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commentaire(s) publié(s) par pascal filippozzi

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05/02/2022 - Dans le Texte - L'avenir (des jeunes) en commun

Salut Rémi, ton hypothèse m’intéresse! En effet, si la campagne de la FI n'aboutit, que faut-il en conclure? Il y a beaucoup d'interprétations du fait que le "peuple" ne vote plus à gauche. Quelles que soient les diverses raisons, il faudra se rendre à l'évidence qu'une campagne présidentielle de plus risque d'être inutile. Si dans le contexte actuel (national et mondial), avec l'énergie et l'intelligence déployées par les militants, avec les innovations numériques, si le pourcentage de votants stagnent autour de 10%, que peut-on imaginer pour la suite? Une défaite, c'est encore du désespoir qui s'ajoute à celui existant, c'est encore plus de la rancœur et de l'incompréhension qui renforce les divisions . Ce constat, s'il est partagé, nécessite de penser la suite, l’après. Est-ce qu'il faut encore se mettre dans une perspective de présidentielle? Est-ce qu'il n'y a pas d'autres chemins? Et là, je pense à l"autre campagne" du mouvement zapatiste.

"C’est quoi l’Autre Campagne ?
Il s’agit d’une campagne lancée sur l’initiative des zapatistes et de beaucoup d’autres groupes et individus au Mexique et dans le monde, qui nous convie à nous unir pour construire un Mexique et un monde meilleurs, au sein d’un mouvement civil et pacifique, en se passant des partis politiques et de la corruption des gouvernements et des campagnes électorales, en vue d’abolir les injustices dont nous souffrons aujourd’hui tous et toutes dans l’ensemble de notre vie - au travail, dans la rue, chez nous, etc.
L’Autre Campagne n’est pas là pour nous donner des leçons sur la manière de faire les choses, elle en appelle à l’imagination et à la créativité, elle émane des besoins et des caractéristiques des participants, de tous ceux qui sont fatigués de voter et cherchent d’autres façons de s’organiser et de participer politiquement. L’Autre Campagne appartient à qui la fait sienne."

Qu'est-ce que pourrait-être une autre campagne en France?

posté le 08/02/2022 à 17h33

05/02/2022 - Dans le Texte - L'avenir (des jeunes) en commun

Tout doit changer, rien ne sera plus comme avant, il faut, il faut …….

Nous l’avons dit après chaque crise : nous sommes arrivés au bout d’un système, d’un monde. Et malheureusement, après quelques changements qui semblaient opportuns, les « choses » se remettent en place, différemment mais avec les mêmes intentions. Quand j’évoque cette forme de répétition, je ne fais pas référence à une quelconque « nature humaine » indécrottable : ce qui est indécrottable, ce n’est point « ce que je suis » mais « ce que nous sommes ». Le « nous », le « commun », le « collectif » n’arrivent qu’occasionnellement à se construire, à émerger et, sitôt qu’ils montrent le bout de leur nez, ils sont aussitôt condamnés, traînés dans la boue, démantelés consciencieusement, avec plus de constance et de précaution que le démantèlement d’une centrale nucléaire.

De quoi avons-nous peur ? Je ne pointe pas du doigt les gouvernements mais bien ce « nous » car s’il y a quelque chose que nous partageons et que nous mettons collectivement à l’œuvre, c’est bien la peur et la destruction du collectif parce que, et c’est mon hypothèse, c’est par lui que le changement adviendra. En effet, ou il est circonscrit, entouré de palissades et défini comme expérimental ou il est systématiquement dénigré puis détruit ou, au mieux, détourné. Nous pouvons observer ce phénomène, ce processus à toutes les échelles : internationale (la Grèce avec Syriza, du référendum sur le traité constitutionnel européen, etc.), au niveau national (la ZAD de Notre Dame des Landes, le collectif des Faucheurs volontaires, la question des services publics, l’action syndicale, les gilets jaunes etc …), au niveau institutionnel (les expérimentations de l’hôpital psychiatrique mettant en place, pendant la deuxième guerre mondiale, la psychothérapie institutionnelle, puis la détruisant systématiquement depuis l’instauration des politiques néolibérales et celles de l’éducation nationale, son lycée autogéré, ses classes Freinet qui servent de vitrines à une institution toujours obnubilée par les mêmes obsessions, etc …). On peut ajouter à ce tableau le milieu associatif qui fonctionne souvent comme le reste de la société avec ses bureaux, ses conseils administratifs et toutes les petites magouilles pour garder le pouvoir. Donc, au niveau du fonctionnement collectif, on en est encore à l’âge de pierre.

