'en veuillez pas.Je suis impertinente et jamais je ne changerai cela, c'est ma différence et j'y tiens , la preuve; BIEN À VOUS! NA!! ;=)

Par Catherine Richard_1, le 26/01/2019 à 19h56 ( modifié le 26/01/2019 à 19h58 )

@Catherine Richard : n'en faites pas une barrière de classe. Je vous lis semaine après semaine, quand vous postez des commentaires. Je vous écoute, vous comprends, et vous réponds souvent. Enseignante dans le 93, je ne suis guère impressionnée par les interactions avec des personnes qui ne me ressemblent pas. Mais l'interpellation par le physique - la fouine, le petit nez, tout ça : jamais. C'est une ligne que je m'impose et que j'impose à mes interlocuteurs.

Par Judith, le 26/01/2019 à 19h02 ( modifié le 26/01/2019 à 19h03 )

Dommage Judith, dommage de ne pas aller au bout , dommage de ne pas accepter le ton familier de la femme du peuple de base gilet jaune , dommage de ne pas accepter d'être plébiscité par elle dans le niveau de langage qu'elle choisit pour ce faire , dommage de rester dans sa tour d'ivoire ,dommage, vraiment dommage .C'est sûrement pas souvent qu'on a la visite d'une gilet jaune dans cet espace.Chacun dans son monde donc ? Nous ne serions pas du même apparemment ! Et bien ce n'est pas comme cela que nous nous entendrons ! Fâcheux pour une "intellectuelle" de gauche comme vous , la "fine fleur" de l'intelligentsia français, d'être si peu dotée d'humour et de se prendre tant au sérieux ! Aller , je ne vous en veux nullement , c'était une simple petite épreuve, même si vous avez raté l'examen pour aujourd'hui , dans l'ensemble vous faites du très bon travail et ça ne m'empêchera pas de revenir . J' ai de la constance , vous le savez bien.
Bien à vous.

Par Catherine Richard_1, le 26/01/2019 à 18h53 ( modifié le 26/01/2019 à 18h57 )

@Catherine Richard : un peu de self control, please. Je comprends que vous ayez des impulsions, des humeurs, des coups de colère. Mais vous ne serez pas lue en privilégiant ce mode de communication intempestif et brutal. En tout cas pas chez nous, où l'usage veut qu'on se parle (qu'on s'écrive) avec mesure (y compris dans l'usage des majuscules) - ce qui n'empêche nullement d'exprimer de très vifs désaccords. Je ne vais pas plus loin que la "fouine fouinassant" "avec ton joli nez ma belle" qui m'est manifestement adressé. Je ne souhaite pas qu'on s'adresse en ces termes à ses interlocuteurs par ici, qu'il s'agisse de moi ou d'autres.

Par Judith, le 26/01/2019 à 18h08

@Judith : Je ne suis pas certain que ce que vous nommez la « part d’ombre du mouvement » soit seulement de l’histoire ancienne ou un fait marginal. Il me semble au contraire que, par exemple, un certain nombre de biais et préjugés racistes ou du moins colonialistes sont structurellement présents à la fois au coeur de certaines revendications et au principe de certains points aveugles des GJ.
Considérer cela comme marginal conduit à invisibiliser et à exclure une partie des victimes (de l’injustice fiscale, territoriale, des violences policières, etc.), et à les opposer à d’autres victimes qui bénéficieraient (pour une raison que j’ignore), aux yeux des spectateurs et des organisations politiques, d’une plus grande légitimité.
Je suivrai, comme toujours, avec attention et intérêt, vos prochaines émissions sur le sujet.

