commentaire(s) publié(s) par Jean-Marc Joubert
6 commentaires postés
11/07/2020 - Dans le Texte - Premières mesures anticapitalistes
A l’attention de MSC. Ce que l’antisémite ne voit pas ou ne veut pas voir, c’est qu’il y a des Juifs pauvres et sans pouvoir ; ce que le fasciste ne voit pas ou ne veut pas voir, c’est que l’État fort qu’il adule est au service d’intérêts capitalistes qui se moquent bien de sa nation, etc. Ce que le progressiste ne voit pas ou ne veut pas voir c’est que le peuple peut être réactionnaire et pas LGBT++ pour un sou ; ce que le cosmopolite ne voit pas ou ne veut pas voir, c’est que les gens sont attachés à leurs mœurs et à leurs racines ; ce que l’antifasciste de profession ne voit pas ou ne veut pas voir, c’est qu’il est comme le chasseur de sorcières des temps obscurs, à savoir qu’il les crée quand elles n’existent pas, etc.
Ce que Lordon et Kouvelakis voient avec lucidité et des trésors d’intelligence, c’est le néo-libéralisme, les divisions de la gauche, etc., mais ce qu’ils ne veulent pas voir, c’est que le capitalisme n’explique pas tout, que les peuples ont un conatus qui leur fait désirer demeurer dans l’être, que l’État n’est pas « raciste », que la « convergence » de « luttes » qui n’ont pas les mêmes fins - quand elles ne se vomissent pas les leurs - est une illusion mortelle pour eux, etc. Ils ne veulent pas voir et on n’aime pas qu’on dise qu’ils ne voient pas. Mais le réel, c’est contre quoi on bute, comme disait Lacan. Mais je quitte la place… Après tout : pas d’intrus « fasciste » : « On est chez nous ! »
posté le 13/07/2020 à 12h13
11/07/2020 - Dans le Texte - Premières mesures anticapitalistes
Avez-vous noté la tristesse des intervenants et de Judith Bernard à la fin de l'émission dont rien, au fond, n'est sorti en dehors de quelques brillantes et salutaires analyses, certes, et de quelques questions disons théoriques méritant d'être creusées (sur la "République", par exemple). Or il s'agissait de faire se rencontrer sur le thème de "Que faire ?" deux grands analystes, donc, qui s'évertuent à être tout aussi bien des acteurs et à initier "quelque chose". Mais c'est comme si les trois avaient compris que la "séquence" qui s'annonce risquait de ne rien donner, comme d'habitude.
Pourquoi ? J'y vois trois raisons :
1) D'abord l'affirmation stupide et fausse comme quoi l'État serait "raciste". Dans ce cas, elle ne permettrait pas aux (prétendus) racisés d'être policiers, gendarmes, fonctionnaires en nombre. Toute la culture, les séries, les médias, la publicité ne font que montrer des Noirs (le temps des "Beurs" est passé !) et valoriser des femmes héros et intelligentes damant le pion à des hommes "fragiles" et bêtas. Cela en devient comique. L'Ecole n'a de cesse de faire la morale métissante, d'introduire de biais la théorie du genre, de valoriser l'homosexualité, les minorités. LGBT+ a crédit ouvert. Alors l'État fasciste, bonjour ! On a même un ministre de la justice qui se dit sang-mêlé (quoique blanc comme une cachet d'aspirine) et un autre qui se rappelle un grand-père arabe - comme c'est émouvant ! Conclusion : intégrer le discours victimaire des minorités qui se foutent de la lutte des classes comme de l'an 40 ne peut persuader personne, car il est tout simplement faux.
2) Ensuite le fait que si la police a montré sa violence, ô combien, la majorité de la population préférera la sienne aux agressions gratuites, à la criminalité étrangère (il n'y a quasiment plus de grand banditisme "de souche" !), à la guerre des gangs, au caillassage des pompiers, etc. La France est devenue un pays dangereux - et pas du fait de bandes fascistes qui n'existent pas...
3) La montée de l'islam ou d'une immigration galopante, qui vit en ghetto, dans certains territoires que des Blancs doivent fuir - c'est cela le grand remplacement : il est é-vi-dent dans bien des endroits ! - sont une source d'inquiétude et d'insécurité culturelle.
Aujourd'hui, en plus, le Français commun se voit accusé de tous les maux : raciste, colonisateur, machiste, etc. (Ce qui n'empêche pas des centaines de milliers d'étrangers de vouloir rejoindre son pays abject et fascisant par tous les moyens - comme c'est étrange !).
Ce qui est étonnant, avec Lordon, c'est qu'il n'est pas fichu d'utiliser Spinoza pour penser les causes nécessaires d'effets qui y sont enveloppés.