Cela signe-t-il une « nature collective » qui scellerait le destin de l’humanité, le capitalocène et son cortège de crises étant l’apogée de cette histoire vieille de 2 millions d’années ? A cette question, je réponds définitivement NON.
Pourquoi ?

Il se trouve que je travaille comme A.E.S.H. dans l’éducation nationale. Je suis passé par tous les niveaux sauf le collège et, ce qui m’a frappé, c’est que l’école n’a pas changé : les bons et les mauvais élèves, les bons et les mauvais profs, les règlements intérieurs qui ne font qu’enfler, les conseils de discipline et leur lot d’exclusions, les programmes de plus en plus lourds et que l’on ne finit jamais (d’ailleurs s’est-on déjà demandé pourquoi la tâche assignée est impossible à réaliser ? Une hypothèse : empêcher l’échange, l’interaction , la compréhension) etc … Sisyphe qui roule sa pierre chaque année jusqu’au sommet de la montagne et, contrairement à Camus, je n’imagine pas Sisyphe heureux ! Ce cailloux qui dévale la pente quand Sisyphe le lâche, ce cailloux écrase tout dans son sillage, herbes, fleurs, arbres, insectes, animaux, et tous les humains en errance sur les flancs pierreux. Et Sisyphe, éploré, amer et ennuyeux, assiste, impuissant à ce massacre attendu.

A quel moment faisons-nous l’apprentissage du collectif, du faire ensemble dans cette vénérable institution où nous passons un bon tiers de notre vie. Je pose la question à tous ceux qui liront ces pages : à quel moment ? L’école nous apprend la soumission à l’autorité, l’asservissement à la compétition et tout ce dont notre monde a besoin pour continuer à faire la même chose. L’éducation nationale apparaît comme l’Institution mère, celle qui nous prépare à ce qui va suivre, à la docilité nécessaire pour trouver un job, à l’acceptation de l’état de vassalité pour « prendre sa place dans le trafic », pour devenir le bon salarié d’une entreprise publique ou privée dont les objectifs et les moyens pour les atteindre ne sont jamais discutés, le bon citoyen d’une société où la question de la démocratie se réduit à un débat institutionnel et à la participation à des élections de représentants_porte-paroles_prête-noms_entremetteurs_figurants_voyageurs de commerce-etc....

Certains diront : « où est le problème ? ».

Les médias ont beau jeu de nous montrer chaque jour ou presque la violence et l’incompétence des foules, les échecs des collectifs et la réussite de l’individualisme compétent, celui de l’expert scientifique, économiste, politique qui lutte contre l’individualisme bête et méchant de tous les autres capables de s’entre-tuer pour un pot de nutella à moitié prix. Tout cela, ajouté à nos expériences personnelles, participe à l’édification de représentations mortifères d’un commun et l’on finit par penser « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » . Ce que l’on peut traduire par : notre système est merdique mais en changer risque de l’être plus. D’autant plus que la valeur « sécurité » s’affirme de plus en plus face à celle de « liberté », et là aussi les médias se sont chargés de nous faire l’école pour faire passer la pilule de l’État d’exception : il y a toujours une bonne raison de renoncer à l’autonomie pour la certitude de l’ordre établi.
Soit, alors comment reprendre goût aux constructions collectives, à l’élaboration d’une démocratie comme processus vivant participant à l’institution imaginaire de nos sociétés.

