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Théâtre populaire, Femme savante

Aux Ressources

Diane Scott

La critique Diane Scott vient de soutenir sa thèse, « Théâtre du Peuple, critique de la culture ». Sa réflexion pointue m’a passionnée, j’ai voulu la partager. Les raisonnements sont par moment complexes, mais ça vaut le coup de s’accrocher.

Elle part d’un paradoxe : à l’ère du néolibéralisme gestionnaire qui se tient à distance de tout projet d’émancipation égalitaire et se méfie des « excès de la démocratie », c’est à la culture en général et au théâtre en particulier que l’on demande d’être démocratique, égalitaire, émancipateur et populaire. « La meilleure réponse au Front National, c’est le théâtre, » proclame par exemple le directeur du Théâtre du Rond Point en 2002. C’est dire si l’époque attend beaucoup du théâtre. La droite s’empressera de désigner « crise de la culture » la difficulté à remplir cette mission impossible, « crise » bien utile pour justifier le désengagement croissant de l’Etat.

Diane Scott analyse ici les différentes ambitions du théâtre dit « du peuple » : accueillir, armer et faire advenir le peuple. Elle déconstruit aussi bien le discours sur la « crise de la culture » que le fantasme d’une culture « populaire » passée, vierge de toute distinction entre culture savante et culture populaire. Refusant le piège de l’injonction à produire un théâtre émancipateur, Diane Scott ne renonce pas pour autant à penser un théâtre qui tienne ensemble art et politique.

Son site : lescorpssecrets.fr
Sa Revue : Revue Incise

 

Aux Ressources , émission publiée le 10/09/2016
Durée de l'émission : 60 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

11 commentaires postés

DIane Scott est passionnante et sa langue est très belle, même si (et peut-être parce qu') elle demande une extrême attention
(la tentation, souvent, de faire "pause" pour reprendre mon souffle et bien m'assurer que j'ai tout compris),
mais la pensée est limpide,
elle parle, j'imagine, comme elle écrit, son lexique n'est pas celui ordinairement employé par les bavards,
c'est inhabituel de nos jours mais c'est précieux (dans tous les sens du terme),
les petits sourires échangés qui ponctuent l'entretien sont de vraies respirations,
merci pour cet échange et rencontre !

Par gomine, le 18/09/2016 à 09h40

Même si nous sommes sur "hors-série", site d'élite, pour l'élite, ne serait-il pas possible de quitter un instant le style "soutenance de thèse" pour que le propos passe plus légèrement.
Diane Scott est néanmoins passionnante.
Mais faut s'accrocher.
Comme on dit.
Dans le peuple.

Par felix d, le 17/09/2016 à 18h29

Merci pour votre enthousiasme Totorugo ! J'ai moi aussi été entièrement séduite par la subtilité et le tranchant de la pensée de Diane Scott. Sa thèse n'est pas disponible en ligne mais a priori elle devrait la faire publier prochainement. En attendant je vous invite à explorer son site lescorpssecrets.fr, une véritable mine.

Par Laura, le 17/09/2016 à 16h12

Waouh !!! Quelle émission, et surtout, quelle invitée ! Merci Laura, d'avoir conduit cet entretien.

J'ignorais jusqu'au nom de Diane Scott, mais son discours est limpide de part en part, sa parole est précise, subtile, coupante et sans fard (pas de jargon insupportable), et d'une exigence intellectuelle qu'on ne rencontre pas souvent. Ça fait un bien fou, et c'est très stimulant, même quand on est (ce qui est mon cas) peu instruit de la question théâtrale.

Y a-t-il un moyen de consulter en ligne la thèse de Diane Scott ? Ou alors sera-t-elle publiée prochainement ?

Par Totorugo, le 17/09/2016 à 13h27 ( modifié le 17/09/2016 à 14h33 )

https://www.youtube.com/watch?v=nROiwLl0kJM

Be, B-Boys and girls, listen up
You can be anything in the world, in God we trust
An architect, doctor, maybe an actress
But nothing comes easy, it takes much practice
Like, I met a woman who's becoming a star
She was very beautiful, leaving people in awe
Singing songs, Lena Horne, but the younger version
Hung with the wrong person
Got her strung on that
Heroin, cocaine, sniffing up drugs, all in her nose
Could've died, so young, now, looks ugly and old
No fun cause when she reaches for hugs, people hold their breath
Cause she smells of corrosion and death
Watch the company you keep and the crowd you bring
Cause they came to do drugs and you came to sing
So if you gonna be the best, I'mma tell you how
Put your hands in the air, and take the vow

[Hook]
I know I can (I know I can!)
Be what I wanna be (be what I wanna be!)
If I work hard at it (If I work hard it!)
I'll be where I wanna be (I'll be where I wanna be!)

