Hors-Série
Arret sur Images
Me connecter
abonnez-vous


La bataille de l'imaginaire

En accès libre

Alain Damasio

Petite, je lisais beaucoup de science-fiction. Je suis passée quasi-directement du Club des Cinq à H.G. Wells et Ray Bradbury. J'aimais vraiment ça et, contrairement à beaucoup de choses que j'ai lues et oubliées, ce que j'y ai trouvé est resté dans ma tête. Et puis, à un moment, j'ai arrêté. Parce que ça faisait pas sérieux et que c'était un truc d'ado pas cool (on ne disait pas encore geek à l'époque). Mais, en fait, je me dis que j'ai eu drôlement tort.

La science-fiction change le monde, il faut la prendre au sérieux. L'avantage qu'elle possède sur la littérature dite blanche est qu'elle permet de faire des expériences de pensée, de tester jusqu'au bout des scénarios d'échecs. De voir ce qui se passerait si...

Elle a une fonction d'alerte beaucoup plus efficace que n'importe quel essai sociologique, philosophique ou politique. Il n'y a qu'à voir ces derniers temps à quel point on cite George Orwell, Aldous Huxley ou Philip K.Dick pour décrire le monde tel qu'il ne va pas.

Les auteurs de science-fiction ont une fonction primordiale. Ils sont à l'avant-poste de la bataille des imaginaires. Ils ont la responsabilté de nous proposer d'autres futurs possibles. Et dans cette bataille, Alain Damasio est l'un de nos plus vaillants soldats! Ses deux premiers romans, La Zone du Dehors et La Horde du Contrevent en ont fait un auteur culte dans son genre et au-delà...

Epaulé par Nietzsche, Foucault, Deleuze ou Illich, ses romans et ses nouvelles sont autant d'occasions d'anticiper les effets des politiques de surveillance, de contrôle, de distorsion de la réalité. Ils nous donnent de la matière pour penser notre rapport aux machines, à la technologie et réfléchir à la manière dont elles modifient notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes. Chacun de ses textes est un tract éminemment politique. Une arme précieuse qui, en nous donnant un coup d'avance, nous permet également d'anticiper les moyens de résistance!

 

La Zone du dehors (1999)  éditions La Volte

La Horde du Contrevent (2004) éditions La Volte

 

 

 

 

 

 

En accès libre , émission publiée le 09/01/2016
Durée de l'émission : 67 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

19 commentaires postés

Une chance de pouvoir écouter Damasio !
Une autre émission, en 2018, est la bienvenue...

La Horde du Contrevent, c'est l'expérience la plus extraordinaire de littérature qu'il m'ait été donné de faire.
Je dis cela, en ayant lu beaucoup de choses, dans tous les domaines, avant et après,....
Ce n'est pas pour rien, comme il est dit de-ci, de-là, que M. Damasio prend plusieurs années pour écrire un de ces merveilleux livres. C'est très élaboré, tout en finesse, dans les idées, le fond, la forme, et la manière d'écrire,...
C'est exceptionnel, comme bouquin.

Les idées, ... sont d'avant garde, unique (qu'on ne trouve que là,...pour l'instant), subtiles...

Personnellement, je ne classe pas ces romans dans la Science Fiction, mais dans la catégorie Humanité Projection.
Ce catégorie n'est plus juste, à mon avis, depuis les années 90.
Avec les auteurs comme Iain M. Banks, Scott Card (y compris Alvin le Faiseur), ou même C. Priest (le monde inverti, années 70),...
Ces romans n'ont plus grand chose de science, et de fiction par la science.
Greag Bear, lui, est encore dans la dimension scientifique, et dans la fiction construite sur la science.
mais sinon, les autres, dont Damasio, sont, à mon avis, dans l'Humanité Projection.
Humanité Projection, c'est la projection de l'humain, dans une situation et une histoire, qui stimulent, font ressortir, et font réflechir, le lecteur, sur les dimensions de l'humanité, les enjeux, les questions de la société, etc..

le décalage dans le temps est une manière de mettre l'humain face à, ou dans, des situations étonnantes, et spéciales.
mais cela fonctionne aussi très bien, de la même façon, dans le fait de le mettre (l'humain) dans le passé ...
C'est ce que font des auteurs comme Bashevis Singer (Le Manoir,...), ou A. Barrico avec "Soie", par exemple.

