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Le Maître ignorant

En accès libre

Jacques Rancière

Voilà des années que j'entendais parler de ce texte : le Maître ignorant. Certains l'avaient lu, et en étaient marqués à vie. D'autres avaient entendu à son sujet d'homériques querelles - c'est que Jacques Rancière y évoque une méthode pédagogique révolutionnaire, répudiant l'instruction au nom de l'émancipation. Il bouleverse notre manière de concevoir le savoir, la transmission, l'enfance, les rapports de domination et jusqu'à l'ordre du monde. Et il renvoie les enseignants à leur condition "d'explicateurs abrutisseurs" qui, au lieu d'élever les jeunes à la conscience de leur puissance, les maintient dans une infériorité révoltante pour quiconque croit vraiment en l'égalité que nous annonçons au frontispice de nos écoles. Bouleversée comme les autres par sa lecture, j'ai rencontré le philosophe qui nous avait tant secoués avec une grande émotion... Je ne m'attendais pas à ce qu'y entre tant de joie pétillante. 

En accès libre , émission publiée le 05/07/2014
Durée de l'émission : 77 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

92 commentaires postés

Il est incroyable de faire ce voyage dans le temps.Vous connaître, Judith, en 2014, et voir certains de vos réflexes, aujourd'hui, joyeusement déplacés. Merci.
RGC.

Par Rémi Gendarme, le 22/03/2020 à 10h25

Excellent, merci.

Par Martine Doyen_1, le 13/04/2019 à 21h52

J'ai été frustré! Ce n'est que vers la fin, dans les 5 dernières minutes que la conversation a glissé vers le voir et son apprentissage, qui est un sujet qui me fascine, et l'unique explication qu'en a donné l'invité m'a parue tellement juste que j'avais une soif de l'entendre poursuivre. Sinon, son discours complexe m'a bien plu et j'ai téléchargé votre ancienne émission pour la regarder plus tard. Merci quand même pour cette ouverture sur la pensée d'un homme dont je ne connaissais que le nom.
sinon, la video précédente est là:
https://www.hors-serie.net/Dans-le-Texte/2014-07-05/Le-Maitre-ignorant-id19

Par Graphico LPL, le 14/07/2018 à 21h26 ( modifié le 14/07/2018 à 21h30 )

Merci à Judith Bernard pour ce bel entretien que je viens de regarder après être arrivé au terme de la lecture du livre de Jacques Rancière.

L'ouvrage m'a dans l'ensemble peu convaincu, par moment même franchement énervé. D'abord par sa forme inutilement ésotérique (comme d'autres l'ont relevé avant moi). A tort ou à raison, il m'a semblé que les saillies poétiques participent aussi (surtout ?) à dissimuler certains sauts de raisonnement. Mais c'est surtout le fond des propositions avancées qui m'a posé problème.

Plusieurs points qui me chipotent ont été relevés par Judith Bernard : le volontarisme qui traverse tout le livre, le mythe de l'autodidaxie (chez Rancière/Jacotot, les livres remplacent les enseignants dans le processus d'acquisition du savoir, mais sans aucune problématisation du fait que le livre est lui-même un discours, est lui-même constitué d'explications, etc.), la morale catholique qui parait omniprésente (le maître est ignorant au même titre que le pauvre est un riche qui s'ignore et que les premiers seront les derniers dans l'au-delà), et ainsi de suite.

Or, il me semble que plutôt que chercher à se justifier, Rancière a pendant tout l'entretien tendance à reculer, à neutraliser la charge de ses propositions. Par exemple l'enseignement universel de Jacotot n'est plus tout à fait la méthode d'enseignement géniale qui nous avait été présentée. Elle devient un principe philosophique bien plus général. C'est déjà beaucoup mais ce n'est quand même plus tout à fait la même chose. Beaucoup d'autres extraits me semblent aller dans ce sens, ce qui à certains égards rend l'entretien plus convaincant que le livre lui-même. Peut-être le temps écoulé depuis la rédaction de l'ouvrage y est-il pour quelque chose.

Pour revenir à la thèse du livre, je peine quand même à me défaire de ce profond malaise que je ressens chaque fois qu'un intellectuel prête "généreusement" les compétences culturelles les plus diverses et les plus absolues aux dominés (aux pauvres, aux exploités, chacun choisira le terme qui lui parle le plus). Cela au prix d'un déni pas moins absolu de la violence de leurs conditions d'existence et des effets de cette violence. Je trouve qu'il y a d'ailleurs dans le livre une confusion permanente entre les différents sens du terme "égalité". C'est une chose de prêter à tous et toutes, au nom de notre commune humanité, une même capacité innée à faire usage de notre intelligence (encore faudrait-il s'entendre sur le sens de ce mot) pour appréhender ce que nous voyons et ce que nous faisons. C'en est une autre de prêter à chacun, un peu abstraitement, la même capacité à s'approprier des biens culturels (ne fut-ce qu'un livre) qui paraissent sans doute à Rancière tellement co-exstensif de l'homme qu'il est devenu (un peu comme le latin dans la vidéo) qu'il en oublie combien ces biens culturels sont distants de l'univers ordinaire de beaucoup de gens, et tout ce qu'ils peuvent incarner à leurs yeux. Dans le même sens, je doute que même avec les meilleures intentions du monde, une méthode pédagogique spontanéiste à la Jacotot (voilà un livre et débrouille toi puisque tout explication est suspecte de rompre le rapport enchanté entre une volonté et un objet quasi sacré) puisse systématiquement émanciper là où un démarche d'instruction plus verticale nécessairement opprimerait.

Cela étant, pour peu que l'on accepte - au moins le temps de la lecture - certains présupposés, il est vrai que le livre, par sa radicalité, oblige à réfléchir contre bon nombre d'évidences, et donc contre soi-même. Ce qui restera toujours précieux. On ne perd pas non plus son temps à écouter ce riche entretien.

Par Winckler, le 28/04/2017 à 01h21

Vidéo introuvable :(

Par Stéphane ERARD, le 26/04/2016 à 13h54

J'ai bien aimé lire "Le maître ignorant". Ce livre m'en a rappelé un autre, beaucoup plus ancien: les "Vies et sentences des philosophes illustres", dans lesquelles D.Laërce rapporte moult anecdotes sur les philosophes de l'antiquité grecque, leurs propos, leurs actes, leurs folies et turpitudes aussi. C'est parfois intéressant, d'autres fois dépaysant, et parfois ça semble complètement loufoque. La vie de Jacotot comme contemporain de la Révolution française et, à ce titre, complètement excité par les possibilités intellectuelles inouïes qu'elle a pu ouvrir, je la vois bien avec celle des contemporains de la première démocratie du monde, l'athénienne. A croire que le souci de mettre en accord ses actes et ses pensées porte en germe quelque chose de bouleversant, et ceci plus particulièrement dans les époques où la liberté est une évidence et un combat quotidien.

Par contre, pas plus que D.Laërce, Jacques Rancière ne semble un grand penseur dans cette aventure. La vidéo nous donne à voir quelqu'un qui élude en permanence le questionnement pourtant stimulant de Judith Bernard, et qui s'enferme dans la platitude. Je reste reconnaissant à l'auteur de m'avoir fait connaître un effet méconnu de la Révolution française. Mais j'avoue ne pas avoir eu la patience de l'écouter jusqu'au bout. Pour un philosophe, il raisonne rarement, et ne démontre rien. On reste sur sa faim.

Par Stéphane Duchesne, le 24/05/2015 à 17h09 ( modifié le 24/05/2015 à 17h17 )

merci énormément Judith pour cet entretien. Je voulais terminer le livre avant d'écouter l'entretien. J'étais complètement perdue après la lecture du livre. Enseigner participait à l'abrutissement alors que je pensais que justement les mouvements pédagogiques ( Freinet, groupement français pour une éducation nouvelle...) participaient à l'émancipation des élèves( mais je le crois encore après l'entretien). L'entretien a été pour moi plus que révélateur . Je suis d'accord avec vous sur le caractère "libérateur" d'internet :l'interaction, les découvertes, les pensées sans aucune hiérarchie ( hiérarchie si castratrice et aliénante dans la vie quotidienne). Encore mille mercis.

Par véronique SONIER, le 15/02/2015 à 11h54

Je passe longtemps « après la bataille » (mais très jolie, la bataille !) par l’espace des commentaires de cette émission, je me permets de conseiller deux lectures :

- Julie Roux, " Inévitablement (après l’école) ", La Fabrique, 2007. La question a été posée, dans l’entretien, de la validité de la critique de Rancière appliquée à l'école d'aujourd’hui : non seulement cet essai répond par l’affirmative, mais il pousse la logique jusqu’au bout, et conclut à une nécessaire dissolution de l’institution scolaire, de la maternelle à l’université (rien que ça). Derrière « Julie Roux » il y a, si j’ai bien compris, un collectif (dont des enseignants) qui s’est appuyé sur Rancière. L'introduction du Tirage au sort à l'université est évoquée. Je n’ai jamais enseigné, mais en tant qu’élève puis étudiante, je m’y suis beaucoup retrouvée.

