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Au-delà de la propriété

Aux Ressources

Benoît Borrits

Abolir la propriété privée, c’est bien. Abolir la propriété tout court, c’est mieux. Telle est la prémisse de l’ambitieux ouvrage de Benoît Borrits, Au-delà de la propriété (La Découverte 2018). Chercheur indépendant militant, le fondateur du site economie.org s’efforce en effet de poser les bases d’une économie organisée sur le principe du commun. Pour cela, il tire les leçons des expérimentations de propriété collective menées dans la passé, aussi bien à l’échelle de l’entreprise que de la nation. En posant notamment la question épineuse de la place à laisser aux échanges monétaires marchands.

Dans cet entretien, nous revenons sur quatre séquences emblématiques du mouvement ouvrier : le mouvement coopératif du début du XIXe siècle, l’étatisation soviétique, la révolution « conseilliste » espagnole de 1936 et l’autogestion yougoslave sous Tito. Pour Benoît Borrits, ces expériences ont fini par échouer en grande partie parce qu’elles n’ont pas visé la « non propriété » des moyens de production.

Or ces échecs seraient surmontables. Deux mécanismes en particulier peuvent nous aider à dépasser ces limites et nous rapprocher de la disparition totale de la propriété : d’une part les cotisations sociales, qui impliquent la distribution et la socialisation des revenus, d’autre part le financement intégral des entreprises par la dette, qui ouvre la voie à la disparition de leurs fonds propres.

Comme avec les travaux de Bernard Friot, la force de ce genre de propositions réside dans le fait que, contrairement aux appels creux et flous à « réinventer » ou « refonder » la gauche et le monde, elles s’appuient sur du déjà-là anticapitaliste, qu’il nous appartient de généraliser.

Laura RAIM

 

Aux Ressources , émission publiée le 13/06/2020
Durée de l'émission : 68 minutes

Regardez un extrait de l'émission

Commentaires

6 commentaires postés

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Par Nad Laurencin, le 20/11/2020 à 00h56

On s'en fout de l'avis du journaliste, créez du débat bon sang !
Humains de tous les pays, unifiez-vous, l'unité de vie nous englobe, aucune exclusion n'est pensable. Exclure les non travaillleurs est tout simplement abjecte

Par Nad Laurencin, le 20/11/2020 à 00h53

Envisageant de sortir du capitalisme, nous voyons autour de nous que l’une de ses manifestations est le salariat : recevoir en échange de son labeur une rétribution qui est décidée par l’organisateur du travail dont les intérêts sont, le plus souvent et aujourd'hui plus qu’hier, alignés sur ceux de l’actionnaire.

Nous constatons que quelle que soit la recette tirée de ce labeur, les salaires sont réduits à la portion permettant juste de survivre et que les salariés vivent sous la menace permanente que le patronat et l’actionnariat trouvent moins cher ailleurs, bref qu’à quelque endroit de la terre où se localise la production, la répartition des recettes se fait toujours au détriment de ceux qui apporte leur force de travail.

Alors par le truchement d’un raisonnement auquel je ne suis pas encore parvenu à m’accrocher, nous disons « socialisons le salaire » comme si la répartition des recettes dépendait du fait que la part des salariés leur est versée directement plutôt qu’à une caisse commune qui s’occuperait de la sous-répartition !

Mais peut-être est-ce une façon de dire ‘éliminons l’actionnariat et le patronat de l’équation’ et la question de la répartition se résoudra d’elle-même ? D’ailleurs Bernard Friot est très explicite quand il parle des lendemains de la dernière guerre. « La grande force du monde ouvrier fut alors de combattre non pas pour la répartition de la valeur, mais pour une autre production de la valeur » !

On ne peut s’empêcher de penser : que de combats différés et nécessairement aux dépens du monde ouvrier ! La paysannerie de la fin du 18ème siècle avait identifié le mal que constituait pour elle les privilèges (féodaux) et elle se révoltât de 1788 à 1793 pour les voir abolir (…). Pourquoi ces gredins de paysans ont-ils si bêtement manqué la force qui leur aurait permis d’aller défricher des terres cultivables ailleurs sur les sommets, au fond des océans ou plus simplement sur d’autres planètes ?

Voilà qu'aujourd'hui, les salariés (ouvriers ou non) plient sous le joug des privilèges actionnariaux de ceux qui acquièrent la propriété juridique des entreprises comme on acquérait des domaines dans l’ancien régime... Et alors que notre système connait un arrêt-relance à cause (à la faveur) du coronavirus, peut-être les salariés pourraient-ils se mobiliser (soulever) pour l’abolition de ces privilèges actionnariaux ? Mais non voyons, ils feraient plutôt preuve d’une grande force en délaissant le fruit du labeur de nombreuses générations pour imaginer une autre production !