[Verse 2]
Be, b-boys and girls, listen again
This is for grown-looking girls who's only 10
The ones who watch videos and do what they see
As cute as can be, up in the club with fake ID
Careful, 'fore you meet a man with HIV
You can host the TV like Oprah Winfrey
Whatever you decide, be careful, some men be
Rapists, so act your age, don't pretend to be
Older than you are, give yourself time to grow
You thinking he can give you wealth, but so
Young boys, you can use a lot of help, you know
You thinkin life's all about smokin weed and ice
You don't wanna be my age and can't read and write
Begging different women for a place to sleep at night
Smart boys turn to men and do whatever they wish
If you believe you can achieve, then say it like this

[...]

[Verse 3]
Be, be, 'fore we came to this country
We were kings and queens, never porch monkeys
There was empires in Africa called Kush
Timbuktu, where every race came to get books
To learn from black teachers who taught Greeks and Romans
Asian Arabs and gave them gold when
Gold was converted to money it all changed
Money then became empowerment for Europeans
The Persian military invaded
They heard about the gold, the teachings and everything sacred
Africa was almost robbed naked
Slavery was money, so they began making slave ships
Egypt was the place that Alexander the Great went
He was so shocked at the mountains with black faces
Shot up they nose to impose what basically
Still goes on today, you see?
If the truth is told, the youth can grow
They learn to survive until they gain control
Nobody says you have to be gangstas, hoes
Read more learn more, change the globe
Ghetto children, do your thing
Hold your head up, little man, you're a king
Young Princess when you get your wedding ring
Your man is saying "She's my Queen"

Par Gauthier R, le 13/09/2016 à 10h20 ( modifié le 13/09/2016 à 10h23 )

La thèse des vases communicants est réjouissante car elle explose un certain nombre d'idées toute faites, et nous oblige à repenser les rapports entre culture et politique. Je vois néanmoins quelques difficultés, d'abord d'ordre chronologique, à associer directement cette corrélation [entre dépolitisation de la politique et surinvestissement politique du théâtre (plus largement de la culture)] au néolibéralisme des années 80. En effet l'insistance au cours de la discussion sur les années Thatcher ou sur les différences entre un Mitterrand et un Sarkozy donnent l'impression d'un tournant historique à cette époque-là, alors que certaines descriptions et définitions paraissent brosser les effets d'une tendance plus ancienne. Je suppose qu'il y a accélération à cause du courant gestionnaire, ou point de bascule, mais ce point n'est pas très clair pour moi.

Evidemment l'objection majeure à cette thèse est celle du caractère (supposément) intrinsèquement politique de l'art théâtral, avec le développement concommittant de la démocratie et de la tragédie à Athènes. C'est ce que nombre d'hellénistes ne cessent de répéter (Jacqueline de Romilly par exemple), mais, après tout, il y a là peut-être un biais qu'il est sain de questionner. La figure de Périclès ne fait pas l'unanimité, et par conséquent, la thèse évoquée s'en trouverait renforcée.

En tout cas, Diane Scott se défend certes d'être historienne, mais il serait intéressant de voir si l'on ne pourrait pas vérifier ce caractère connexe à d'autres moments de l'Histoire (je pense par exemple au grand Siècle et notre théâtre classique). Merci encore pour cette émission.

Par Abracadabra, le 12/09/2016 à 22h07

@gynko. Bonjour, Maja a une rentrée très chargée puisqu'elle travaille sur la nouvelle émission de Frédéric Taddéi avec lequel elle travaille depuis de nombreuses années. Elle sera de retour sur Hors-Série en octobre.

Par Raphaël, le 11/09/2016 à 15h37

Thèse passionnante, et très louable entreprise d'état des lieux de la fonction actuelle des artistes et de la culture ! Où l'on sent aussi le désarroi de l'auteur et une évidente expérience de terrain dans le domaine théâtral (ce qui manque cruellement à nombre d'"acteurs culturels", critiques, programmateurs, fonctionnaires…). Où l'on regrette aussi une lacune sur d'autres formes alternatives aux modes de représentation institués, comme les formes modernes d'arts de la rue par exemple.

Par belabartok0 LPL, le 11/09/2016 à 10h42

Curieux de comparer Meric, fils d'universitaire, étudiant à l'IEP de Paris à des pauvres étudiants picards en licence...

Par St Ayran, le 11/09/2016 à 10h20

Ah non émission insupportable tant le discours est abscons. J'ai abandonné avant la fin. Désolée. Suis pas à la hauteur, j'ai presque rien compris. pffff

Par Annie HUET, le 11/09/2016 à 00h53

merci pour cette discussion passionnante qui provoque des questionnements, des attentions et remue sa propre expérience : les "maisons de la culture" ministre : Malraux, c'est ainsi que gosse des banlieue j'ai été amené au théâtre, en spectateur et en apprenti acteur provisoire. Aujourd'hui : qui est le (la) ministre de la culture ? pourquoi le théâtre échapperait-il au carnage financier ? et si ce n'était qu'un désastre au théâtre !...

Par morvandiaux, le 10/09/2016 à 17h53