- Jacques Rancière, " Et tant pis pour les gens fatigués ", Editions Amsterdam, 2009, qui est un recueil de plusieurs décennies d’entretiens avec le philosophe. On y trouve beaucoup d’éclairages sur l’œuvre de Rancière et un bon complément à l'entretien mené par Judith.

Deux références que j’ai trouvées dans l’excellent essai d’Olivier Neveux avec qui Laura Raïm s’est entretenue dans Aux ressources. Je ne peux qu’encourager ceux qui n’ont pas vu cet entretien à aller le regarder et à lire ensuite l’essai de Neveux. La pensée de Rancière y trouve un champ d’application passionnant dans le théâtre politique. Nul besoin d’être spécialiste de ce domaine toutefois, c’est un essai qui n’est pas intimidant, ni dans le fond ni dans la forme, tout en proposant une pensée de l'émancipation très puissante, qui dépasse de loin la question du théâtre. Une des meilleures lectures que j’ai faite ces derniers temps, avec celle du "Maître ignorant" que j’ai aussi découvert ici. Merci HS !

Par Alexandra, le 22/12/2014 à 22h58 ( modifié le 23/12/2014 à 00h03 )

Excellent entretien. Le sujet est passionnant et résonne avec beaucoup de choses en moi. Oui, chacun peut, il suffit de le vouloir, d'exercer sa puissance. Également le fait de croire autant à l'intelligence des autres qu'à la sienne redonne des perspectives évidentes. On peut parler avec tout le monde, et c'est même à faire, c'est bénéfique pour chacun, les cordons sanitaires sont désuets (bon, en politique, c'est différent).

Le sujet de l'éducation populaire sur Internet est également intéressant.

Sur l'intelligence collective, je comprends ce qu'il veut dire, c'est que l'intelligence individuelle est souvent tuée par le groupe, c'est une réalité à cause justement des dominations qui s'installent dans le groupe, la remise en cause des individus aux idées différentes, etc. Nous avons beau être de bonne volonté, nous sommes quand même conditionnés et en cours de travail d'émancipation.

Rancière est conscient des possibilités d'Internet et des structures égalitaires qui partent du bas mais connait la médiocrité humaine en général et du coup, comprend que même avec les outils à portée de main, il n'est pas certain que nous arrivions à nous émanciper. Il faut encore une fois une volonté globale et une capacité à passer au travers des écueils "humains".

Très beau travail Judith ça résonne avec énormément de choses...

Par Cramazouk, le 04/12/2014 à 17h27 ( modifié le 04/12/2014 à 19h36 )

Je retiens
"Toute structure toute organisation refabrique de la hiérarchie, c'est à dire finalement une nécrose de la pensée émancipatrice"
avec une pensée particulière pour mon parti de gauche.
De profundis.

Par Pierre LORDOZA, le 19/10/2014 à 12h20

Um monde d'égos ou un monde d'égaux? (56 ème minute)

Par Didier Marlier, le 24/08/2014 à 21h34

OK ! "l'idée de tout comprendre est invalidante " ... donc , on ferme le livre et on écoute la musique du livre ... très relaxant ... merci ...

Par kine, le 31/07/2014 à 20h05

Merci Judith pour cet entretient passionnant.
Cela faisait quelques temps que je voulais lire ce livre, et j'ai finalement commencé la lecture à l'idée de pouvoir compléter les réflexions qu'il inspirerai par cet entretient vidéo que vous veniez de terminer. Et je ne suis pas déçu!
Et au passage, j'avais envie d'apporter mon point de vue quant à l'interprétation des idées de Jacques Rancière sur l'intelligence collective ayant été plutôt surpris de sa réaction sur le sujet.
Je trouve que la notion clé du texte, celle qui pour moi résonne vraiment, au delà des questions pratiques d'éducation, est ce simple postulat de départ qui considère toutes les intelligences comme égales("Ce que les ambitieux gagnent de pouvoir intellectuel en ne se jugeant inférieur à quiconque, ils le reperdent en se jugeant supérieur à tous les autres. Ce qui nous intéresse, c'est l'exploration des pouvoirs de tout homme quand il se juge égal à tous les autres et juge tous les autres égal à lui." p96-97); et en complément, l'importance accordée par Rancière au caractère émancipateur de l'émancipé ("Ce que peut essentiellement un émancipé, c'est être émancipateur: donner non pas la clef du savoir mais la conscience de ce que peut une intelligence quand elle se considère comme égale à toute autre et considère toute autre comme égale à la sienne." p68)
Je trouve cette approche d'une fertilité infinie en terme de (re)définition des rapports entre les hommes, particulièrement dans la période compliquée que nous vivons aujourd'hui. Et je vois même dans ces mots, et derrière eux, une certaine définition de ce qu'est l'intelligence collective.
J'ai donc été passablement surpris par la réaction de J. Rancière sur ce sujet. Comment nier l'impact sur le collectif de "l'individu émancipé" lorsque l'on considère celui ci comme tout autant émancipateur? Et donc la réalité d'une certaine intelligence collective?
Et, comme je le pense depuis longtemps, mais encore plus après la lecture de ce texte et ce malgré l'opinion de J. Rancière, Internet en est clairement un bel exemple. Horizontalité, partage et accessibilité à "tous" des connaissances, mais aussi recherche et comparaison en tout genre, affirmation ou remise en cause de ses opinions et j'en passe, internet est indéniablement un outil émancipateur au potentiel immense.
J'aurais aimé avoir son avis sur ce point précis.
Ceci dit, il m'a semblé moins en phase avec ce qu'il écrit que je ne le pensais à la lecture. D'une part parce qu'il incarne curieusement assez bien ce côté Maître Explicateur-Supérieur qu'il condamne pourtant(et de façon flagrante lorsqu'à quasiment chaque analyse critique de Judith, il la reprend, la "corrige", plutôt que de laisser s'exprimer son intelligence "à elle" stimulée par ses mots "à lui" et d'en discuter, même si l'interprétation est différente; mais justement, bien qu'elle soit différente n'en est t'elle pas moins enrichit du simple fait qu'elle soit produite par une autre intelligence?...bref je m'égare..)
Et puis c'est un peu comme s'il avait juste voulu balancer toutes ces belles idées, de façon un peu provocatrice, pas tant dans le but de "mettre en pratique" certaines d'entre elles, mais plutôt pour le plaisir un poil vicieux de jeter un beau pavé dans la marre intellectuelle des enseignants explicateurs mais aussi des autres; de semer une petite tornade dans les têtes.
Et si c'est le cas, on peut dire que c'est réussi!

Par CEDRIC A, le 29/07/2014 à 23h01

En visionnant l'interview de Jacques Bouveresse par Maja Neskovik, j'ai eu la joie de l'entendre tenir des propos qui confortent ce que je disais plus haut. C'est vers 00h44mn. Jacques Bouveresse rappelle que Bertrand Russel était scandalisé (comme il l'est lui-même) par cette étrange idée (qui commençait à se répandre dès le début de vingtième siècle) de la relativité de la vérité (la "démocratisation" de la vérité, dit-il), l' idée que toutes les points de vue se valent et que la science n'est qu'une voie parmi d'autres pour y aboutir, au même titres que des croyances telles que la divination. Bouveresse insiste avec véhémence sur l'idée que la vérité ne se décide pas par des lois ou par des votes. Manifestement, Jacques Rancière ne partage pas ce point de vue puisqu'il confond les lois scientifiques et les lois du législateur.
Il se trompe, bien entendu. Je peux décider du jour au lendemain que les hommes peuvent se marier entre eux, mais je ne peux pas décider d'abroger la loi qui dit que si on comprime un gaz, la pression est multipliée par 2 si le volume est divisé par 2. Cette loi de la physique (Loi de Mariotte) est valable partout (en France comme en Iran) et n'a pas été créée par un vote.