Par Ldpltr, le 26/01/2019 à 17h37

Bonjour à tous deux,
23' 38 serment du jeu de paume, un moment clé, on fait une pause parce qu'après avoir entendu une bonne dose de contre vérités et d"élucubrations je dois vider ma glande à venin et me recadrer. Je suis une GILET JAUNE ,et mon carrefour à moi c'est internet et il est vaste, très vaste. Je suis une gilet jaune parce que je suis une petite retraitée modeste, malade de surcroît et qui depuis quelque mois doit payer une partie de ses médicaments non remboursés par la sécu. Je suis une gilet jaune de gauche depuis longtemps puisque j'ai 71 ans, et je suis une gilet jaune solidaire de tous les gilets jaunes de France (ce qu'il en reste) ,parce que j'en ai ras le fion qu'on me fasse tous les procès d'intention possibles et imaginables, qu'on m'affuble de pensées que je n'ai pas, qu'on essaie de me manipuler pour me récupérer. J'en ai ras la frange, comme tous les gilets jaunes du monde qui finirons par former la plus grande population de la terre CELLE DES CRÈVES LA DALLE,QUAND LES INTELLOS DE TOUT POIL BIEN NOURRIS CONTINUERONS ENCORE À VIVRE DE LEURS INEPTIES, mais cette fois sur les cadavres, ce qu'ils font aussi , ils déterrent à l'envie les morts et distordent sans cesse l'histoire idéologique ! Aller on redémarre...

36' 58 Ah! enfin, Judith est arrivéÉÉe ,comme ZORRO et comme d"hab propos pertinent en diablesse et au bout, la bonne question ,celle qui tue! 39'24 C'est reparti...bonne réponse jusqu'à42'39 attention la planification écologique pointe le nez , alerte! L'orage est passé . Oh, la, la, la VI ème république ! Danger! 47' 35 Bravo y s'en est bien tiré le monsieur même très bien! Sauf que ...et on verra plus tard. de 47'35 à 54'40 bonne analyse et arrive la question qui tue MIAM! Je l'aurais juré! Voyons comment y s'en tire ...jusqu'à 55'25 c'est correct mais ça commence à barrer en sucette en histoires de publications (les gens ne lisent pas , désolée c'est comme ça ) en "réunionnites" , on en est gavé, tout le monde en est gavé, et on a les gosses, les courses du samedi et le boulot ou le pointage à pôle emploi, c'est chié déjà! On continue...Ah oui c'est vraiment chié, les syndicats on y croit plus, la grève on peut pas ,plus de fric, peurs , 1h02 Judith, qu'est ce que cette fouine va encore" fouinasser"? OH QUE C'EST EXCELLENTISSIME , CRÉNOM QUE CE SOCIOLOGUE A PARFAITEMENT IDENTIFIÉ LE PROBLÈME DU LANGAGE ET DE TOUTES LES SUBJECTIVITÉS ET SOUS ENTENDUS QU'IL CHARIT, PARFAITEMENT INACCEPTABLES AUX "PROLÉTAIRES" D'AUJOURD'HUI, BRAVISSIMO! Bien fouinasser le docucu avec ton joli nez ma belle! 1h04 Le monsieur ne s'en tire pas mal dans un premier temps c'est vrai, mais il commet à mon sens ,si je puis me permettre une erreur sur ce dont il faudrait parler aujourd'hui aux " masses', il a encore cette vieille idée qui perdure dans la tête de la gauche, des "masses", les "masses" d'hier il fallait les éduquer au sens politique , celles d'aujourd'hui leur parler pouvoir d'achat, au fond c'est tout aussi con ,car il n'y a plus de "masses" et c'est bien ce qui fait l'originalité du mouvement des "gilets jaune", mais de notre société actuelle, c'est qu'elle est profondément diverse dans sa composition et déjà éduquée à bien des choses par elle-même , le mouvement refusant toute représentation, délégation etc signifie d'ailleurs parfaitement; "nous sommes des adultes, nous ne sommes pas des imbéciles, allez vous faire foutre, nous voulons la justice sociale et le droit plein et entier de notre citoyenneté". Ce sont tous des citoyens et qu'ils refusent tout cadre et tout amalgame, ce me semble de mon carrefour. Vous oubliez l'impact des nouvelles technologies, d'une par la télé , pas nouvelle, mais qui a son rôle (on peut rechigner mais c'est ainsi quand même) et d'internet qui permettent à tout un chacun de se constituer la culture qu'il veut avec ce qu'il a de façon autonome, les citoyens sont à des degrés divers, mais tout de même en majorité, "instruits", même si comme vous ils ne sont pas tous des universitaires , on leur fout des conneries dans la têtes justement pour mieux les dominer, mais ils ne sont pas dupes! La preuve ,le parti le plus important est celui des abstentionnistes ! Et je leurs donne raison, car il est réfléchi POLITIQUEMENT,même si moi-même je vote encore. 1'09 Ah! Judith tu me bottes ! Mais je ne suis pas d'accord avec le monsieur qui fait lui aussi un fourre- tout en mettant les GJ, enfin les citoyens, dans le même sac et que cela déboucherait vers des radicalisations fâcheuses, encore, je crois, cette idée de "masse".
Ma conclusion, d'abord, merci pour ce débat passionnant, même si j'ai pas pu m'empêcher de faire un caprice, je ne m'en excuse pas pour autant.Il me semble que la demande la plus impérative de beaucoup c'est de comprendre dans quel pays et dans quel monde ils vivent, d'avoir la "vérité", beaucoup encore, parce qu'on le leur fait croire, pensent qu'ils vivent en France,or il n'en est rien, nous sommes en UE, et comprendre l'histoire de la construction de ce bastringue et comment il fonctionne c'est tout comprendre, comprendre l'euro ,cette monnaie dont on ne leur a jamais rien dit, pourquoi ils subissent de plein fouet le libéralisme le plus terrifiant et brutal, plus brutal encore que le capitalisme d'antan, pourquoi les portes de l'espoir se referment, pourquoi voter Duchmoll ou Tartampion ou ne pas voter c'est la même chose, etc etc , le premier qui leur dira tout en détails aura gagné la timbale! Et surtout, pourquoi et comment il faut en sortir et d'ART D'ART, c'est l'histoire d'une oeuvre d'art...
Si vous en connaissez un, surtout faites en la promotion, on gagnera beaucoup de temps!