Vous voyez de la fiction construite sur la science, dans la Horde ?
Et la science, dans la Zone du Dehors ???

Personnellement, je préfère,... ces auteurs et ces oeuvres, à celles de la science fiction des années 60 (même si Clark, Van Vogt, Pratchet, Asimov bien entendu, etc... c'est remarquable et passionnant).

La science, ce n'est plus d'actualité, en tant que ressort de littérature : ce n'est plus la science, qui tire le progrès, et corrélativement, fait se poser des questions sur l'humain et l'humanité.
Ce sont l'évolution de la société, et le passage à une autre civilisation (en cours) qui tirent l'évolution de l'humain, et font se poser des questions sur l'humain et l'humanité.
(la science en fait partie, mais elle n'en n'est qu'une toute petite partie).

Reste qu'en dehors de ces chipotages de catégories littéraires, la Zone du Dehors est le roman le plus exceptionnel et spécial que j'ai eu la chance de lire... toute catégorie confondues.
Merci à M. Damasio pour ces extraordinaires bouquins !


pour l'IA, et le commentaire de Alban Grastien_1 : je partage le constat de M. Damasio.

Ce que je constate, dans le monde, actuellement, c'est :

"L'intelligence artificielle est un artifice pour tirer les ficelles, au nom de l'intelligence..."

Dans la social démocratie, il y a plus de régulation administrative que d'éléments politiques qui dirigent. Comme avec l'Europe,... par exemple.
Je préfère donc parler en terme de mouvement de société, que de politique.
Donc, en terme de mouvement de société, l'intelligence artificielle va être la manière de dire au gens ce qu'ils doivent faire, comme une régulation administrative, au nom d'une intelligence "qui sait ce qui est bon".
Cela sera la "boite noire", fabriquée par certains, et utilisée par d'autres, qui servira à dire aux gens ce qu'il doivent faire.
Cela sera la "boite noire" qui servira d'institution pour batir et garantir la confiance, la stabilité et la pérenité dans la société.

Comme le genre de mécanisme et de fonctionnement de société présenté dans la Zone du Dehors.

Par gmail1234 LPL, le 31/12/2017 à 11h52 ( modifié le 31/12/2017 à 13h08 )

Et le tome 2 ?? :)

Par Düb, le 19/09/2017 à 13h34

Emission passionnante a mon gout, mais je voudrais revenir sur cette question de l'intelligence artificielle. Je pense que votre invite surestime les capacites humaines. Certes, l'IA est encore faible et Google Translate nous fait rire, mais je pense qu'il n'y a plus qu'un pas vers des IA comparables aux hommes. Et je suis certain aussi que certaines erreurs commises par l'IA sont tres comparables aux erreurs commises par les humains : il est des concepts qui sont absolument inintelligible pour certains humains, comme c'est le cas pour des IA.

Je serais enthousiasme par une emission de Hors-Serie sur l'etat actuel de l'IA et sa comparaison par rapport a l'intelligence humaine.

Par Alban Grastien_1, le 04/04/2016 à 10h05

"Dan Simmons, c'est un putain d'enfoiré de droite... Il a dénoncé un Palestinien dans son université, c'est quelqu'un qui est odieux..."

Dans le monde binaire de M. Damasio, le gauchiste est forcément courageux et généreux, il cache le juif dans sa cave quand l'homme de droite le dénonce au nazi. On comprend pourquoi M. Damasio écrit des romans plutôt que des essais politiques.

Par FRANCOIS RIVIERE_1, le 12/01/2016 à 18h45 ( modifié le 12/01/2016 à 21h46 )

Passionnant, je suis pour un tome 2 !!!

