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Philippe Garrel en substance

Dans Le Film

Philippe Azoury

Cette semaine à Dans le film nous recevons Philippe Azoury, critique de cinéma, qui a écrit en 2013 « Philippe Garrel en substance », une très belle monographie qui mêle de façon exhaustive et poétique la vie et l'oeuvre de Philippe Garrel.

Parler de Philippe Garrel c'est revenir sur les traces d'un des secrets du cinéma français. Des Enfants désaccordés, tourné à 18 ans, à La Jalousie, son dernier film en date, le cinéma de Philippe Garrel traverse les décennies, imperturbable à l'air du temps, fidèle à rien d'autres qu'à ses propres fantômes et à sa propre histoire (mai 68, les femmes qu'il a aimées). Azoury me corrigerait en disant que chez Garrel, il ne s'agit pas tant de ressasser ses souvenirs (le souvenir, c'est le pire de la mémoire nous dit-il) que de travailler la matière même des rêves.
C'est peut-être en préférant le rêve au souvenir que Philippe Garrel arrive à produire ce cinéma des origines, atemporel, constant, incroyablement rebelle à toute idée de performance, incroyablement opaque à l'esprit du temps - auquel il fait répondre un "temps de l'esprit".

Faites-en l'expérience : voir un film de Garrel, sortir de la salle et marcher dans la rue, c'est forcément être pénétré d'un certain mimétisme garrelien où chaque mot et chaque geste est important, où les trottoirs de la ville redeviennent le lieu des plus grandes aventures sentimentales, ou des plus grandes blessures.

Des propres mots de Philippe Azoury, les films de Philippe Garrel vont dans le sens de ce cinéma qui « sert à faire son lit » comme le disait déjà Eustache dans « La maman et la putain » : un cinéma qui nous aide à vivre, à aimer, qui se donne pour mission d'être le coffre-fort bien gardé d'une histoire de nos sentiments. Libre à nous de l'ouvrir et de réactiver ces morceaux de nous-mêmes.

 

 

 

Dans Le Film , émission publiée le 14/02/2015
Durée de l'émission : 78 minutes