Par Papriko, le 22/07/2014 à 22h41

A propos de l'apprentissage du langage, je me permettrais de suggérer un fructueux détour par les travaux du psychologue russe Lev Vygotski, qui connaissait les thèses piagétiennes. La lecture de "Pensée et langage" me semble être un minimum. La revue Sciences Humaines a par ailleurs proposé une synthèse très claire de l'essentiel des présupposés de Vygotski :

http://www.scienceshumaines.com/lev-vygotski-1896-1934-pensee-et-langage_fr_9754.html

Par jlb93, le 22/07/2014 à 21h39

Merci pour cette excellente émission et cette très belle interview! Lecteur de Jacques Rancière depuis fort longtemps, très marqué par "Le Maître ignorant", je me suis délecté. Bravo au philosophe brillant et humaniste, et bravo aussi à Judith Bernard qui a su si bien l'interroger.

Par zobroc, le 21/07/2014 à 22h24

@ Valérie Carlier : je crois que nous sommes globalement d'accord.
Dans votre dernier message, vous n'employez pas le mot "autodidacte" et c'est très bien... :o)
Il n'y est question ni d'élève ni de maître, et c'est très bien. :o)
Mais nous nous éloignons un peu du sujet en nous fixant sur la question de l'apprentissage du langage, puisque qu'elle n'apparait qu'à l'occasion d'un exemple (malheureux) présenté par Rancière, dont le livre a pour titre "Le Maître ignorant" et non pas "L'Acquisition du langage".
Au lieu d'appeler à l'élimination des maitres (l'apprentissage autodidacte y conduit, me semble-t-il), Rancière devrait souhaiter plus simplement que l'enseignement soit de meilleure qualité. Au lieu de souhaiter la mort de la pédagogie (devenue inutile par la disparition des maitres), il devrait souhaiter que cette science se perfectionne afin qu'on connaisse mieux les mécanismes de l'apprentissage. Au lieu de nier le principe de la transmission des connaissances, il devrait appeler à l'étude de ses mécanismes afin qu'ils soient rendus plus efficaces. Au lieu de cela, ce vieil anarchiste appelle à la destruction du système.
Le parallèle que je faisais plus haut (plus bas, en fait...) entre la démarche de Jacques Rancière et celle d'Etienne Chouard me parait de plus en plus justifié : l'un nous dit: 'Les méthodes d'enseignement sont mauvaises et les maîtres sont mauvais : supprimons les maîtres"; l'autre nous dit : "Le pouvoir corrompt et les hommes politiques sont mauvais : supprimons les hommes politiques". Ces étranges théories reposent sur un socle commun : la détestation de l'ordre établi et le refus de toute structure hiérarchique, l'ordre établi et la hiérarchie étant le résultat de la domination des classes qui détiennent le pouvoir et les outils de sa perpétuation.

Par Papriko, le 19/07/2014 à 16h58 ( modifié le 19/07/2014 à 17h08 )

@papriko, attention, vous confondez "langue"(espagnol, allemand, français...) et "langage"(faculté nous différenciant des animaux)
pour Piaget, c est surtout par l expérience, l environnement que le langage s acquiert, l idée étant que tous les bébés feraient les mêmes types d expériences, connaitraient le même type d environnement. Pour Chomsky, c est grâce à une faculté encodée dans le cerveau, la grammaire universelle. Cette grammaire serait composée de principes, communs à toutes les langues, et de paramètres, fixés lorsque l enfant "apprend" sa langue maternelle. Un des arguments de Chomsky est ce qu on appelle "la pauvreté du stimulus", c est à dire que l enfant soit né dans un environnement langagier riche ou pauvre (autrement dit, qu on lui parle beaucoup ou peu), il sera en mesure de parler sa langue maternelle de la même manière (et il ne parle pas de niveau de langue ou de richesse de vocabulaire) Que l on soit partisan de l une ou l autre position, le langage dans ce débat n est pas considéré comme un savoir comme un autre. Or,dire comme Jacques Rancière semble le dire que les enfants peuvent tous également apprendre, car ils apprennent tous le langage, c est justement supposer que le langage est un savoir comme un autre... .Voilà tout ça pour dire que je trouve que Jacques Rancière va un peu vite sur la présentation de cet argument. Ce qui n enlève rien à l intérêt de l 'émission.

Par Valérie Carlier, le 19/07/2014 à 13h44 ( modifié le 19/07/2014 à 14h18 )

@ Valérie Carlier : "acquisition du langage par l'environnement" et "faculté innée" ne sont pas incompatibles. La faculté innée - contrairement à la pousse de mes cheveux - ne se développe pas sans le désir que suscite l'environnement. Pareil pour les oeufs qui se trouvent dans la boite en carton alvéolé dans votre frigo : si vous voulez voir éclore les poussins, vous devez les couver. Je veux dire "trouver une poule pour les couver", bien sûr.
Encore que... Le poussin se trouve programmé dans l'oeuf. Alors que ce qui est inné chez l'enfant, c'est la faculté d'apprendre un langage et non pas le langage lui-même. On n'a, jusqu'à ce jour, pas vu un petit espagnol parler spontanément l'allemand.
Contrairement à vous, je pense que l'apprentissage du langage (à la différence de l'apprentissage de l'écriture, par exemple) se fait de manière tout à fait autodidacte. C'est même un cas absolument parfait. L'erreur est de le croire exemplaire. Prendre un cas et en faire une loi est une erreur de raisonnement grave.

Par Papriko, le 19/07/2014 à 13h10 ( modifié le 19/07/2014 à 13h38 )

@papriko, acquisition du langage par l environnement (Piaget) ou grâce à une faculté innée (Chomsky), il est vrai que dans les deux cas, on ne peut pas dire que l enfant montre ici ses compétences d'autodidacte.

Par Valérie Carlier, le 19/07/2014 à 11h48

@ Valérie Carlier : Donner l'exemple de l'apprentissage du langage comme preuve qu'on peut apprendre de manière autodidacte ne me parait pas très pertinent. J'allais dire que c'est stupide, mais je ne veux pas accabler Jacques Rancière. L'enfant apprend à parler parce qu'il y est contraint par son environnement, par des mécanismes qu'il ne maitrise pas. La question - essentielle, répétons-le - de la motivation ne se pose pas. La pulsion d'imitation et le désir d'intégration sont irrésistibles (sauf cas de dérèglements tels que l'autisme). L'enfant ne choisit pas d'apprendre. Car si c'était le cas, il pourrait prendre la décision de ne pas apprendre.

Par Papriko, le 19/07/2014 à 11h05 ( modifié le 19/07/2014 à 11h42 )

Pour expliquer que tout le monde peut tout apprendre, on donne ici l'argument de l 'apprentissage du langage. Il est vrai que tous les enfants de milieux, cultures très différentes parviennent à maîtriser leur langue maternelle en seulement quelques années. Mais peut-on vraiment considérer cela comme de l'apprentissage? Si l'on suit Chomsky et l'idée qu 'il existe une grammaire universelle dans le cerveau de chaque être humain, lui permettant d'acquérir (et non pas d 'apprendre) toute langue auquel il sera exposé dans ses premières années, alors l'argument ne tient plus. (cf le célèbre débat Chomsky/Piaget). J ai par ailleurs beaucoup apprécié l'émission, très stimulante :-)

Par Valérie Carlier, le 18/07/2014 à 22h39 ( modifié le 18/07/2014 à 22h41 )

@ jib93 : il existe effectivement, comme vous le dites "des peintres autodidactes, des instrumentistes autodidactes, des comédiens autodidactes". Il n'est pas moins vrai que, dans certaines disciplines nouvelles, les inventeurs et tous les découvreurs font une partie de leur parcours en solitaire.
Mais tous ces personnages autodidactes que nous sommes amenés à connaitre ne sont-ils pas précisément ceux qui ont réussi à émerger et à sortir du lot par leurs qualités exceptionnelles, ? Il me semble qu'il y a une opposition entre l'affirmation que toutes les intelligences sont égales et l'existence de ces rares autodidactes. Un individu qui n'a pas été initié aux pratiques d'apprentissages ne peut pas apprendre seul. Récemment la presse citait le cas de cette candidate au bac qui avait eu plus de 20/20 de moyenne, alors qu'elle est issue d'un milieu modeste. Mais n'est-ce pas parce que cette jeune fille constitue une exception que la presse la cite? Il est probable que cette élève, par ses qualités hors du commun a pu surmonter le handicap que constituait son environnement et qu'elle a reçu très tôt, d'une manière ou d'une autre, les bénéfices et les gratification liées à ses premiers succès. Or, ces gratifications et ces encouragements, qui créent le désir dont nous parlions, qu'ils soient formels ou indirects, proviennent en grande partie de l'institution qui prodigue la connaissance et qui lui a donné les moyens d'acquérir son savoir.