Par Mélanie, le 12/01/2016 à 11h54 ( modifié le 12/01/2016 à 11h54 )


Pour continuer sur l idee de ce moment tres interessant a propos de l absence d image, et la force du son ;))

Gaston Bachelard : « La radio comme possibilité de rêve éveillé »
https://www.youtube.com/watch?v=59neWBVTFUc

Par yann, le 11/01/2016 à 23h55

¿’ On dirait qu’un slamino slalomant souffle sur le pays de Hors-Série. J’y sens le vif de Maja planer en peine sur la plaine aux sources. Troubaduc, comment pourrais-je rater le comte conteur Damasio ? Diantre, que le grand glyphe me gifle si ! Arrimé la Nesko l’a, comme un simple abrité, sur son drakkair fréole, il faut profit en faire, en guise de profiteréoles. Basta les blaasts, furvents et autres autochrones, au diable l’extrême-amont, une heure d’accalmie pour la horde. Merci !

(désolée)

Par Abracadabra, le 11/01/2016 à 19h42 ( modifié le 11/01/2016 à 19h48 )

excellente itw...je cours acheter ses bouquins !

Par FRAFOR, le 11/01/2016 à 11h13

Émission originale pour commencer l'année. :) Merci Maja.

J'espère que Judith regarda cette émission et qu'elle lui donnera des idées de lecture. Judith Bernard n'est pas très science-fiction, uchronie, utopie, dystopie, fantastique, fantasy, fantaisie, soap-opera, steampunk, post-apocalypse… Il n'y a pas que les essais (que je lis aussi). Offrez au moins quelques piges à Rafik pour que tous ces genres littéraires ne soient plus l'angle mort du site.

Par lalberio, le 10/01/2016 à 19h37

"Aussi un homme, pour prouver qu’il
n’est pas une machine, doit démontrer qu’il n’est
soumis à aucune domination."

"C'est si calme partout, ce formidable sectarisme, la basse étroitesse d'esprit. La chose qu'un homme a est la seule chose qu'il vaille d'avoir; la seule vie qu'il vaille de vivre est sa propre petite vie d'adoration du dollar et d'adoration de Mammon; la seule petite possession qu'il vaille d'avoir est sa propre propriété, et rien d'autre. Si je peux fabriquer une petite bêtise en argile ou inventer une machine, cela sera admiré au-delà des plus grandes possessions. C'est le cas partout dans le monde, malgré l'éducation et l'instruction. Mais l'éducation a encore à venir dans le monde, et la civilisation - la civilisation n'a encore commencé nulle part, quatre vint dix neuf virgule neuf pour cent de la race humaine sont plus ou moins des sauvages, même maintenant. Nous pouvons lire ces choses dans les livres, et nous entendons parler de tolérance en religion tout çà, mais il y a encore très peu de cela dans le monde; prenez mon expérience : quatre vingt dix neuf pour cent n'y pensent même pas. Il y a encore une formidable persécution religieuse dans chaque pays où je suis allé, et les mêmes vieilles objections sont levées contre le fait d'apprendre quelque chose de nouveau. La petite tolérance qui existe dans le monde, la petite sympathie qui existe encore dans le monde pour la pensée religieuse, se trouve ici, dans le pays des Aryas, et nulle part ailleurs. C'est ici que les Indiens ont construit des temples pour les Musulmans et les Chrétiens, nulle part ailleurs. Si vous allez dans les autres pays et demandez aux Mahométans ou aux gens d'autres religions de construire un temple pour vous, voyez comment ils aideront. Ils essaieront plutôt de démolir votre temple et vous avec, s'ils le peuvent. C'est pourquoi la seule grande leçon que le monde veut, que le monde a encore à apprendre de l'Inde, c'est l'idée non seulement de tolérance, mais de sympathie"

