pour voir cette émission
Qu’est-ce que l’antifascisme ?

pour voir cette émission
Plus le temps passe, moins je rechigne à mobiliser le terme de fascisme, ou l’un de ses dérivés (fascisation, néofascisme, techno-fascisme, etc.), pour désigner l’époque qui est la nôtre. Les symptômes d’une sortie progressive de l’Etat de droit au profit de l’instauration morbide d’une forme renouvelée de fascisme se multiplient : augmentation des violences policières, offensives racistes, législation répressive, justice punitive, nouvelles technologies de surveillance et de contrôle, progression électorale de l’extrême droite, idéologie sécuritaire contaminant l’ensemble du spectre politique, etc., etc., etc. Le fascisme n’est plus cantonné aux livres d’histoire. Il se réinvente sous nos yeux et il est temps de saisir ses mutations pour le contrer efficacement.
Mais s’agit-il vraiment de fascisme ? Ce qui se dessine aujourd’hui, dans l’Inde de Narendra Modi, dans l’Argentine de Javier Milei, dans l’Italie de Giorgia Meloni ou encore dans les Etats-Unis de Donald Trump, est-ce vraiment assimilable au phénomène fasciste strictement circonscrit, tel qu’il vit le jour pour la première fois, dans l’entre-deux-guerres, en Italie, puis en Allemagne, en Espagne et au Portugal ? Mon invité du jour, l’historienne Stefanie Prezioso, nous met en garde contre les usages abusifs du concept de fascisme. Plaquer sur le présent une grille de lecture élaborée au siècle passé peut momentanément nous rassurer, en ramenant l’inconnu au connu, mais cela risque aussi d’obscurcir notre compréhension des enjeux politiques actuels, et de la nouveauté que nous devons affronter. Stefanie Prezioso invite ainsi à questionner la nature du fascisme, phénomène éminemment complexe, en revenant aux textes des intellectuels et militants qui, durant les années 1920 et 1930, ont pensé et combattu celui-ci. Son livre, Découvrir l’antifascisme (Editions sociales, 2025), rassemble plusieurs textes, connus ou peu connus, de Antonio Gramsci, Whilelm Reich, Clara Zetkin, Emma Goldmann et plusieurs autres.
A travers ces textes, que l’autrice replace dans leur contexte historique, il s’agit de reprendre à nouveau frais des questions qui demeurent d’une grande actualité : comment définir le fascisme ? En quoi se distingue-t-il de la réaction ? Comment capte-t-il les désirs des masses ? Peut-on le combattre avec ses propres armes, y compris la violence ? Et comment le faire reculer si l’on n’accorde pas une place réelle à la cause des femmes et aux luttes des peuples colonisés ?
Pour prolonger
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.