Par Papriko, le 16/07/2014 à 23h03

ça me fait penser à ça https://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE&feature=kp

Par ln, le 16/07/2014 à 22h28

@ Paprika : même si l'immense majorité d'entre nous est, a été ou sera scolarisé, une partie non négligeable de notre savoir et de notre formation intellectuelle et/ou manuelle ne résulte probablement pas d'un enseignement au sens "scolastique" du terme. Car nous avons tous appris certaines choses en autodidacte, sans recours à un enseignement formaté ou programmé. Il y a de multiples exemples de ça dans le domaine des arts, des peintres autodidactes, des instrumentistes autodidactes, des comédiens autodidactes, des écrivains, des poètes... ce fut le cas également aux tout débuts de la micro-informatique, particulièrement dans le domaine pédagogique et l'Internet a démultiplié le phénomène (vous ne pensez pas qu'il existe des écoles pour hackers tout de même ? et pourtant ce sont eux qui font régulièrement la "leçon" aux informaticiens formés par l'académie universitaire !)
Je pense que l'essentiel du message de Jacotot, relayé par Rancière, réside dans cette volonté de casser le mythe(le mensonge ?)de l'enseignement/transfusion au bénéfice d'un enseignement/aide à l'apprentissage. Freinet a écrit des textes d'une grande violence contre la scolastique ; Bourdieu a eu souvent recours à l'expression "domestication", celle que font subir les dominants aux dominés, à l'usine, au bureau... mais aussi sur les bancs de l'école !
Pour un enseignant, être un "émancipateur" c'est s'efforcer de développer chez ses élèves le goût d'apprendre, de chercher, de se poser des questions, d'expérimenter... c'est aussi faire en sorte qu'ils n'aient pas peur de se tromper !

Par jlb93, le 16/07/2014 à 21h38

Depuis que je sais, grâce à Jacques Rancière, que je suis aussi intelligent qu'Albert Einstein, je fais parfois ce rêve (étrange et pénétrant) où je remporte le prix Nobel de Physique.
Dans mon rêve de la nuit dernière, je suis allé à Stockholm en automobile pour la cérémonie de remise des prix. C'est étrange, me direz-vous, mais je ne vous ai pas caché que c'était un rêve étrange. Il y avait avec moi dans la voiture Frank Ribéry, qui allait se faire remettre son Prix Nobel de Littérature et Nadine Morano (Prix Nobel de Mathématiques). Ils ont acquis tout leur savoir, m'ont-ils dit, par internet.
Je fais vraiment des rêves étranges.

Par Papriko, le 16/07/2014 à 20h57

Internet est une bénédiction pour les autodidactes, c'est indéniable. Internet plus l'ordinateur individuel, bien sûr, sans lequel internet serait inutile. C'est compliqué, tous ces trucs, faut y penser de temps à autre. Je veux dire les microprocesseurs, les logiciels, les réseaux, tout ça. Très hard (même le soft...)!
J'espère que las partisans de l'apprentissage autodidacte ont conscience que ces merveilleux outils qui sont mis - comme par magie - à leur disposition n'ont pas été créés par des autodidactes, mais par des chercheurs, des ingénieurs et des techniciens qui ont acquis leurs connaissances et leur savoir-faire par des méthodes académiques.
La poésie, le rêve, le désir pour la réalité, ça va bien un moment. Mais de temps en temps, faut atterrir.

Par Papriko, le 16/07/2014 à 15h23

note pour moi-même : ne faire confiance qu'aux maîtres ignorant l'hypothèse que je sois autre chose qu'un maître moi aussi

Par ln, le 15/07/2014 à 20h23

Il faut lire Le Maître ignorant ! Et s'en inspirer, à votre manière.

Par Judith, le 15/07/2014 à 14h09

Du coup, j'aimerai bien avoir des exemples de conséquences pratiques sur les manières d'enseigner qui soit dans l'esprit de cette pensée philosophique ! je n'ai enseigné qu'à l'université, où on ne bénéficie d'aucune formation pédagogique autre que notre bonne volonté d'apprentie chercheur, alors je suis très ignorante en la matière, peut-être existe-t-il déjà des livres sur le sujet ?

Par Laurine Defond, le 15/07/2014 à 13h52

@ Laurine Defond : En pratique inutile, non ! Je peux vous dire que la lecture du livre de Rancière a eu des conséquences pratiques sur ma vie d'enseignante tout à fait décisives ! Le fait que lui en soit resté plutôt à l'expérience intellectuelle de la chose n'invalide pas la pertinence du modèle dans ses conversions empiriques. Après, oui, ce sont ses contradictions d'auteur, d'intellectuel, de chercheur - c'est son affaire, au fond. Je n'ai pas eu envie de pousser plus avant la polémique à ce sujet, parce que je ne me sens pas d'être une sorte de tribunal populaire interpellant les intellos sur leur manque d'accessibilité. Il est bon de leur en faire la remarque, pas forcément le procès. Les interprétations pratiques sont l'affaire des lecteurs en général, et l'éclairage des textes obscurs est une affaire dont je m'occupe très volontiers dans mon émission... Au final, il se passe tout de même beaucoup de choses très vivantes autour de ce texte avec des bouts de langue morte dedans ;-) !

Par Judith, le 15/07/2014 à 12h24

Chère Judith, j'adore lorsque vous confrontez les invités à leurs contradictions et en particulier à la contradiction qui existe entre leur message et la manière selon laquelle il le formule. Les protestations des invités quant à l'hermétisme de leur texte sont toujours un vrai régal : "Ah oui, non mais non, mais ça c'est du latin de base, on a qu'à regarder sur internet""et puis de toute façon on ne doit pas toujours comprendre ce qu'on lit, moi même je ne comprends pas toujours" (admettons, mais ne serait-ce pas une nécessité que de chercher autant que faire se peut à être compris ? surtout quand on écrit sur la pédagogie? j'ai trouvé que son argumentation - au moins sur ce point - recélait une grande mauvaise foi "si chaque phrase est compréhensible, ce n'est pas la peine de l'écrire, car ça ne fait que confirmer ce que tout le monde sait" (!!!tout de même!!!). Je me souviens aussi de F. Lordon qui, je crois, avait d'abord argué qu'il fallait en passer par là pour suivre le cheminement d'une pensée complexe, qu'il 'agissait d'une nécessité lié à un mode de recherche universitaire....avant de reconnaître, que certaines expressions pouvaient effectivement être plus claires et accessibles.
Ce point a priori secondaire, puisqu'il concerne la forme d'une pensée, paraît finalement crucial. Comme l'expression d'un inconscient de l'auteur, que vous venez leur mettre sous le nez, et qui visiblement les prend toujours un peu de court. De manière générale, concernant cet entretien passionnant, il semble effectivement que Jacques Rancières souhaite à chaque fois rester dans l'expression philosophique et le monde des idées et non dans la pratique. Ainsi, il élude également la question de son propre enseignement, qui est pourtant la plus importante de mon point de vue au regard de son sujet !! Je ne parviens pas à être conquise par la philosophie, justement par ce refus que je lui trouve à chaque fois, d'entrer dans la réalité des corps, des hommes, des actions, du moment. Le philosophe s'esquive - "non mais là attention je vous parle des idées" - et finalement il laisse son travail inachevé. C'est bien dommage ; car cela rend son discours, théoriquement magistral, et en pratique plutôt inutile. J'aurai aimé que vous le poussiez davantage dans ce retranchement là !

Par Laurine Defond, le 15/07/2014 à 11h18

En recherchant le nom de cet animateur-poète faiseur de miracles poétiques collectifs (il s'appelle Michel Cosem), j'ai trouvé l'entretien accordé par un autre Michel, Ducom celui-là, un gars d'Uzeste, comme Bernard Lubat, un long entretien accordé à la revue Cursive. Je suis sûr que certains d'entre nous sauront faire leur miel de certains propos de ce merveilleux militant- médiateur culturel :

http://www.ecriture-partagee.com/02_Cursives/71_curs_ducom.htm

Par jlb93, le 12/07/2014 à 21h28

J'aurais aimé poser à Jacques Rancière une question très simple : pensez-vous qu'on peut mesurer l'intelligence?
S'il m'avait répondu oui, je lui aurais demandé de fournir les résultats des mesures. Résultats montrant, bien entendu, que toutes les intelligences sont égales.
S'il m'avait répondu non, je lui aurais demandé comment on peut affirmer que deux grandeurs sont égales si elles ne sont pas mesurables.
Mais bon, il doit y avoir une faille dans ce raisonnement simplet.

Par Papriko, le 12/07/2014 à 18h15

"cette expérience mise sur l'intelligence collective" et c'est autrement plus intéressant sur le plan de la formation intellectuelle que lorsque le groupe est constitué d'individus (ou d'élèves)maintenus dans une ambiance de compétition individuelle !

