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Passer à l'offensive

Dans le Texte

Anasse Kazib

Alors c'est comme ça qu'on bascule ? En quelques semaines, tout semble s'éteindre : les libertés, les droits, les perspectives - et jusqu'à notre combativité. Cela n'allait déjà pas fort avant le démarrage de la séquence terroriste : crise sanitaire majeure, crise sociale, crise économique, crise écologique... On était déjà dans le très grave, et les luttes pour y faire face s'épuisaient à force de se heurter à la multiplication des fronts et des obstacles.

Et puis voici que les attentats islamistes ont fait retour sur notre sol, et dès lors on passe du très grave au pire : dans l'effroi suscité par les crimes abjects, les esprits se figent, les intelligences se replient, et la classe dirigeante profite de ce moment de tétanie pour avancer encore les pions de l'autoritarisme et ceux de la stigmatisation de toute une partie du corps social - les populations musulmanes et leurs associations. Dénoncer cette odieuse instrumentalisation conduit aussitôt à se voir traiter "d'islamo-gauchiste", et tenter de porter des analyses hétérodoxes ne vous condamne plus seulement à être inaudible : on est désormais calomnié, accusé "d'apologie du terrorisme", et menacé de mort.

Il faudrait donc se taire, et laisser la société française s'enfoncer dans ce cauchemar sans opposer la moindre résistance intellectuelle et politique ? Il n'en est évidemment pas question : à Hors-Série, nous poursuivons notre travail pour tenter de faire entendre ce qui se joue dans cette funeste période, et ce qu'on y peut opposer pour en sortir par le haut. Nous continuons de donner la parole à ceux qui ne se résignent pas au tragique, et qui lui opposent l'ardeur de la lutte ; Anasse Kazib est de ceux-là.

Cheminot, militant Sud Rail, membre du NPA (tendance Révolution Permanente), on se souvient qu'il a jeté ses forces dans la bataille contre la réforme des retraites en 2019 (c'était le monde d'avant, celui où l'on pouvait encore faire de grands mouvements sociaux), et n'a jamais raté une occasion de faire entendre des positions anticapitalistes, antiracistes, anti-impérialistes jusque dans des endroits où c'est particulièrement héroïque, comme aux Grandes Gueules, sur RMC, dont il a été pendant dix-huit mois l'un des intervenants réguliers - avant de se voir "remercier" au printemps dernier...

Ces rares espaces "grand public" nous sont désormais interdits, et l'on paie très cher d'avoir pu y dire deux ou trois choses. Anasse Kazib est aujourd'hui menacé de mort par un responsable de l'extrême-droite ; je le suis aussi, par des allumés de la fachosphère. Et nous voici discutant tout deux, dans cette étrange condition commune, de ce qui se passe et de ce qu'il faudrait faire. Le moins qu'on puisse dire est qu'Anasse n'est pas découragé ; son cheminement politique est passionnant, sa détermination est intacte, et ses appels à passer à l'offensive sont particulièrement roboratifs : écoutons-le! 

Judith BERNARD

Dans le Texte , émission publiée le 07/11/2020
Durée de l'émission : 92 minutes

Regardez un extrait de l'émission