Conclusion : presque tout ce qui est dit dans l'émission est vrai ou pertinent... sauf que ce n'est pas "toute la vérité" et que c'est la "part maudite" de la réalité, que les intervenants ne veulent pas voir, qui déterminera dans le sens d'une réaction (pour son identité) plutôt que dans celui d'une révolution dont rien n'assure qu'elle produirait les meilleurs effets, surtout si elle devait trimballer avec elle toutes les revendications minoritaires... ce qui n'arrivera pas.
posté le 12/07/2020 à 14h08
18/01/2020 - Aux Ressources - Pour en finir avec le dialogue social
Parfaitement clair, merci. Je regrette seulement que le mot ultime se limite à évoquer la conquête de nouveaux droits... à moins d'y inclure celui d'appartenir à une société non capitaliste.
posté le 19/01/2020 à 08h11
19/10/2019 - Dans le Texte - Vivre sans ?
F. Lordon dont il faut saluer une nouvelle fois l'intelligence, la lucidité et les capacités exceptionnelles d'analyse et d'expression (qualités qu'a également en partage Judith Bernard, grâce à quoi elle en tire le meilleur) n'arrive pas à surmonter son affect anti-institutionnel... dont il est vrai que le réel présent a de quoi le nourrir ! Il me semble modestement que le recours à Auguste Comte, qui a posé le caractère salutaire d'une physique sociale, ou à Hegel, qui sait reconnaître le rationnel dans l'institutionnel, aurait de quoi tempérer cet affect (utile !) qui, quand il devient passionnel, n'est rien moins que criminogène et un superbe appel d'air pour un futur autoritarisme. Et puis, comme le montre son cher Spinoza, la dynamique institutionnelle est naturelle (au sens de : procédant de l'ordre axiologiquement neutre des choses), l'expression de la puissance de la multitude, chaque forme prise pourrait-elle paraître ou être infondée (cf. Montaigne, Pascal, les sophistes), modifiable, remplaçable (dans certaines limites cependant). Somme toute, l'impression est que, au fil de ses ouvrages, F. Lordon n'a pas encore réussi à synthétiser ou unifier les différentes vérités (réalités) découvertes. (Mais peut-être les choses existent-elles en tension.) La recherche, en tout cas, est passionnante. La seule limite, de mon point de vue, c'est qu'il ne connaît et, semble-t-il, ne veut s'intéresser qu'aux affects disons (un peu bêtement) "de gauche", ce qui a pour effet inévitable de manquer la réalité dans sa complexité et variété. Et c'est pourquoi, pour comprendre le monde, on ne peut s'en tenir qu'à lui.
posté le 08/12/2019 à 10h25
21/09/2019 - Aux Ressources - Dans le QG du macronisme
Merci pour cet entretien très éclairant, que j'ai écouté deux fois. M. Godin est modeste ("Je ne suis pas un scientifique"), réfléchi, pondéré, informé et sait analyser les choses. En fait, s'il ne produit pas de théories, il les comprend et contextualise : c'est déjà bien ! Il est très utile de savoir qui est Macron : non pas un ultra-libéral mais un néo-libéral qui ne rechigne pas - et pour cause : il a été investi pour cela - à utiliser l'Etat avec brutalité autant qu'il est possible, et le reste. Merci encore une fois pour cette analyse.
Les commentaires consistant à le critiquer au motif qu'il ne penserait pas exactement comme le commentateur sont affligeants. On lui reproche ce qui ne fait pas le sujet. Faudrait-il demander à chaque invité qu'il se déclare sur Poutine, Trump, l'élevage en batterie, le réchauffement climatique, LGBT++++, le Brexit, pour s'assurer qu'il pense bien (et le dénoncer publiquement si ce n'est pas le cas) ?
Je suggère en effet d'inviter Mme Lacroix-Ruiz : le spectacle d'une stalinienne (d'ailleurs assumée) de très stricte observance, totalement manichéenne, marxiste sans dialectique aucune, et dont le dernier livre consiste à dire qu'il n'y a pas eu d'épuration en France (ni de femmes tondues ni de procès ni de règlements de compte sans doute) aura quelque chose de fascinant : celui de la méchanceté humaine à l'état pur.
posté le 22/09/2019 à 08h54 ( modifié le 22/09/2019 à 08h59 )
14/11/2020 - Dans le Texte - Le colonialisme vert
Passionnant ! Et intelligent. Par analogie, cela permet d'analyser d'autres phénomènes où les apparences du bien et du mal s'avèrent précisément des faux-semblants. On pourrait presque en tirer un discours de la méthode ! Et quelle force dans la conclusion. Ce dont il faut aussi faire gré à l'auteur, c'est qu'aussi engagé soit-il, il n'est pas le militant qui veut à tout force imposer un discours et se contenter de "dénoncer". Je suppose qu'il faut de grandes qualités morales pour rester mesuré et favoriser ainsi de vrais changements.
posté le 14/11/2020 à 19h14