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Blindtest #4

Diagonale Sonore

Elsa Biston

Compositrice de musique électroacoustique et instrumentale, Elsa Biston a un pied dans le monde de la musique contemporaine, et l’autre dans celui de la musique dite « de création ». Selon les pièces et les collaborations, elle utilise volontiers des objets extra-musicaux, convoque des éléments improvisés et repense la partition. Pour sa prochaine installation, « Prendre corps », les spectateurs sont invités à déambuler parmi une trentaine d’objets répartis dans l’espace (cartons, plaques de métal, chaînes, papiers, cymbales…). Mis en vibration par l’intermédiaire de transducteurs, les objets transforment l’impulsion donnée pour produire un son propre. Le spectateur est ainsi plongé au cœur d’un curieux concert de bruissements, échos, buzzs, sifflements, martèlements, etc., qui entrent en relation les uns avec les autres et auxquels peuvent s’ajouter des musiciens. Elsa Biston est par ailleurs metteuse en ondes à Radio France, c’est-à-dire directrice artistique des enregistrements de concerts de musique classique et contemporaine. Grâce à sa double casquette, Elsa Biston nous initie à la pensée du sonore, qu’on a parfois tendance à oublier au profit du visuel.

Enregistré à l’automne 2020, ce quatrième blindtest nous emmène dans un monde musical quelque peu différent de ceux auxquels Diagonale sonore est habituée. Cette fois-ci pas de jazz ni de musique noire, mais de la musique contemporaine, de la musique classique et de la voix chantée (que ce soit de la chanson française ou de la musique traditionnelle extra-occidentale) — je ne cite aucun nom pour ne rien dévoiler. En revanche, c'est comme d’habitude que la discussion se promène entre de multiples genres, styles et époques, jusqu’à faire des rapprochements étonnants entre, par exemple, la musique arabe et la musique baroque. À travers des commentaires précis, Elsa Biston s’interroge sur la nature du son, les techniques d’enregistrement et le type d’écoute induit par telle ou telle musique.

D’une certaine manière, cette émission reprend la réflexion là où la précédente l’avait laissée. Avec Edward Perraud, nous avions traversé des expériences sonores méditatives en écoutant Tristan Murail, un compositeur de musique spectrale, et Nikhil Banerjee, un joueur de sitar indien. En réfléchissant au type d’écoute induit par ces musiques du flux, nous avions conclu que les plus belles musiques étaient celles qui pouvaient accueillir l’auditeur en leur sein. Ici, nous repartons de ce constat pour creuser la question du sonore. En compagnie d’Elsa Biston, nous entrons à l’intérieur du son pour en visiter différents paramètres : grain, texture, finesse, épaisseur, rythme, spatialisation… En définitive, tout en dépliant l’infinie richesse de ce qui pouvait apparaître de loin comme un tout uniforme, Elsa Biston nous aide à penser le fait que le son est matière, le son est mouvement — bref, qu'il appartient au vivant.

https://www.elsabiston.com/

Elsa Biston sera en concert avec l’installation « Prendre corps » la semaine du 12 octobre 2021 à Dijon dans le cadre de la programmation du Centre de création musicale Why Note, et le 12 novembre à 20h au Théâtre de Vanves (92).

Raphaëlle TCHAMITCHIAN

 

Diagonale Sonore , émission publiée le 24/07/2021
Durée de l'émission : 74 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

7 commentaires postés

Échanges particulièrement plaisants à suivre. Merci de mettre à l'honneur des créatrices, surtout dans ce domaine souvent invisible (inaudible ?) des arts sonores tels la musique acousmatique/électroacoustique dont je pense pourtant qu'ils peuvent ouvrir bien des champs inexplorés et inexploités à certaines sensibilités qui se voient refuser une place ailleurs - non pas que je pense qu'il y ait une façon féminine de créer (comme il y aurait une écriture du féminin à laquelle je ne crois pas) mais plutôt des expériences spécifiques dont la transfiguration dans l'art peut-être rendue difficile par les modèles esthétiques dominants de la narrativité (y compris dans la musique comme l'explique très bien Elsa Biston où le rapport au temps peut être plus ou moins contrôlé ou imposé a priori par les compositrices/teurs). J'ai été amusée et intéressée de retrouver ces réflexions sur le façonnage (ou non) du temps et du discours dans les mots d'Elsa Biston car c'est une question qui me préoccupe beaucoup dans ma pratique de composition à mes heures perdues.
Je suis ravie en tout cas de découvrir son travail.

Par catatonicgoat, le 02/09/2021 à 09h40

J'ai beaucoup aimé cette remarque, le fait qu'aujourd'hui, malgré tous nos outils numérique, la qualité du son qu'on peut obtenir, la quantité de chansons, morceaux qu'on peut obtenir très facilement et très rapidement, on a au final une grande pauvreté musicale. On reste dans nos genres, on consomme, on met de coté la découverte et ... L'écoute. Très peu de monde prend le temps d'écouter de la musique: se poser, fermer les yeux, et écouter attentivement. On zappe très rapidement des morceaux qu'il faudrait prendre le temps d'écouter.

Par Jean-Philippe Barbier, le 29/07/2021 à 09h49

Merci pour cette nouvelle émission d'initiation, sans surcharge érudite, à la musique en train de se ressentir et en train de se créer. Comme avec Edward Perraud, on est pris par la main et mené dans ce monde mystérieux, cet univers sonore où les vrais chemins balisés sont si rares … Sensibilité, mouvement, énergie, tout commence à s'éclairer.

Par Bernard Guericolas, le 26/07/2021 à 23h19

À nouveau une excellente émission. Je suis venu pour les contenus politiques, mais je reste surtout pour vos blind tests!

Par Anne-Sophie Lanier, le 25/07/2021 à 00h55

Vers la minute 30 , exactement le même ressenti , une impression "le Salon de Musique" de Satyajit Ray (pas du tout Bolywood en revanche ;) ) , la "qualité" du support sonore peut être ...

Par Jean-Michel Guiet, le 24/07/2021 à 15h49 ( modifié le 24/07/2021 à 15h50 )

Bonjour , la minute 24 me remet en mémoire ce morceau (certes très différent)qui a longtemps fait mon bonheur : "milky way" de Weather Report . Un grand merci pour cette superbe émission.

Par Jean-Michel Guiet, le 24/07/2021 à 15h40

sceptique de chez sceptique. Peut-être qu'en prenant des gens compétents, ce serait mieux, non ?

Par Frédérique DEVAUX, le 24/07/2021 à 14h12