Par Catherine Richard_1, le 26/01/2019 à 17h36 ( modifié le 26/01/2019 à 18h31 )

@thomas roulet : Mettre cet entretien en accès libre consisterait à nous tirer une balle dans le pied. Notre modèle économique est fragile, il suppose que des gens s'abonnent, motivés par des entretiens exceptionnels qu'ils ne peuvent trouver ailleurs (comme celui-ci). C'est justement parce qu'il est extrêmement précieux que nous devons d'abord le réserver à nos abonnés - et à ceux qui nous rejoignent à cette occasion. En attendant, l'astuce consiste (ponctuelle, et de dernier recours) à filer vos identifiants à vos proches - le seul problème est que lorsqu'ils se connectent avec vos identifiants, votre propre compte se déconnecte automatiquement. Et bien sûr, il faut encourager vos proches à s'abonner : faute de quoi de tels entretiens n'existeront tout simplement plus !

Par Judith, le 26/01/2019 à 17h11

@Ldpltr : les discours complotistes, les agressions sexistes ou racistes, bref, la part d'ombre du mouvement des Gilets Jaunes fait l'objet de nombreuses réflexions dans cet entretien ; on ne peut pas dire que nous les passons sous silence. IL faut tout de même insister sur un fait significatif : cette part d'ombre ne remonte plus dans les listes de revendications qui émanent des différents points de fixation des Gilets Jaunes. Cela semble signaler leur caractère relativement marginal dans le mouvement ; cela ne veut pas dire que ce n'est pas inquiétant, mais cela ne saurait constituer le coeur de l'analyse, puisque ce n'est pas le coeur du mouvement - ça ne correspond pas à son expression majoritaire lorsqu'elle se structure pour se faire connaître... Par ailleurs, il y aura d'autres émissions consacrées aux Gilets Jaunes, et bien des points pourront encore être examinés.

