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Homeland : Irak année zéro

Dans Le Film

Abbas Fahdel

Lorsqu'on suit Abbas Fahdel sur Facebook, on comprend très vite pourquoi le cinéaste publie toujours des photos des personnes et des paysages qu'il croise à travers le monde (cela va faire presque un an qu'il fait la tournée des festivals internationaux pour présenter son film) : c'est quasiment la même angoisse, ou du moins le même désir qui innervait chaque plan d'Homeland Irak année zéro (qui vient de sortir en DVD), documentaire monstre de plus de cinq heures où il filme ses proches avant la chute de Saddam Hussein et après l'invasion américaine. La peur panique d'oublier, l'obsession de conserver les visages appréciés ou aimés. Et il n'y a pas à beaucoup le pousser pour qu'il cite Levinas et nous fasse part de sa devise, qu'il a comme chevillée au corps : "regarder et garder".

C'est d'ailleurs tout ce qui fait l'extrême beauté (et tristesse) de son film, dont l'appellation "journal intime" serait peut-être plus juste que celle de "documentaire" : on y sent une mélancolie infinie et une détermination dans chaque plan le plus anodin, le plus quotidien, comme si Abbas Fahdel s'était engagé dans une course contre l'Histoire qu'il savait perdue d'avance. Mais avec tout son courage et toute sa douleur, il tente coûte que coûte de récupérer de l'oubli un maximum de visages, de rituels, de scènes quotidiennes d'un pays qui menace toujours de n'avoir que la mémoire de ses guerres, et jamais de ces moments de grâce ou de répit.


On était très heureux, et aussi extrêmement émus de le recevoir, de voir à quel point l'homme s'efface complètement devant sa mission : produire une image juste de l'Irak et des irakiens, comme une ultime consolation. C'est un acte à la fois désespéré et totalement indispensable.

Dans Le Film , émission publiée le 17/09/2016
Durée de l'émission : 78 minutes

Regardez un extrait de l'émission