J'ai personnellement vécu une expérience de création poétique collective ! des gens qui au départ ne se connaissent pas et qui, 3h plus tard, contemplent leur "œuvre" sur une grande feuille où sont venus progressivement se juxtaposer, puis s'ajuster des mots, des phrases, des rimes... pour former un poème unissant chacun à tous les autres du fait que tous se retrouvent et se reconnaissent dans un Sens commun. Une communion en quelque sorte ! Le "maitre de cérémonie" qui pilotait la démarche en structurant ses différentes phases était lui-même poète et écrivain.

Par jlb93, le 12/07/2014 à 18h11

Mais non vous n'avez pas tué le débat ! (d'ailleurs vous avez vu qu'il s'est poursuivi) ; ceci dit, vous avez bien fait d'y revenir. Le slogan "Tous capables" me paraît jacotiste en diable, de même que l'expérience de la lettre polonaise que vous décrivez. Sauf que cette expérience mise sur l'intelligence collective, la capacité d'un groupe à s'autoformer par confrontation des analyses - modèle en lequel je crois profondément - alors que Jacotot, comme je le précise dans l'émission, n'y croyait pas du tout (ce qui me laisse très perplexe).

Par Judith, le 12/07/2014 à 15h29

jlb93 : "Moi aussi j'ai commenté copieusement."
Certes, mais vous avez oublié la dose de méchanceté qui fait réagir :o)

jlb93 : "j'ai cru un moment avoir "tué" le débat ..."
Meuh, non! Le calme plat sur les forums, c'est faute à Karim Benzema et Lionel Messi.

Par Papriko, le 12/07/2014 à 15h19

Moi aussi j'ai commenté copieusement (à tel point que j'ai cru un moment avoir "tué" le débat ! ce qui est très prétentieux bien sûr) je vais donc tenter de faire plus court pour préciser un ou deux points.
Si peu de personnes connaissent Jacotot et ses écrits (même depuis 1987), nous ne devons pas être très nombreux non plus à connaître l'existence d'un mouvement pédagogique et d'éducation populaire nommé GFEN (Groupe Français d'Education Nouvelle). Créé en 1922, il eut notamment comme présidents successifs Paul Langevin, Henri Wallon et Gaston Mialaret (excusez du peu !).
Pour illustrer et faire vivre l'un de leur principaux "slogans":"Tous capables !" ses membres militants ont mis au point une démarche qui s'intitule "Lire en polonais". Les participants sont invités à explorer une lettre manuscrite, rédigée en polonais. L'objectif est d'en comprendre l'essentiel sans autre recours que ses propres intuitions, les échanges et interactions avec les autres participants, la mise en commun des hypothèses et les éventuelles mais rares interventions des animateurs afin de débloquer certaines situations ou impasses possibles.
Cette démarche n'est en aucun cas une méthode d'apprentissage, et encore moins d'enseignement, elle vise principalement à éclairer, par des prises de conscience, divers processus mentaux, linguistiques, psychologiques, culturels, sociaux... qui sont à l’œuvre au cours d'un apprentissage.
Toutes choses qu'ont dû vivre les étudiants flamands de Jacotot.
Mais j'ignore si, à ce jour, cette démarche est encore proposée par le GFEN lors de ses sessions de formation.
Je voudrais préciser également que si je suis d'accord pour soutenir l'idée selon laquelle trop d'enseignement nuit à l'apprentissage, je suis beaucoup plus sceptique quant à considérer que le discours de Jacques Rancière soit très convaincant lorsqu'il s'agit de proposer des alternatives crédibles à ce problème, qui relève sans doute plus d'une réflexion pédagogique que philosophique.

Par jlb93, le 12/07/2014 à 14h49

gynko a écrit : "J'ai tendance à me dire qu'au plus on montre les muscles, au moins on entend le cerveau".

Vous voyez que pouvez être méchant, vous aussi. :o)
C'est pas mal pour un début.
Comme l'a dit Jacotot: "Quand on veut, on peut". Même en autodidacte.
Mais si vous avez besoin d'un conseil en vacheries, je suis à votre disposition. J'essaierai d'être pédagogue et d'éveiller votre désir d'apprendre.

Par Papriko, le 12/07/2014 à 13h44

Merci, Judith, pour cette précision.
J'avais bien entendu que vous évoquiez le caractère auto-réalisateur des prophéties de Jacotot, mais je vous ai mal comprise car je pensais que vous n'adhériez pas à cette croyance dans cette circonstance. Je ne nie pas la réalité des prophéties auto-réalisatrices, mais je ne connais pas assez le dossier Jacotot pour affirmer que c'est ici le cas. Je note que vous pensez qu'on a ici l'exemple de l'efficacité de cette démarche (en tous cas das l'exemple que vous citez de ces étudiants qui apprennent le Français sans le secours d'un maitre). Dont acte.
Cela dit, je citais ce passage de votre interview comme une simple illustration des étranges mécanismes de la pensée de Rancière, qui ne me parait pas un modèle de rigueur. J'aurais aimé savoir à quels "apprenants" Rancière a eu affaire dans sa carrière d'enseignant. A-t-il enseigné à de jeunes enfants? A-t-il connu des classes "à la Bégaudeau"? Ou a-t-il eu affaire uniquement à des étudiants motivés ? Dans le processus d'apprentissage, la motivation est bien entendu essentielle. Vous évoquez la notion de "désir" en parlant de l'apprentissage du langage. C'est en effet la clé du sujet, et ce point n'a peut être pas été assez développé...
NB : l'expression de "désir vital" que vous employez n'est peut-être pas très heureuse et me semble d'ailleurs être la source d'un malentendu avec Rancière, qui la prend dans une acception très limitée puisqu'il vous répond - dedans et à pieds joints, le malheureux ... - qu'un enfant n'a pas besoin de parler pour manifester qu'il a faim...

Par Papriko, le 12/07/2014 à 13h33 ( modifié le 12/07/2014 à 13h46 )

@Papriko ; vous n'êtes pas convaincu et c'est votre droit le plus strict, je ne vais pas contre-argumenter sur l'ensemble de votre copieux commentaire. Je voudrais cependant reprendre juste un point, sur la figure de l'annonciation, qui me fait parler du texte de Rancière comme un évangile ; je pointe là un motif lié à la foi : l'annonciation, par laquelle une chose une fois dite se réalise parce qu'elle a été annoncée. Evidemment, ça semble procéder du religieux et peut être considéré comme totalement irrationnel. Mais nous connaissons bien le phénomène des prophéties auto-réalisatrices (étudiées à travers les sondages, notamment), qui permettent d'observer qu'en effet certaines choses se réalisent PARCE QU'elles ont été annoncées. Par ailleurs, Rancière consacre d'assez longs développements à la nature de ce principe sur lequel Jacotot fonde sa proposition : "toutes les intelligences sont égales". C'est, selon Rancière, et selon Jacotot lui-même, une opinion. Rien de plus, rien de moins. Une opinion sous l'empire de laquelle on peut travailler ; et travailler dans cette opinion permet en effet de voir le fait se réaliser. C'est en tout cas ce que Jacotot, et les témoins de son expérience, ont observé. Ce devient un fait.

Par Judith, le 12/07/2014 à 12h36

C'est musclé, hein ?
Mais le bonhomme m'a mis en colère, tellement j'ai dépensé de l'énergie à essayer de le décrypter. Je n'ai pas la patience angélique de Judith et je ne me sens pas tenu de ménager l'invité.
D'ailleurs, juste avant que vous n'interveniez, j'allais rendre mon texte encore plus méchant en ajoutant "jingle ponctuant ses certitudes" en apposition à "rire niais". On a vraiment l'impression que son petit rire bref signifie : "Je sais, j'enfonce des portes ouvertes, mais je m'y sens une nouvelle fois obligé: comment peut-on nier l'évidence de ce que j'affirme?". Eh, bien, non, papy! Non seulement c'est pas évident, mais c'est faux. Et j'ai le droit de l'affirmer aussi sottement que toi !
J'étais assez content de ma formule "jingle ponctuant ses certitudes"(moi aussi, je sais être content de moi, personne n'est parfait), mais je n'ai pas eu le temps d'amender mon magnifique commentaire, puisque, je le constate, on ne peut éditer un message si un nouveau commentaire a été mis en ligne.