Par Judith, le 26/01/2019 à 17h06 ( modifié le 16/06/2020 à 15h57 )

Merci beaucoup , Judith, Stathis Kouvelakis. Abonné de la premiere heure a votre, s'il vous plait, mettez cette interview en acces libre ! j'aimerai beaucoup pouvoir la partager autour de moi .
Cordialement

Par thomas roulet, le 26/01/2019 à 16h47

Je trouve inquiétant que le mouvement des gilets jaunes ait fait l’objet de plusieurs émissions par votre équipe et qu’y soit systématiquement évitée la question du racisme et du rejet de l’immigration, pourtant prégnante dans la structuration sociologique et politique du mouvement (discours complotiste sur le pacte de Marrakech, migrant•e•s livré•e•s à la police, rhétorique souverainiste et thèmes nationalistes, opposition construite entre de prétendus délinquants de banlieue venus piller et de véritables gilets jaunes manifestant pour le peuple, etc.). Il en est de même pour le sexisme ou l’anti-féminisme (manifestation « féminine mais pas féministe » des femmes gilets jaunes, mépris pour les manifestations #NousToutes et #NousAussi du 24 novembre), le virilisme et le rejet des minorités de genre et sexuelles qui apparaissent dans les discours et sur les pancartes des gilets jaunes.

Je conçois que vous puissiez considérer ce mouvement comme potentiellement émancipateur, que vous y consacriez du temps et que vous délaissiez à son profit d’autres thèmes qui pourraient pourtant faire l’objet d’émissions tout aussi intéressantes et proches de l’actualité. Mais il me semble que la faible présence (réelle ou proclamée par les divers porte-paroles gilets jaunes) des minorités en général et des personnes racisées habitantes des quartiers populaires en particulier, au sein du mouvement, ou du moins le manque de réceptivité de ce dernier face aux tentatives de jonction mises en œuvre notamment par des militant•e•s antiracistes et issu•e•s des quartiers (comme le Comité Vérité et justice pour Adama, le mouvement lycéen et la participation du Front de mères à ce dernier) devraient au minimum vous interroger et faire l’objet d’un traitement conséquent.

L’absence d’un discours clairement antifasciste de la part des organisations de gauche - mais aussi des médias indépendants et des intellectuels qui y interviennent - face au confusionnisme à tendance complotiste qui irrigue une grande partie du mouvement, contribue en effet, comme le note heureusement Stathis Kouvelakis dans cet entretien, à renforcer un antisémitisme se substituant à l’anti-capitalisme. Mais le parallèle devrait être fait avec le discours anti-assisté•e•s, dirigé notamment contre les racisé•e•s et contre les exilé•e•s, ainsi qu’avec le rejet des minorités caractérisé par un certain nombre d’agressions verbales et physiques de la part de manifestant•e•s.
Plutôt que de souscrire avec empressement à l’hypothèse d’un mouvement servant de « sas de délepénisation », il me semblerait plus à propos de questionner, à tout le moins, les cécités manifestes du mouvement, qui l’empêchent de devenir véritablement progressiste et qui excluent de fait de nombreuses personnes (notamment parmi la « mouvance autonome » qui ne se réduit pas, comme Judith Bernard semble le suggérer ici, aux lecteurs du Comité invisible et de Lundimatin) pourtant spontanément sympathisantes de la plupart des révoltes populaires et également concernées par certaines injustices contre lesquelles luttent les gilets jaunes.

Être à l’écoute des revendications des exclu•e•s du mouvement social permettrait d’accroître sa teneur émancipatrice et de renforcer le soutien envers celui-ci, plutôt que d’y nuire. Je vous remercie toutefois pour cet entretien (qui fait un pas en ce sens) et pour le reste de votre travail à Hors-Série !