"Une fois de plus, l'histoire est sur le point de se répéter. Car aujourd'hui, sous la lumière critique de la science moderne, quand des croyances anciennes et apparemment fortes et invulnérables ont été renversées de leurs propres fondations, quand des prétentions spéciales ayant amené le monde à obéir à différentes sectes ont toutes explosé en atomes et ont disparu dans l'air - quand les coups de massue des recherches antiques modernes pulvérisant comme des tas de porcelaine toutes sortes d'orthodoxies désuètes - quand la religion en Occident est uniquement entre les mains des ignorants, et que ceux qui savent baissent les yeux avec dédain sur tout ce qui appartient à la religion, voici que vient sur le devant la philosophie de l'Inde, qui expose les plus hautes aspirations religieuses de l'esprit indien, où les plus grands faits philosophiques ont été la spiritualité pratique des gens. Ceci vient naturellement à la rescousse, l'idée de l'unité de tout, l'Infini, l'idée de l'Impersonnel, l'idée merveilleuse de l'âme éternelle de l'homme, de la continuité ininterrompue dans la marche des êtres, et l'infinité de l'univers. Les vieilles sectes considéraient le monde comme une petite marre de boue, et pensaient que le temps n'avait commencé que l'autre jour. C'était là dans nos vieux livres, et seulement là que la grande idée de l'échelle infinie du temps, de l'espace et de la causation, et par-dessus tout, la gloire infinie de l'esprit de l'homme contenaient toute la recherche de religion. Lorsque les formidables théories modernes de l'évolution et de la conservation de l'énergie, etc. sont en train de donner des coups mortels à toutes sortes de théologies grossières, qu'est-ce qui peut tenir plus longtemps l'obéissance de l'humanité cultivée si ce ne sont les idées les plus merveilleuses, convaincantes, élargissantes et ennoblissantes, qui ne peuvent être trouvées que dans ce produit le plus merveilleux de l'âme de l'homme, la merveilleuse voix de Dieu, le Vedanta."




Swami Vivekananda- 1897
http://pages.intnet.mu/ramsurat/Vivekananda/Message.html


http://gaurakrishna.org/Traductions/Swami%20Vivekananda.pdf




Par Gauthier R, le 10/01/2016 à 12h50

Extraordinaire emission !!!
Vivement le tome 2 !

Par yann, le 10/01/2016 à 09h22

Je ne connaissais pas cet auteur, mais je ne suis pas une fana des anti-utopies.
J'attends la suite avec impatience, car ses propos sont passionnants.
Et pour ce qui est des auteurs de SF de droite, on a Dantec, même s'il est devenu récemment canadien.

Par Yanne, le 09/01/2016 à 20h41

Bravo!
Tome 2 indispensable!

Par CC 6500, le 09/01/2016 à 20h13

@ Faab : On le voit à 00:50 http://biglazyrobot.com/i-diots/

Par Hubert_Non_Uber, le 09/01/2016 à 20h13

Je l'ai peut-être raté mais je n'ai pas vu à qui on devait cette amusante historiette de robot iDiots. Ca vient d'où ?

Sinon, bel effort de réalisation-montage, j'ai apprécié l'écran noir (pas encore marque déposée ?) et les lumières de Damasio ("tu vois..." important pour la science-fiction comme dirait l'Oracle (tm)).

Par Faab, le 09/01/2016 à 19h28 ( modifié le 09/01/2016 à 19h28 )

Je ne sais comment le commenter de manière diplomate, mais votre invité, Maja, doit détenir le record du mot parasite : la mécanique un peu crispante de la répétition de son récurrent "tu vois" finit par polluer vraiment l'attention au contenu (tellement ça devient hypnotisant...). Il n'est pas très vieux, il a encore le temps de s'amender d'ici l'enregistrement de la seconde partie de l'interview :-).

(Petit détail : la lettre de cachet concerne l'Ancien Régime)

Approche passionnante. Merci, l'année 2016 s'annonce captivante, credo !

Par Pompastel., le 09/01/2016 à 18h34

Super entrevue qui me donne envie de relire de la SF (entre autres) et de jeter mon portable, mon internet, et j'en passe, pour revenir au lien humain et à l'imagination, entre autres... Maintenant, quand ce sont aussi des outils de travail et qu'on a une activité d'indépendant, plutôt nomade, c'est difficile de s'en passer, même quand on a appris à déconnecter quand il le faut = quand le besoin s'en fait sentir...

Début d'année en beauté donc... Merci, merci, merci et très belle année 2016 à toute l'équipe !

Par SABINE M., le 09/01/2016 à 18h28

Ah làlà... passionnant! et combien instructif...
Moi qui ne lisais pas non plus de SF, je comprends mon a priori erroné.
Bon, j'ai plus qu'à aller me plonger là dedans, on dirait.

Merci beaucoup pour toutes vos merveilleuses interviews. Je n'en rate pas une.
Vous êtes toutes formidables.

Par Shitsurei, le 09/01/2016 à 18h01

Mes vœux enfin exaucés. Maja, merci !

Par Paul Balmet, le 09/01/2016 à 14h57