Par Papriko, le 12/07/2014 à 12h26 ( modifié le 12/07/2014 à 12h36 )

J'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à écouter ce bonhomme à la fois timide et très content de lui-même, bardé de certitudes et à le suivre dans les méandres de sa pensée cahotique.
Un exemple de son manque de rigueur et de la confusion de ses idées: lorsque Judith lui fait remarquer (mn 35) que Jacotot affirme sans démontrer et que son discours ressemble à un évangile, il rétorque, en substance, qu'il ne faut pas chercher à tout justifier et qu'il n'y a pas de justification, par exemple, dans la phrase "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit". Un telle confusion est stupéfiante. Car, dans un cas, Jacotot prétend - ce en quoi il se trompe, mais passons - décrire objectivement (à la manière du chercheur dans son laboratoire) une réalité préexistante (par exemple : tous les hommes sont pourvus de la même intelligence); dans l'autre, le législateur ("Les hommes naissent libres et égaux en droit" est, comme chacun sait, un des articles de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) ne prétend pas décrire le réel, mais au contraire, en posant les principes fondateurs d'une politique, se propose d'agir sur le réel et de le modeler, en affirmant tacitement que les lois de la nature, elles, ne sont pas modifiables. Cette confusion entre la position de l'homme politique ("Je décide que les choses doivent être ainsi") et celle du savant ("La terre tourne sur elle même, que je le veuille ou non") est navrante.
Plus d'une fois, en essayant d'écouter ce monsieur, qui martèle comme un credo sa négation de l'inégalité des intelligences (l'intelligence apparaissant comme sa bête noire, son ennemie personnelle), j'ai pensé à la phrase de Coluche :"Quelle que soit l'intelligence dont on est pourvu, on la trouve suffisante parce que c'est avec ça qu'on juge".
Jacques Rancière nous épuise en nous forçant à essayer - le plus souvent en vain, car ses raisonnements sont bancaux - de faire le ménage dans son discours - débité à une allure démente et souvent ponctué d'un petit rire niais - et de mettre bout à bout les éléments de sa pensée déstructurée. On ne s'étonne pas lorsqu'il révèle que certains producteurs de radio et de télévision lui demandent de faire un effort pour pour être accessible à tous et encore moins qu'il en soit surpris. Le moins marrant n'est pas qu'il se pose en spécialiste de la pédagogie...
Jacques Rancière donne l'impression de vivre coupé du réel, dans un état de folie douce. Il semble ignorer les principes de l'argumentation et de la démonstration, qui lui sont inaccessibles parce qu'il n'y a pas été initié. Cette incapacité et en elle-même, plus que toute argumentation, le signe de l'inanité de ses théories sur la capacité à acquérir des connaissances de manière autodidacte. De toute évidence, le maitre ignorant, c'est lui.
Jacques Rancière me fait irrésistiblement penser à un autre penseur fou: Etienne Chouard (Maja N., si vous me lisez, je vous demande pardon). L'un et l'autre semblent avoir été un beau jour frappés par la grâce d'une découverte initiatique à laquelle ils s'accrochent comme si c'était vital pour eux. Pour Chouard, c'est le principe du tirage au sort des gouvernants, qui a été expérimenté pendant quelques années il y a quelques millénaires. Pour Rancière ce sont les élucubrations de Jacotot. On imagine à quel point ils doivent se sentir isolés et incompris, eux qui ont vu la lumière.
Ces farfelus essaient de s'adapter recréent avec des mots un monde qui leur convient. C'est un spectacle assez singulier. Ce syndrome a probablement été probablement décrit et classé par les psychiatres.

Par Papriko, le 12/07/2014 à 08h54 ( modifié le 12/07/2014 à 11h16 )

Hum... comment dire ? pour l'ex-maître (d'école) que je suis et le militant "pédagogique",que je fus pendant l'essentiel de ma carrière, le pavé dans la mare qu'a pu être l'essai de Jacques Rancière en 1987, "Le Maître ignorant", me semble, aujourd'hui en 2014, compte tenu des réalités actuelles du système scolaire français de la maternelle à l'université, comme... enfoncer des portes ouvertes (au pire) ou (au mieux) être un menu philosophico-pédagogique passablement réchauffé !

Quoi ? Enseigner (c.a.d "apprendre à quelqu'un") et apprendre seraient deux activités distinctes ? in english : to teach is not to learn. Comment donc ? Expliquer empêcherait de comprendre ? Voyez-vous ça ! Plus on enseignerait à A, moins il apprendrait ? Et pour finir : vive l'autodidaxie !
Lorsque Joseph Jacotot, au début du 19e, expérimente et théorise son principe d'émancipation intellectuelle au travers d'un "enseignement"universel", l'apport de sa réflexion à la fois philosophique, pédagogique voire même politique, est parfaitement et utilement soutenable. Même si cela n'empêchera nullement la bourgeoisie au pouvoir, issue de 1789 et du siècle des Lumières, celle emmenée par Guizot puis par Jules Ferry, d'instaurer une Ecole POUR le peuple, et non pas une Ecole DU peuple ; autrement dit, une Ecole de la transmission et pas une Ecole de l'émancipation, soit un système de formation basé sur la domestication des esprits et la promotion individuelle, et non pas un système favorisant l'inventivité et la créativité dans une dynamique de promotion collective fondée sur l'entraide et la coopération.
Or, ce combat, initié sans doute mais perdu par Jacotot d'abord, puis par les anarcho-socialo-communards prônant une école mutualiste durant la Commune de Paris, ce combat, d'abord politique et idéologique avant d'être pédagogique, fut repris et porté par les pédagogues du début du 20e siècle, les Cousinet, Claparède... et tant d'autres ! et parmi eux, le plus convaincant sans doute, Célestin Freinet et ses continuateurs, Fernand Oury, Maria Montessori, Lorenzo Milani (Barbiana)...
Quant à la question de "la volonté d'apprendre" un détour par le travail du psychanalyste A.S. Neill, dont l'école rendue célèbre par l'ouvrage "Libres enfants de Summerhill" existe toujours, pourrait être éclairant. Et que dire de la puissante réflexion d'un Ivan Illich, auteur de "Une société sans école" (1971 !), entre autre analyse et proposition sociétale majeure !

Il ne s'est donc pas rien passé entre l'expérience jacotiste et la parution du "Maître ignorant" de Jacques Rancière. Plus précisément, les tentatives de rénovation visant à réduire l'élitisme et le caractère socialement inégalitaire du système éducatif ne se résument pas à la propagation des idées dites constructivistes ni à la diffusion, via le marché de l'édition scolaire de matériels didactiques issus des méthodes actives au cours des années 60 et 70. C'est là que j'ai éprouvé un quasi constant malaise en écoutant certaines réponses faites par Jacques Rancière. Que l'on interpelle la tradition pédagogique qui assigne l'élève à sa place d'ignorant du haut de l'estrade du magister sachant, d'accord. Mais l'ensemble de la recherche pédagogique, qui a tenté d'apporter diverses alternatives à des pratiques et des dispositifs générant de l'inégalité et/ou de l'échec, ne peut être assimilé à un pitoyable simulacre pédagogique aussi "abrutissant" (si ce n'est plus pernicieux encore) que celui qu'elle vise à remplacer ! A moins de tout ignorer du colossal savoir que représente des dizaines d'années de travail de plusieurs milliers d'enseignants-chercheurs.
Pour tout dire, dans le débat, stérile mais récurrent, entre pédagos et anti-pédagos, je me demande si Jacques Rancière n'est pas plus tenté par un soutien aux seconds plutôt qu'une aide réflexive aux premiers ?
S'il semble se féliciter, à l'instar d'un Michel Serres et sa "Petite Poucette", de la dynamique à la fois libertaire et auto-didactique des réseaux sociaux et des technologies issues du numérique, la seule véritable "proposition" pédagogique que j'ai pu l'entendre prononcer pendant cette heure et quart c'est : "Qu'ils se débrouillent !"... ce qui est bien peu consistant et encore moins convaincant !
Pourtant, l'Ecole d'aujourd'hui est, toujours et encore, à l'évidence sélective et élitiste ; en panne de propositions et solutions pour remédier à ce défaut quasi congénital et pourtant socialement, économiquement et moralement dévastateur. Dans le marasme ambiant, professeurs, élèves et parents ne font guère que ça : se débrouiller ! Tout particulièrement dans les quartiers populaires où l'on survit plus qu'on ne vit véritablement.

Par jlb93, le 09/07/2014 à 16h24 ( modifié le 09/07/2014 à 18h27 )

Merci pour cet entretien, que j'ai trouvé particulièrement intéressant quand vous avez sorti la pensée de Jacotot du cadre de l'enseignement, pour l'utiliser afin de réfléchir sur notre société.

Par julie-faure, le 09/07/2014 à 15h35

@Judith. Oui, je parlais bien des soucis de téléchargement, peut être dus à Viméo, mais ce ne sont aps les abonnés qui ont choisi Vimeo :-)

Par Cyrille LOCICIRO, le 09/07/2014 à 11h55

A propos des deux "forums" de commentaires (qui font doublon) notons que sur celui-ci les derniers commentaires apparaissent en haut de la pile alors ils apparaissent en bas (comme c'est le cas sur les forums d'@si).

