Alterdémondialisation
Aux Sources
Aurélien Bernier
L'autre jour, à la télé j'ai regardé le débat des primaires de la Belle Alliance (sic). Il y avait Arnaud Montebourg, il expliquait que si on votait pour lui il allait protéger la France contre la "mondialisation malheureuse". Je me souviens que la dernière fois qu'il en avait parlé, il était derrière un pupitre semblable. Après il était devenu ministre du redressement productif, il voulait donc redresser le pays et pour ce faire, mener la bataille du Made in France. Il a commencé par les marinères et les robots ménagers. On a depuis assisté au retour de la production des Solex et à la création d'une marque : Le slip français, à laquelle je ne peux désormais m'empêcher d'associer M. Montebourg. Je ne sais pas si son équipe de campagne en est consciente.
Personnellement, les slips français moi je suis pour, les chaussettes aussi d'ailleurs. J'ai juste une crainte : si la démondialisation ça consiste essentiellement à redresser l'économie nationale et permettre à la France de retrouver sa place dans le grand marché mondial, qui, lui, resterait peu ou prou le même, j'ai peur d'être un poil déçue. On aura beau inonder le monde de slips fabriqués en France, il y a peu de chance que ça suffise à rendre la mondialisation moins malheureuse.
La démondialisation décrite par Aurélien Bernier dans son dernier livre La démondialisation ou le chaos, (Utopia 2016) est un projet légèrement différent et disons le, un peu plus radical. Il ne s'agit pas d'acheter français, pas seulement. Il est question ici de repenser complètement la manière dont on organise les échanges commerciaux et la coopération internationale. Pour lui un programme de gauche cohérent et efficace doit s'appuyer sur 3 piliers : souveraineté populaire, coopération internationale et décroissance, dont aucun à lui seul ne pourrait faire tenir l'édifice. Trois projets qui ont eu jusqu'ici plutôt du mal à cohabiter au sein d'une gauche radicale dont il avait déjà entrepris de décrire les angles morts (La gauche radicale et ses tabous, Seuil 2014). En le lisant, on se rend compte à quel point il nous est difficile d'imaginer une organisation du monde aussi radicalement différente de celle que l'on a toujours connue. On est donc tenté de le croire lorsqu'il dit qu'avant d'espérer remporter une bataille électorale, les porteurs d'un tel projet devront d'abord gagner une sacré bataille intellectuelle.
Commentaires
7 commentaires postés
Bien d'accord avec Dominique LAB.
Cette émission donne l'occasion d'entendre des propos effectivement très posés, clairs et pragmatiques sur une possible agrégation des problématiques de la gauche actuelle.
What else ?
Par Düb, le 28/01/2017 à 21h03
@morvandiaux,
Il me semble que les sujets "non abordés" sont inclus dans ceux abordés.
Par exemple le développement sur les multinationales intègre de facto le problème de l'évasion fiscale, Aurélien Bernier a longuement parlé du partage des richesses dans la partie décroissance, il a parlé également des nationalisations nécessaires y compris bancaire (ce qui inclut la spéculation), des marchés militaires etc...
Il me semble que son propos consiste à expliquer le territoire minimum pour engager une action radicale et il a ensuite développé avec une rare clarté la colonne vertébral d'un ensemble d'actions et comment les mener.
L'intérêt est, me semble-t-il, d'expliquer les conditions de la faisabilité d'une réforme radicale. Alors que le catéchisme habituel nous explique que justement une telle entreprise est une utopie et donc, chers électeurs, circulez, il n'y a rien à voir.
@Marc Gébelin,
Pour moi, Maja, c'est son rire spontané et son naturel hésitant, sinon ce n'est plus Maja.
Pour le formatage, on a Pujadas, qui ne rit pas, qui de ne dit pas "euh" mais dont le formatage cache un "non intérêt" abyssal.
Gardez-vous d'une (ré-)éducation même gratos....
Par Dominique L, le 21/01/2017 à 21h18 ( modifié le 21/01/2017 à 21h20 )
+1 avec @morvandieux.
J'ajouterai que j'ai entendu pendant plus d'un heure, un type coincé dans une bulle, définissant mal le contexte social et ses évolutions. Les ifokon et yapuka, c'est fini ça.
Par Rackim, le 15/01/2017 à 11h04 ( modifié le 15/01/2017 à 11h08 )
Superbe émission où l'on apprend beaucoup. Merci Maja pour ce dynamisme communicatif !
Par Jopa Elleul, le 14/01/2017 à 20h10
J'aime beaucoup Maja. Serais-ce lui faire offense que de lui demander d'être plus concise dans ses questions, de ne pas "bégayer", je veux dire poinçonner sa parole de euh en surnombre, de sourires (voire de rires innocents) fort agréables au demeurant puisque mettant en valeur justement cette innocente fraîcheur, mais qui sont souvent hors-sujet.
Déjà que beaucoup d'invités ont du mal dans le temps imparti à nous communiquer la quintessence de leur travail, si en plus de leurs bégaiements à euh, il nous faut entendre ceux de Maja, c'est éprouvant et on arrête le film... Maja, des formations existent dans ce domaine! Parler, exposer sa pensée requiert une méthode, un entrainement. Je peux vous donner des cours free of charge of course...
Je suis conscient de mon ironie "dissolvante", de la sévérité de mon jugement mais je les maintiens tel quels. Tout être humain peut (et doit) s'améliorer.
Par marc gébelin, le 14/01/2017 à 19h40
Un grand merci pour la découverte de la pensée d'Aurélien Bernier que je n'avais jusqu'alors qu'effleurée. Merci à Maya et aussi merci à Hors Série d'assumer cette position pas toujours facile d'incarner une position "de gauche critique" en invitant des individus parfois iconoclastes qui, s'il se réclament eux aussi de ce courant, ne sont pas sans faire grincer des dents tant ils repensent les lignes de fracture traditionnelles gauche / droite et s'attaquent à certains tabous. La réponse particulièrement sensée et mesurée de Bernier le prouve.
Sa pensée, expliquée avec une clarté rare et qui doit être soulignée, est intéressante en ce qu'elle reprend de façon objective les limites des courants qui la compose. Et permet d'allier à un radicalisme assumé un pragmatisme qui consiste à avouer l'impossibilité de réformer les institutions internationales de l'intérieur. Le recours au territoire nationale n'est dès lors que conjoncturel et destiné à renforcer la souveraineté politique.
En revanche, une petite déception de voir que l'entretien se résume presque à un (brillant) monologue, tant Maya reste en retrait et semble ne pas vraiment assumer ses rares contradictions ou doutes, qui sont pour certains très légitimes. Il ne faut pas hésiter! Le débat ne s'en trouveras que plus éclairé!
Par Vincent DONNE, le 14/01/2017 à 17h41
il me semble que l'essentiel n'a pas été abordé : même le mot "Capitalisme" n'a pas été prononcé, évasion fiscale, produits spéculatifs, accumulation sur les 1%, nationalisations bancaires, armement, publicité etc...
Par morvandiaux, le 14/01/2017 à 17h39 ( modifié le 14/01/2017 à 18h08 )