121 minutes jusqu'à la fin du monde
Diagonale Sonore
Guillaume Kosmicki
Raphaëlle Tchamitchian
Ça fait des années que, dans mes articles pour la presse musicale, j'écris que les styles sont dorénavant obsolètes, que les frontières entre les genres n'ont plus lieu d'être et que les musiciens se nourrissent de toutes les influences qui sont à leur portée indifféremment de leur provenance. Autour de moi, c'est un fait acquis pour tout le monde. Pourtant, on ne cesse de (se) le répéter, et ce depuis au moins 10 ans, ce qui prouve que ça ne doit pas être si évident que ça. En effet, l'institution semble à la traîne — beaucoup de musiciens doivent se battre pour exister parce qu'ils ne cochent pas les bonnes cases, ou parce qu'ils en cochent trop à la fois — et, parfois, ce sont les artistes eux-mêmes qui s'enferment dans des chapelles (le jazz en est un exemple particulièrement friand).
En proposant un élargissement de la définition des "musiques savantes", le musicologue Guillaume Kosmicki ajoute sa pierre à l'édifice. Comme il l'explique longuement dans l'entretien, de la définition originale il ne retient qu'une partie, afin de pouvoir intégrer dans le tiroir des musiques d'art, à coté de Debussy, Steve Reich et John Cage, des artistes aussi divers que Pink Floyd, John Coltrane, Björk ou John Zorn. Certains ont pu le lui reprocher, ici nous le saluons. Et si la musique écrite domine son ouvrage, nous avons volontairement choisi d'évoquer aussi quelques artistes dits de "musique populaire" issus de sa sélection, pour contribuer encore un peu plus à faire tomber ces maudites barrières. Notre (longue) discussion dessine ainsi une vue d'ensemble de la musique occidentale du XXe siècle, forcément incomplète, mais, je l'espère, stimulante.
Bibliographie & Discographie
Guillaume Kosmicki, Musiques savantes, Tome I, De Debussy au Mur de Berlin, 1882-1962, Marseille, Le Mot et le Reste, 2012
Guillaume Kosmicki, Musiques savantes, Tome II, De Ligeti à la fin de la Guerre Froide, 1963-1989, Marseille, Le Mot et le Reste, 2014
Guillaume Kosmicki, Musiques savantes, Tome III, De John Zorn à la fin du monde, et après..., 1990-2015, Marseille, Le Mot et le Reste, 2017
Debussy, Pelléas et Mélisande, 1902
Stravinsky, Le Sacre du Printemps, 1913
Kurt Weill & Bertolt Brecht, L'Opéra de Quat'Sous, 1928
John Adams, Nixon in China, 1985
Pink Floyd, Atom Heart Mother, EMI, 1970
John Coltrane, A Love Supreme, Impulse, 1964
John Zorn, Naked City, Nonesuch records, 1990
Björk, Medulla, Wellhart Ltd/One Little Indian Ltd, 2004
Fausto Romitelli, Professor Bad Trip, Lessons I-III, Ricordi, 1998-200
Commentaires
5 commentaires postés
Merci à tous pour vos commentaires positifs !
@ gynko : Magma fait partie des rares musiciens que nous n'évoquons pas dans cette émission ! Peut-être l'esthétique noire de la photo de Raphaël Schneider vous a-t-elle induit en erreur...
Par Raphaëlle Tchamitchian, le 13/10/2017 à 13h48
Merci à tous les deux, passionnant.
A Guillaume Kosmicki de partager son érudition de manière si plaisante à écouter, et notamment, entre autres nombreux éléments, à Raphaëlle Tchamitchian d'avoir obéi à son impulsion d'amener la question concernant l'opéra mettant en scène Mao et Nixon : je ne vois aucun autre endroit où j'aurais eu une chance d'entendre parler de cette création et de son contexte historique !
Par Pompastel., le 07/10/2017 à 17h34 ( modifié le 07/10/2017 à 17h35 )
Je ne regrette vraiment pas mon abonnement à votre site :)
J'avais acheté il y a quelques années le livre de M. Kosmicki Musiques électroniques : Des avant-gardes aux dance floors, 2009.
Je n'avais pas réussi à le terminer, ma culture musicale historique étant vraiment faible et voulant du coup écouter chaque morceau/groupe cité dans le livre pour m'en faire une idée.
Grâce à votre émission, je compte aujourd'hui m'y replonger !
Par rm, le 07/10/2017 à 14h46
Je vous remercie pour cette excellente et fort enrichissante émission musicale. Passionné de musiques et d'histoire depuis de fort nombreuses années, je ne pensais pas en apprendre autant en si peu de temps.
Par Saâd Kadhi_1, le 03/10/2017 à 23h38
L'allusion à Fukuyama est très bien vue ! "Aller partout , plus vite pour voir et entendre la même chose !" ...c'est assez effrayant , même en matière de musique ...l'exemple qui peut venir à l'esprit est la "world music" , sorte de concasseur des particularités ...
Par Jean-Michel Guiet, le 30/09/2017 à 16h43 ( modifié le 30/09/2017 à 16h45 )