Par Papriko, le 08/07/2014 à 19h10

Merci pour cet entretien si jacotiste! Deux intelligences, deux subjectivités qui se rencontrent et dialoguent... Un régal d'émancipation intellectuelle! Pourrait-on voter pour que cette émission soit d'utilité publique et ouverte à tous? merci Hors-Série!

Par Ali Naldy, le 08/07/2014 à 18h21

Ah oui, je n'avais pas vu les commentaires sous "télécharger la vidéo" (essentiellement des témoignages d'échec technique autour de ce fichu problème de téléchargement sur Vimeo ; Mireille est en dialogue avec eux pour essayer de comprendre ce qui se passe). Pour ce qui est d'inviter des femmes, ça viendra. Je suis en train de lire un livre écrit par une femme (!!!) - parce que j'avais envie de lire ce texte, pas parce que c'est écrit par une femme, hein ;-)

Par Judith, le 08/07/2014 à 11h52

Chaque émission fait l'objet de deux séries de commentaires : celle-ci, plus celle qui apparait lorsqu'on clique sur "Télécharger la vidéo". Il serait opportun de supprimer une de ces deux listes et de regrouper les commentaires relatifs à une même émission.

Par Papriko, le 08/07/2014 à 09h33

Un grand bravo pour Hors-Série. Toutes les émissions sont très intéressantes, à la fois grâce aux animatrices et aux invités.

Bon ceci dit, pour ne pas vous faire épingler dans le dossier d'ASI "Sexisme, la barrière invisible" qui a critiqué les émissions qui n'invitent que des experts hommes, à quand des invitées? :)

Par Moe 13, le 08/07/2014 à 07h54

"Ça cafouille au niveau technique" : vous parlez des difficultés de téléchargement liées à Vimeo ? Ou bien vous parlez d'autre chose ?

Par Judith, le 07/07/2014 à 23h10

Sur un sujet absolument proche, le documentaire "Etre et devenir" de Clara Bellar, sorti très récemment en salle. Un entretien passionnant, quoi qu'il en soit. Dommage que ça cafouille encore niveau technique, mais bon, ça va venir...

Par Cyrille LOCICIRO, le 07/07/2014 à 21h34

Merci de l'avertissement, mais je crois que le mépris du prof est bien plus grand, mais faux-cul, du côté du pédagogisme que de Rancière... et puis on regrette juste qu'il n'y ait pas plus de développement : enseigner en collège, en lycée, ou à l'université, ou en maternelle, est-ce toujours le même métier? Je comprends que la position de Rancière n'est pas "technique", qu'il ne défend pas de "méthode", mais plutôt éthique, une position face au savoir et au rapport maître/élève (je note d'ailleurs que le mot "maître" n'est pas banni même s'il est remis en jeu). Il n'empêche que les idées défendues sont parfois très générales, presque abstraites, enfin bon, je lirai pour approfondir ça.

Par GaM, le 07/07/2014 à 16h45

Ah, youpi ! J'adore apprendre que l'émission déclenche des pulsions de lecture du texte... Attention toutefois : quand on est prof, le bouquin fait vraiment mal aux dents. A moins, peut-être, que l'émission permette d'en mieux digérer les upercuts (Rancière est beaucoup plus doux et indulgent à l'oral qu'à l'écrit).

Par Judith, le 07/07/2014 à 15h19

Passionnant!
Et pourtant je me méfiais de ce titre (mauvais, à mon avis, par les temps qui rampent, car les andouilles s'en serviront pour discréditer à bon compte une pseudo et fantasmée "pensée 68")que j'identifiais à la catastrophique idéologie pédagogo de Meyrieux, ennui mortel des piteux cours d'IUFM à Lyon... avec l'élève au centre et nous, profs, planant certainement à la périphérie... mais dans quel espace???
Du coup, je vais le lire ce bouquin, j'adore que cette idée radicale de la démocratie (l'égalité AVANT tout)rencontre cet anti-pédagogisme radical... vivifiant quand on est prof! 'Faut qu'j'y pense!
Merci Judith

Par GaM, le 07/07/2014 à 14h48

Super réjouissant !! J en redemande ...
Judith toujours à la hauteur ..et ses invités choisis avec une telle intelligence!!! À partager...
Claude

Par LARDACH, le 07/07/2014 à 13h33

Merci pour vos témoignages d'enthousiasme : je suis heureuse que le bonheur que m'a inspiré cet entretien soit partagé !

Par Judith, le 07/07/2014 à 11h58

un pur bonheur! une fois encore des intelligences à l’œuvre. merci!!!

Par henri d'artois, le 07/07/2014 à 11h38

En effet le téléchargement sur VIMEO est HS.
Téléchargé sous Firefox avec DownloadHelper en 10 minutes.
Bravo pour la qualité de l'image.

Par JRem, le 06/07/2014 à 20h31

La fin de l'entretien et cette affirmation "on n'est pas obligé de tout comprendre",a provoqué,chez moi,une immense libération qui m'a permis de retrouver des tas de moments où j'étais très intéressée, faisant un peu même temps ma réflexion, puis retrouvais une autre période tout à fait intrigante, et ainsi de suite. Mais je sais que des tas de réflexions vont me revenir et alimenter ma compréhension, probablement à ma façon et je retiens avec une reconnaissance infinie, déculpabilisante, de ne pas tout comprendre !
Françoise L

Par ahurie, le 06/07/2014 à 17h58

Rien à dire, Rancière est magistral !

Par Paul Balmet, le 06/07/2014 à 16h48


j'ai passé un excellent après midi avec vous deux. je reste convaincue que ces rapports maitre et ignorants sont à l'origine des classes sociales aliènes toujours rappelées à leur insuffisance j’aimerai un jour que vous creusiez la place qu'à prise l'évaluation des fonctionnaires dans l'administration avec sa visée de contrôle .

Par bernejo, le 06/07/2014 à 16h06

Un grand merci pour cette belle émission, qui me donne envie de me plonger dans ce texte.

Longue vie à Hors-série !

Par Héloïse, le 06/07/2014 à 14h48

Pour télécharger sous Firefox en attendant que le bug du site soit réparé, on peut utiliser l'application gratuite Downloadhelper.Ça marche très bien, j'ai testé.

Et en fait, il semble que le bug soit réparé parce que sous Firefox je peux maintenant télécharger directement (ce que je ne pouvais pas faire hier) en utilisant le 3ème choix de fichier (les 2 premiers ne fonctionnent pas)

Ha ben non, finalement il semble que le téléchargement ne marche pas pour toutes les émissions.

Par RST, le 06/07/2014 à 11h42 ( modifié le 06/07/2014 à 11h55 )

Je suis très inquiet : non seulement j'ai aimé mais en plus je crois que j'ai tout compris, c'est grave ?
Par contre la musique du générique est à chier (mais la prise de vue est excellente à mon humble avis)
Et toujours à mon humble avis, Judith aussi est excellente dans l'animation et la relance.
C'est très agréable d'écouter et de regarder 2 personnes intelligentes discuter d'un sujet qui, à priori, ne me parle pas beaucoup au départ.

Par RST, le 06/07/2014 à 11h38 ( modifié le 06/07/2014 à 12h07 )

Bonsoir, Toujours impossible de voir les vidéos en plein écran avec le navigateur FIREFOX.

Par Alain, le 05/07/2014 à 22h01

Pour celles et ceux qui ont un problème de téléchargement : avez-vous essayé sous Chrome ? J'ai le problème sous Firefox, et tout a fonctionné sous Chrome.

Mireille - webmaster Hors-Série / Arrêt sur Images

Par mireille, le 05/07/2014 à 20h06

@Anthony : il semble que vous ayez raison, la déconnexion-reconnexion ne fonctionne plus. La seule solution reste le streaming, si toutefois les serveurs Vimeo ne sont pas saturés, ce qui semble hélas être le cas à lire les commentaires. Et, comme le conseille Mireille par ailleurs, utiliser un plug-in genre FVD Downloader ou DownlodHelper, si on souhaite absolument télécharger. Moi ça y est, c'est fait, je vais pouvoir tranquillement m'abreuver aux sources (ou plutôt dans le texte) de cette joie pétillante qui semble avoir tant enchanté Judith. A+

Par utilisateur supprimé, le 05/07/2014 à 18h59

@Andromaque : nous avons mis les vidéos en privé, pour qu'elles ne soient accessibles qu'aux abonnés Hors-Série. Normalement, elles doivent fonctionner sur le site.
Vérifiez donc bien que votre navigateur ne bloque pas les vidéos sur notre site, ou que les paramètres de sécurité sont trop élevés pour ces vidéos.