C’est sans doute le refus de s’attaquer à la question de répartition de la valeur que les autres systèmes de production échouent à remplacer le capitalisme. C’est que l’impératif de la répartition de la valeur finit toujours par les rattraper. Alors que le capitalisme répond « faisons plus de valeur il y en aura au final un peu plus pour chacun », les candidats remplaçants de ‘grande force’ entendent-ils se vouer au mouvement perpétuel vers « une autre production de la valeur » ?

Mais soyons juste avec Bernard Friot notamment qui répond à la question en nous embarquant pour une « rémunération sans égard pour aucune autre donnée que le niveau de qualification (établie selon un système d’épreuves codifiées et déterminant une hiérarchie résiduelle des revenus) ».

Aucun doute qu’un tel projet ait germé nulle part ailleurs que dans les synapses experte d’un cerveau réfléchissant qui ne doute pas un seul instant que la vie ne vaut pas uniquement par le niveau de qualification (collectivement convenu) auquel un individu a pu s’élever.

De là à prétendre ensuite que la biodiversité ne vaut la peine d’être préservée que dans la mesure où les machines biologiques concernées montreraient tant soi peu un niveau de qualification (établi selon un système d’épreuves codifiées et déterminant une hiérarchie résiduelle des utilités biologiques agencées par l’intelligence supérieure qu’est la nôtre), il ne devrait pas y avoir l’épaisseur d’un cheveu !

Parviendrons-nous à sortir du capitalisme sans avoir trouvé une solution viable de répartition de la valeur ? Le capitalisme est-il d'ailleurs autre chose qu’un système répartition de la valeur ?

Par JeNeSauraisVoir, le 25/06/2020 à 14h04

Je pense qu'il faut lire "dépasser la propriété" ou, au minimum, mater les videos sur economie.org pour rentrer dans le détail, et dans le concret. En clair, B. Borrits parvient à la décorrélation entre le salaire (ou revenu, car les indépendants - et pas seulement les rentiers actionnaires - ont un revenu et non un salaire) et le résultat ou comportement économique de l'entreprise (ou de l'auto-entreprise) en garantissant qu'une part du salaire (ou revenu) est socialisée (donc assurée) en échange de quoi, une part de la richesse produite (en gros la valeur ajoutée produite, delaquelle on soustraits alaires et dépenses intermediaires) est versée à une caisse (un fonds socialisé) en vue d'etre mutualisée. Ensuite, ce fonds redistribue sous la forme de salaires (la fameuse part socialisé du salaire ou revenu du travaillleur) à chaque entreprise en fonction du nombre d'employé. Bref, on est sûr de ne pas faire des culbutes spéculatives, mais en échange on est sûr de toucher du salaire en temps de vaches maigre. L'interet c'est que l'on conserve le marché comme opérateur de formation des prix, et que cela conserve un levier pour la "mise au travail" ou "l'interessement" car une partie du salaire reste fonction du résultat de la boite. C'est une idée qui constitue un chainon - peut etre manquant - entre la société capitaliste et une société de salaire à vie.

Par damien Astier, le 14/06/2020 à 23h59

Merci, merci de cette dernière question au sujet des accords et divergences avec Bernard Friot, on se sentait extrêmement frustrés de terminer sans la poser.

Si B. Borrits se sent si proche des thèses de B. Friot pourquoi parle t-il tout de temps de "revenu" au lieu de "salaire", alors que ces deux termes sont antinomiques et

non interchangeables pour Friot. De plus cet auteur utilise le mot fourre-tout "commun" pour désigner entre autre les outils de production qui eux n'en sont pas.

Intéressant quand même.

Par Montserrat Durban, le 14/06/2020 à 17h01

Première question fondamentale que l'on doit se poser, QUI EST CETTE COLLECTIVITÉ ET DE QUOI SE COMPOSE T'ELLE ?, De pommes ,de poires, ou de scoubidoubidou AHHH ? De chiens, de chats de noms d'oiseaux, ou de bipèdes tels que l'ours , le singe, l'humain et qui est l'HUMAIN" ET QUI DOIT ON CONSULTER, Madame IRMA ou l'ENCHANTEUR MERLIN ? Brèche! Comme dirait Berthold ..."On est pas rendu comme on dit au PAYS!" "IL VA PLEUVOIR DES VACHES" ET SOUFFLER "UN VENT À DÉCORNER LES BOEUFS ET LES COCUS" C'EST SÛR ! Comme on dit dans l'87, dans TDQ DU MONDE!

Par Catherine Richard_1, le 13/06/2020 à 12h03