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Vers la lune et au-delà

Diagonale Sonore

Thomas de Pourquery

D’une certaine manière, Thomas de Pourquery a toujours été là. Je veux dire : depuis que je vais voir des concerts, je l’ai toujours vu jouer. Il y a dix ans, je l’écoutais prendre des solos au saxophone dans le MegaOctet d’Andy Emler. J’ai assisté au concert de sortie de disque de DPZ, le groupe qu’il co-dirigeait avec Daniel Zimmerman. Je suis allée voir Rigolus puis The Endless Summer, avec Sylvain Rifflet. Je l’ai interviewé quand il a créé le Brain Festival, qui récoltait des fonds pour la recherche contre les maladies neuro-dégénératives. La première fois que je l’ai vu chanter, c’était justement au sein du MegaOctet : il était tellement timide qu’il se contorsionnait et tournait le dos au public. Je l’ai vu aux côtés de John Greaves et de Jeanne Added. J’étais au Centre Pompidou pour le concert de VKNG (prononcer « viking »), son duo pop avec Maxime Delpierre, en première partie de la projection du film Il est des nôtres, dans lequel il jouait le rôle principal. Et puis j’étais là pour la création de Supersonic, l’orchestre qui lui a valu sa première Victoire du Jazz. J’avais prévu de partir au milieu du concert pour retrouver des amis ailleurs, mais c’était tellement bien que je leur ai dit de me rejoindre à la place.

Supersonic est un groupe qui s’apprécie pleinement en live. La dernière fois, c’était début septembre, au festival Jazz à la Villette à Paris, pour la sortie de Back To The Moon, leur troisième album. Je ne sais pas exactement combien de personnes étaient à la Grande Halle de la Villette ce soir-là, mais au moins plusieurs centaines, peut-être un millier. Ce n’était bien sûr pas le premier concert depuis le déconfinement, ni même le premier rassemblement collectif, mais c’était comme si la musique célébrait son retour à la vie après un an et demi de silence. Tout d’un coup, tout est revenu : le plaisir d’être ensemble, l’amour de la scène, l’énergie de la fête. Ce concert était un véritable retour vers la lune — vers d’autres mondes possibles, vers le rêve de l’utopie.

Quel que soit le style de musique, Thomas de Pourquery en parle toujours comme d’une histoire d’Amour. L’Amour avec un grand A, moteur de la création et ancrage dans un présent partagé. Il dégage à la fois une chaleur incroyable et une très grande sensibilité — ça doit être son côté crooner. À un moment, il a pris la parole. « On est là pour fêter… la fin de la journée ! ». Évidemment, la plaisanterie n’en était pas une : vivre la vie comme une fête, avec toute la dose de subversion que cela suppose. Sur Hors-Série, peut-être qu’avec nos émissions du samedi, on fête la fin de la semaine. La musique comme célébration de la vie — c’est celle de Thomas de Pourquery qui nous le dit le plus simplement.

Raphaëlle TCHAMITCHIAN

Discographie sélective :
DPZ, He’s Looking At You, Kid, Nemo, 2009
Thomas de Pourquery, Supersonic Play Sun Ra, Quark, 2014
Supersonic, Sons of Love, Label Bleu, 2017
André Minvielle, Babx, Thomas de Pourquery, NOUGARO, La Familia, 2019
Laurent Bardainne, Fabrice Martinez, Thomas De Pourquery, Drôles de Dames, BMC Records, 2021
Supersonic, Back To the Moon, Lying Lions Productions, 2021

Diagonale Sonore , émission publiée le 18/09/2021
Durée de l'émission : 71 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

1 commentaire posté

merci pour la découverte (entre autres) du génial Jean-Luc le Ténia !

Par gomine, le 02/10/2021 à 12h13