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Quand le PC faisait rêver

Aux Ressources

Julien Chuzeville

Difficile de se le figurer quand on pense à Robert Hue ou Pierre Laurent, mais il y a près de cent ans, le Parti communiste était inventif, inspirant, audacieux. Il était animé par des militants révolutionnaires profondément internationalistes, en pointe sur les questions de féminisme, d’anti-militarisme et d’anti-colonialisme. Certes, ça n’a pas duré très longtemps, d’où le titre du livre de l’historien Julien Chuzeville, Un court moment révolutionnaire. La création du Parti communiste en France ( 1915-1924 ) (Libertalia). Or cet épisode est quasiment absent des livres d’Histoire : les « orthodoxes » du PCF dépeignent un parti bolchévique tout droit sorti de la cuisse de Lénine, tandis que les anti-communistes ne retiennent que sa stalinisation. Les noms des fondateurs et fondatrices de ce premier PC, Marthe Bigot, Pierre Monatte, Fernand Loriot, sont ainsi largement méconnus.

Revenir aux causes de la création du PC, né en 1920 de la scission du Parti socialiste SFIO, au terme d’un processus entamé quelques années plus tôt, c’est aussi comprendre ce moment clé de rupture dans l’histoire de la gauche : si différents courants plus ou moins réformistes cohabitaient avant 1914, des figures aussi hétéroclites que Jean Jaurès, Lénine, Rosa Luxemburg se disaient indifféremment socialistes ou communistes, tous se qualifiaient en tout cas de révolutionnaires. L’éclatement de la Première guerre mondiale va créer des lignes de fracture qui structurent encore aujourd’hui le paysage politique de la gauche, à commencer par le rapport à la nation et à l’internationalisme. Saisir les termes dans lesquels se posait à l’époque des problèmes comme les relations entre parti et syndicat ou le pluralisme d’un organe de presse affilié à un parti ne peut qu’éclairer les débats contemporains.

Laura Raim

 

Aux Ressources , émission publiée le 13/01/2018
Durée de l'émission : 76 minutes

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Commentaires

8 commentaires postés

Bain de jouvence !

Aujourd’hui que l’Etat et le patronat forniquent outrageusement à la face du peuple (français, états-unien, chilien, brésilien, et à quoi bon poursuivre la liste (sans fin ?)), que l’idée révolutionnaire en France se retrouve incarnée par une (minus) foule de gilets fluorescents hystériques, par des insoumis dont l’organe de presse est un véritable foutoir, que l’idée d’un RIC séduit encore alors qu’il faudrait se repencher sur ce con de Platon qui n’avait finalement peut-être pas tort sur toute la ligne quand il disait que le pouvoir de gouverner devait être réservé à une élite éduquée (et subsidiairement mâle et libre), car, comme l’a souligné Julien Chuzeville, l’instruction est superlativement utile -et n’est pas forcément synonyme de crapulerie, comme semblait le penser un héraut (à tétons… merci la langue française) de ce mouvement que l’on peut voir dans une des trop nombreuses émissions d’Arrêt sur images qui y sont consacrées (Démocratie représentative…). Mais je voulais surtout intervenir pour partager une réflexion qui m’est venue en regardant l’émission, que j’ai trouvée passionnante. Elle concerne l’usage impropre (vraiment impropre) du mot ouvrier. En effet, y a-t-il terme plus connoté que celui-ci ? Outre sa noble étymologie, ouvrier m’évoque : mains sales, abrutissement, illettrisme, dos et poumons en charpie, mais aussi saucisson et piquette, Le Parisien et le Turf, l’épouse soumise et condamnée au silence et le vote FN/RN. Les larbins ou esclaves de Renault ou de Bouygues ne sont, loin s’en faut, les seuls travailleurs de ce pays ! Ouste les Lutte Ouvrière, les SFIO, les POUM et consorts ! Moi, je ne m’identifie pas avec les fourmis de Babylone. J’ignore encore si je fais fausse route en me considérant anarchiste, mais au moins, la définition (sinon l’étymologie) du mot satisfait mes convictions et mes rêves.
Une ultime considération : tout foutre parterre, repartir de zéro, tuer Allende, laissons cela aux capitalistes de tous poils. Il est vrai que l’on est bien mal barré avec la devise républicaine, si j’en crois l’excellent livre L’Egalité sans conditions de Réjane Sénac, mais je crois fermement avoir entrevu une lueur (dans cette même émission d’Arrêt sur images) en écoutant Julia Cagé exposer ses propositions concernant des bons pour l’égalité démocratique, un plafond raz-le-sol pour le financement des partis, et un minimum de transparence concernant ce même financement. Bien mieux qu’un chantier trop flou, trop fou et trop complexe. Quant au Communisme… (il est cinq heures du matin, je vais me coucher).

Par Diego Montes, le 28/08/2019 à 09h26

c'est toujours charmant d'entendre japper les médiocres, souverainistes de "gauche"qui s'allient à l'extrème droite en 2005 pour le "non" au référendum européen et qui après, envoient les violons sur l'europe de la culture et autres billevesées...le pc a été pitoyable à cette occasion, contrairement à t négri ou dany le rouge.

Par luc lefort, le 09/05/2018 à 19h47

Merci pour cet entretien instructif !

Par B.L.D., le 20/01/2018 à 23h21

Emission très riche, comme d'habitude. On y apprend plein de choses, c'est tout ce qui importe !Merci Laura, vous découragez pas à cause de ces commentaires.

Par Champignon98, le 19/01/2018 à 13h09 ( modifié le 19/01/2018 à 13h10 )

Intéressant!! Quant à la double journée de travail des femmes je tiens à signaler que l'analyse était déjà là en 1879 dans le discours d'Hubertine Auclert au Congrès socialiste de Marseille!!

Par Stefano ESCUDIER, le 15/01/2018 à 23h23

@Morvandiaux : C'est quoi le lien entre les US/la CIA et le PCF ?
Il me semble qu'il a pourtant été pas mal question de lutte des classes quand Mme Raim et M.Chuzeville ont parlé des syndicats...

Merci pour l'émission !

Par Matthieu, le 15/01/2018 à 16h58

J ai commence, j'le sentais pas. Je l' ai lâchement laisse tomber au bout de 10 mn, sans regret apparemment.

Par Maunoir Charbonnel, le 15/01/2018 à 14h06

quelques fleurs pour l'enterrement du PCF,...rien sur l'action des US, du rôle de la CIA, du Patronat, bref la lutte des classes à la trappe...un peu décevant

Par morvandiaux, le 14/01/2018 à 18h18