Mireille - webmaster Hors-Série / Arrêt sur Images

Par mireille, le 05/07/2014 à 18h54

IMPORTANT : à propos du visionnage et du téléchargement des vidéos.

Bonjour à tous,

Comme certains l'ont constaté, le téléchargement des vidéos connaît quelques ratés.

En fait, en cas de forte affluence, le téléchargement peut ne pas fonctionner correctement : le réseau de Vimeo, sur lequel est la vidéo, se retrouve saturé.

Dans ce cas, nous vous conseillons d'attendre quelques heures, et / ou de revenir en dehors des heures de grosse affluence (les heures d'affluence sont, notamment, entre 17h et 20h, et les jours de publication des émissions).

Nous cherchons une solution à ce problème. Nous vous présentons toutes nos excuses pour le dérangement occasionné.

Pour ceux qui sont un peu à l'aise avec l'informatique, vous pouvez installer un add-on type DownloadHelper pour la récupérer.

Quand à ceux qui ont un message sur le streaming, vérifiez bien les paramètres de votre navigateur, de votre antivirus et de votre pare-feu : l'un des trois doit bloquer la vidéo.

Et n'hésitez pas à nous écrire à contact@arretsurimages.net : j'essaierais de répondre à vos mails ce week-end.

Mireille - webmaster Hors-Série / Arrêt sur Images

Par mireille, le 05/07/2014 à 18h49

Si ça peux avoir un intérêt pour comprendre ce qu'il se passe : je découvre qu'une seule vidéos du site est visible pour moi, c'est: Post-scriptum sur les intermittents, avec André WILMS.
Encourageant, décourageant, je sais pas...
Je suis contente d'en voir une en tout cas. Elle est vraiment réjouissante en plus !
ça va s'arranger, allez !
Merci pour tout

Par Andromaque, le 05/07/2014 à 18h47

Désolée Judith, pour moi c'est encore impossible de regarder les vidéos ! La webmaster m'a écrit que ça pouvait dépendre d'options de confidentialité ou de navigateur... J'arrive cependant à visionner des vidéos VIMEO ailleurs sur le net sans problèmes. J'aimerais pouvoir persévérer pour un résultat, mais comment ? Le message suivant s'affiche toujours à l'emplacement de la vidéo : "Because of its privacy settings, this video cannot be played here."
Merci pour les tuyaux !

Par Andromaque, le 05/07/2014 à 18h19

Pas de quoi.

Par utilisateur supprimé, le 05/07/2014 à 18h11

Ahhhh. Merci, Bruno.

Par Judith, le 05/07/2014 à 18h07

Oui, exactement, j'avais le même problème que les autres, et maintenant ça fonctionne très bien.
Je vais changer mon pseudo si ça peut vous être agréable (en fait c'est mon prénom + nom sans les voyelles, vu qu'avec c'était déjà pris chez Gmail).
Bon courage,
Bruno.

Par utilisateur supprimé, le 05/07/2014 à 18h04

Bonjour tout le monde.
Il semble que Viméo rencontre quelques difficultés. Parfois ça marche... de manière aléatoire, mais souvent URL inexistante. D'autres vidéos rencontrent le même soucis : donc soit de regarder en streaming, soit d'attendre un peu que viméo règle le problème.

Sinon la déconnexion du site hors-série ne réglera pas le problème (c'est un hasard) puisque les vidéos ne sont pas hébergées sur le même serveur.

Par Anthony, le 05/07/2014 à 18h03 ( modifié le 05/07/2014 à 18h04 )

Vous faites bien de vous répéter, brnmm (nan mais quel pseudo, pardon), je n'avais pas vu passer votre suggestion auparavant. Donc si vous vous reconnectez, vous parvenez à télécharger ?

Par Judith, le 05/07/2014 à 18h00

Au risque de me répéter, une solution fonctionne : se déconnecter de Hors-Série et s'y reconnecter. Vox clamantis in deserto...

Par utilisateur supprimé, le 05/07/2014 à 17h55

On a vérifié dix fois l'onglet "privacy" : tout est coché pour que le téléchargement soit possible. Et de fait, on peut lancer le téléchargement à partir d'Hors-Série sur mon ordinateur. Pour ce qui est de faire un stage, d'avoir un geek... on était quand même censés s'appuyer sur un développeur et une webmaster, responsables de tous ces aspects techniques. Nous voici en ce samedi tout démunis, sans développeur ni webmaster, c'est ballot.

Par Judith, le 05/07/2014 à 17h50

C'est coché, Gynko. C'est pourquoi je ne comprends pas le bug.

Par Judith, le 05/07/2014 à 17h46

Eh ben mon vieux... Ca me rappelle le temps des pionniers, quand quelques allumés aux yeux fiévreux et au visage hâve se refilaient en cachette des trucs pour accéder à des ressources cryptiques sur Arpanet. Non, je déconne. Mais bon, quand même, faites quelque chose, je ne sais pas... prenez un geek en stage, faites un stage...
Avec tout ça, je n'ai pas encore regardé l'émission !

Par utilisateur supprimé, le 05/07/2014 à 17h46

Bon ; il y a manifestement un bug. On est un peu à la peine pour vous répondre. Raphaël et moi ne sommes pas précisément des as de la technique Internet ; Mireille, la webmaster, est en vacances... Donc, pour l'instant, je ne peux que vous inciter à la visionner en streaming - ça marche très bien - ou à patienter, jusqu'à ce qu'on comprenne le bug.

Par Judith, le 05/07/2014 à 16h42

Suis avec Firefox et impossible de télécharger aussi (aucun des 3 fichiers proposés). Et je vous confirme que je suis bien identifié sur le site Hors Série (de toute façon, le bouton Télécharger n'apparaît pas si je ne me suis pas identifié).

Par Damien, le 05/07/2014 à 16h39 ( modifié le 05/07/2014 à 16h40 )

Et du coup même réponse : avez-vous bien préalablement saisi votre mail et votre mot de passe sur le site Hors-Série ?

Par Judith, le 05/07/2014 à 16h38

Hé bien ! Entretien assez costaud, j'ai eu parfois du mal à suivre, mais c'était vraiment très stimulant ! Je me suis retrouvé de nombreuses fois dans les propos de Jacques Rancière, d'ailleurs toujours très juste et précis.

On en redemande !

Par Cédric Moreau, le 05/07/2014 à 16h31

très très belle image et propos passionnants. Bravo et merci. EG

Par vegian, le 05/07/2014 à 16h27

@Christian Deny : après vérification, de notre côté tout est bon et le téléchargement fonctionne. Avez-vous pensé à vous connecter au site avec votre identifiant et votre mot de passe ?

Par Judith, le 05/07/2014 à 15h45

@Christian Deny : on va vérifier de notre côté (ça marchait quand on l'a testé au moment de la mise en ligne). On essaie de régler ça.

Par Judith, le 05/07/2014 à 15h38

@Roselyne : Pour le téléchargement en MP3, ça fait partie des options techniques que nous sommes encore en train de mettre en place ; on espère que ce sera bon la semaine prochaine. Pour ce qui est des liens hypertextes, j'ai renoncé à les mettre dans les news Ulule, car ensuite le système d'envoi d'Ulule avait tendance à modifier le lien, qui n'était plus valide. Lassée de répondre à des messages signalant que le lien ne fonctionnait pas, alors qu'il est parfaitement opérationnel quand je l'incorpore dans la news, j'ai préféré considérer que vous savez où trouver le site Hors-Série, auquel vous êtes abonné(e), et que vous pouvez placer dans vos favoris.

Par Judith, le 05/07/2014 à 15h37

Bonjour,
77 minutes de vidéo ! Je ne peux pas rester 77 minutes devant mon ordinateur à regarder 2 personnes assises dans un fauteuil parler entre elles même si le sujet m'intéresse.

Par contre si je pouvais télécharger en MP3 je pourrai les écouter dans le métro, au super marché quand je fais mes courses et même en faisant mon ménage.
"Arrêt sur images" l'a bien compris qui offre cette possiblitité et que je suis tous les vendredis.

Autre chose, quand vous présentez une émission, une page de site, ect. il serait intéressant que cela soit avec un lien hypertexte pour y aller directement.

Sinon bravo, encore un petit effort et ce sera parfait

Roselyne


Par roselyne-5, le 05/07/2014 à 15h27

Impossible de télécharger le document. s'affiche le message suivant (quel que soit le format video choisi):

"Autorisation refusée

Désolé, nous n'avez pas l'autorisation nécessaire pour accéder à cet espace de Vimeo."

Merci de votre aide,

C. DENY

Par DENY Christian, le 05/07/2014 à 15h27