Par Ldpltr, le 26/01/2019 à 16h08 ( modifié le 26/01/2019 à 16h09 )

@Jacques Quiniou : je ne saurais trop vous recommander d'écouter l'entretien en entier - vous semblez vous braquer sur certains propos de Kouvélakis (que vous mésinterprétez, par ailleurs : à aucun moment il ne conclut : "les Gilets Jaunes sont des ultralibéraux.", contrairement à ce que vous affirmez ; il signale une récupération possible par le logiciel néolibéral, c'est très différent) propos, qui, entendus et compris dans leur intégralité et leur intégrité ne devraient pas vous mettre dans un tel état de "hérissement". Respirez, poursuivez, vous verrez : c'est éclairant et mobilisateur.

Par Judith, le 26/01/2019 à 15h39

Qu’est-ce qu’il est intelligent, ce mec ! En tout cas, il en est visiblement persuadé.
Quelques exemples de rigueur dans l’argumentation :

-Le pouvoir d’achat, redistribué grâce à une diminution de l’impôt, est dans l’ADN du libéralisme depuis Thatcher et Reagan.
-Or les revendications des Gilets Jaunes « vont dans ce sens ou tout au moins sont compatibles avec ça »
-Donc les Gilets Jaunes sont des ultralibéraux.
Et Youpi. Puisque c’est compatible, je vous dis. On peut pus rien dire.

-Malgré cette exigence de pouvoir d’achat, on ne voit pas trop émerger la revendication d’augmentation des salaires, pourquoi ?
-Parce que les indépendants et patrons de TPE sont contre (pardi, ils ne peuvent pas !).
-Donc il y a une contradiction profonde dans le mouvement.
(Déjà, c’est de l’analyse à 2 balles, parce qu’il y a quelques autres façons d’augmenter le pouvoir d’achat sans forcément augmenter les salaires. C’est d’ailleurs ce qu’il va dire lui-même, le gars, 5 minutes après, en disant que, de toute façon, on ne peut pas résoudre le problème sans une intervention de l’Etat. Ben oui. Alors, pourquoi tu t’énerves à inventer des contradictions, sous le simple prétexte qu’elles collent avec tes schémas ?)

Le plus rigolo, c’est quand même l’argumentation sur le RIC (enfin, sur l’idée qu’il se fait du RIC, le gars).
-Oui, il existe en Suisse et en Italie (ce qui ne veut absolument pas dire qu’on va copier sur ces modèles-là. Le RIC est un principe d’initiative populaire, pas -encore- un traité de droit public).
-En Italie, OK, ça peut aller. Mais en Suisse, il a pu donner voix à des « majorités réactionnaires ». Ce qui veut dire, en clair, que quand la majorité est réactionnaire, il faut lui fermer la gueule ? Flashball, ou comment que c’est-y qu’on fait ?
-Le RIC, c’est le symptôme de l’effondrement des médiations ». Mais oui ! Enfin, presque. De l’effondrement des médiations TELLES QU’ELLES EXISTENT, oui. Là, d’accord.

A ce moment-là intervient Judith. Le RIC comme justification tactique ? Ouf ! Merci Judith ! Evidemment, que le RIC est un coin institutionnel (un coin comme ceux qui font éclater les bûches, bien sûr). Evidemment que ses modalités restent à définir, et qu’elles donneront lieu à des antagonismes. Mais arriver en un mois à concevoir et à défendre un horizon fédérateur, c’est déjà mieux que ce que la gauche a fait depuis 40 ans, non ?
Bon. J’en suis qu’à 13 minutes de sa péroraison et j’ai déjà le poil tout hérissé. J’en prendrai 10 autres minutes demain. Précaution homéopathique.

Par Jacques Quiniou, le 26/01/2019 à 15h24

Je n'ai plus aucune confiance dans le vocable "gauche". On voit comment les gens "de gauche" ont saboté et coulé la FI, par exemple. On voit comment le NPA se fait (sans doute par naïveté, mais rester naïfs pendant 40 ans, est-ce possible?) le meilleur allié du capital avec son pseudo-internationalisme bourgeois.

Par Florac Emmanuel, le 26/01/2019 à 12h42