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Les peuples du populisme

Aux Ressources

Gérard Bras

« Populiste ». Le terme est employé comme une insulte visant à disqualifier le programme de Jean-Luc Mélenchon, avant que le candidat de la France Insoumise non seulement se l’approprie sur le mode provocateur du retournement de stigmate, mais l’endosse à part entière comme stratégie. Pour la présidentielle de 2017, l’auteur de L’Ere du peuple a notamment puisé dans les travaux de la philosophe politique belge Chantal Mouffe, également proche des fondateurs de Podemos, pour donner le ton à une campagne qui se détourne progressivement des mots de la « vieille gauche ».

Cette réorientation me laisse perplexe : est-ce un problème d’abandonner l'étiquette de gauche, au motif que le signifiant a été trop sali par des décennies de compromissions socialistes ? Sur le fond, le programme économique et social de Mélenchon demeure conforme à ce que j'attends d’un programme de gauche, mais sur d’autres sujets, notamment l’immigration, quelques formules malheureuses m’ont pour le moins gênée… La faute à son virage populiste?

C’est avec ces interrogations en tête que j’ai invité le philosophe Gérard Bras, ancien directeur de programme au Collège International de Philosophie. L’auteur des voies du peuple. Eléments d'une histoire conceptuelle, (Editions Amsterdam) développe en effet une puissante réflexion pour répondre à une question clé : dans quelles conditions la notion de peuple peut-elle être un « opérateur du discours politique susceptible de produire l’unité d’une masse agissant sur le mode de l’émancipation » ?

Laura RAIM

Aux Ressources , émission publiée le 07/04/2018
Durée de l'émission : 78 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

8 commentaires postés

Entretien très intéressant et utile !

Juste un rappel, de forme mais pas seulement, sur "l'hypothèse de la schizophrénie" concernant De Gaulle :
https://paris-luttes.info/et-pourtant-la-langue-francaise-10473

Par Pierre Colette, le 22/07/2018 à 14h34 ( modifié le 22/07/2018 à 14h35 )

j'ai envie de lire ce livre, parce que les questions posées me laissent perplexe sans comprendre pourquoi elles sont posées!!!!

Par ahurie, le 13/04/2018 à 16h03

Amy Av

Je ferais deux commentaires à votre message :

- L'action n'exclut pas des réflexions théoriques et vice-versa. Qui vous dit que Gérard Bras et d'autres intellectuels invités sur ce site ne s'investissent pas par ailleurs dans diverses formes de militantisme ?
- Passer à l'action, qu'est-ce que cela veut dire, selon vous ? Auriez-vous un exemple à donner ?

Par J. Grau , le 10/04/2018 à 19h21

Pendant que les intellectuels pinaillent sur l’interprétation à donner à "populisme" en des termes à la limite de l'indéchiffrable,l'extrême droite fasciste est lâchée dans le pays comme ailleurs Dash a été répandu à des fins de déstabilisation. Que les "sachants" passent à l'action, il y a urgence.
Une bouteille à la mer...

Par Amy Av, le 09/04/2018 à 10h14

J'ai bien aimé l'émission. Bravo à l’intervieweuse ! Les questions sont toutes très bien millimétré et permet d'aller au bout de la logique de Gérard Brass. J'ai également apprécié le moment où ce dernier théorise les travers de la stratégie populiste avec l'apparition de traitres. Après de là à lire son bouquin... j'ai toujours l'impression que le contenu de l'émission me dispense de le lire (je sais c'est terrible à dire mais c'est que je constate depuis que je suis abonné).

Par Etienne Borzeix, le 08/04/2018 à 19h36

Merci pour cet entretien instructif et stimulant.

Je suis assez d'accord avec la critique que fait Gérard Bras du populisme de Laclau (même si ce penseur est sans doute plus complexe que les analyses de seconde main que j'ai pu lire sur son œuvre). Effectivement, il n'est sans doute pas très sain de taire les conflits ou les divergences d'intérêts présents au sein du "nous". Je regrette cependant que G. Bras ait dit les choses de façon assez abstraite, sans se référer à aucun cas particulier actuel. Il me semble qu'une analyse en termes de classe aurait été intéressante. Si l'oligarchie (financière, politique, économique et médiatique) domine encore largement, alors qu'elle est très minoritaire d'un point de vue numérique, c'est qu'elle n'a pas en face d'elle des citoyens égaux et unis contre l'oppression, mais des classes plus ou moins antagonistes. Si les petits patrons subissent la domination des grandes entreprises, par exemple, ils se sentent rarement solidaires des salariés qu'ils exploitent (parfois à leur corps défendant). Vouloir gommer ces divergences de classes par le mot magique de "peuple" est donc très dangereux. Si des alliances stratégiques sont nécessaires contre l'ennemi commun, il ne s'agit pas de les penser naïvement comme une grande réconciliation populaire qui mettrait fin à tous les conflits. Cf. à ce sujet cet article de Serge Halimi, dans le Monde diplomatique :
https://www.monde-diplomatique.fr/2017/08/HALIMI/57816

Par J. Grau , le 08/04/2018 à 15h07

Le litige fondamental est celui sur la valeur économique. Je partage cette nécessité inclusive: une mobilisation de notre nous ce ne peut être que sur une affirmation positive: nous produisons la valeur économique, nous devons en être non seulement propriétaire, mais maîtres. Il faut en ce sens réfléchir aux droits économiques de la personne pour une démocratie effective. Le problème n'est pas eux, mais nous. Ce qui est d'ailleurs rassurant: les solutions s'y trouvent aussi.

Par jeremie chayet, le 07/04/2018 à 18h33

le peuple n’est pas chose simple, mais un concept nécessairement ambivalent. Le réduire à une définition reviendrait au geste d’enfermer une identité nationale dans des invariants fantasmés (ethnie, religion, langue, territoire), alors qu’il s’agit toujours de « parler d’une pluralité (ou multiplicité) des peuples, qui ne serait pas marquée au coin de l’ethnos (en particulier dans la forme du néo­nationalisme, pour ne rien dire du néofascisme), mais articulée à la perspective démocratique » les classes sociales ? concept dépassé, résidu marxiste...quand au mot Capitalisme : désuet...bon je vais relire "L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme" de Lénine, çà date de plus d'un siècle, j'ai besoin d'un rafraichissement !!
Il y aurait EUX et NOUS : fils d'immigré portugais suis-je vraiment parmi nous ? de moins en moins...

Par morvandiaux, le 07/04/2018 à 17h20 ( modifié le 07/04/2018 à 17h26 )