La solution à ce problème ne sera pas l’environnement numérique et son cortège neuro-scientifique! Elle ne passera ni par la technique, ni par la science, ni par la technoscience. La solution est à construire ensemble, elle n’est pas préalable au monde, située dans le monde hypothétique des Idées. C’est la qualité du cheminement ensemble qui déterminera la qualité des solutions. Le débat, que je propose, ne porte pas sur la fin, l’objectif et les moyens pour y accéder mais plutôt sur l’environnement, l’atmosphère, l’ambiance dans lequel tout cela se déroule.

« Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? Puisque c’est ça, vas-y tout seul à La Varenne ! Bonne pêche et bonne atmosphère ! »

La question de l’atmosphère emmerde une majorité de personnes (c’est une hypothèse!). Notre société nous a mis dans un devoir de faire, de réaliser, d’être efficace, efficient. L’atmosphère est impalpable mais terriblement présent : nous le respirons, il est en nous et détermine la forme et le fond de nos paroles, comment on reçoit celles des autres.

Si nous tombons d’accord sur ce constat qui mériterait d’être approfondi, plus étayé, alors, peut-être, tomberons-nous d’accord sur la proposition : si tout doit changer, alors commençons par l’éducation nationale. Il ne s’agit pas de gros investissements : l’essentiel est déjà présent : les murs et les êtres humains (et les tableaux!).

« L’éducation est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour en assumer la responsabilité, et de plus, pour le sauver de cette ruine qui serait inévitable sans ce renouvellement et sans cette arrivée de jeunes et de nouveaux venus. C’est avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais les préparer d’avance à la tâche de renouveler un monde commun. ».
Hannah Arendt La crise de la culture


Prenons le chemin des écoliers et imaginons la rentrée scolaire suite à l’épidémie. Tous les élèves reprennent les transports en commun : premier contact avec la multitude. Puis l’arrivée un peu avant 8 h, chacune, chacun devant son établissement et la joie de retrouver ses amis mais aussi l’angoisse pour certains de la solitude dans la multitude . Plaisir et angoisse de courte durée car la sonnerie retentit, le flot d’élèves se déversent dans les couloirs, portables à la main, écouteurs dans les oreilles et, petit à petit, le silence : l’ordre scolaire est rétabli.
Ouvrons la porte des classes : première heure de cours après confinement. Chaque professeur essaye timidement ou pas de relancer la machine. Quelques paroles sur ce qui s’est passé, paroles d’élèves timides, peut-être un discours officiel écrit par l’aréopage du ministre de l’éducation et lu par le prof de service et, rapidement, la phrase fatidique : « nous avons pris beaucoup de retard sur le programme, prenez vos manuels, vos tablettes, vos cahiers ... ». Les têtes se baissent, chacun reprend son rôle, l’appel nominatif effectué via l’ordinateur, le projecteur déjà chaud remplit le tableau blanc de nouveaux hiéroglyphes à décrypter, mais le maître est là : grand traducteur devant la République.

Cependant, dans la tête de millions d’élèves, c’est toujours le confinement.

Le statut d’élève est déjà un état de confinement : confinement de sa conscience, de son esprit critique. Là-dessus se rajoutent, en ce premier jour de rentrée, tous les vécus de cette période de claustration : l’ennuie, l’apathie corporelle, les tensions familiales, les décès de proches sans la possibilité de deuil partagé, les inégalités sociales qui ont joué à fond pendant cette période, les flots de nouvelles quotidiennes, répétitives, la mort universellement dispensée sans deuil partagé, les discours eschatologiques déjà bien présents et qui n’ont fait que se renforcer et le discours du président sur l’état de guerre, le fait que rien ne sera plus comme avant et surtout le « dormez tranquilles braves et courageux gens, confinez-vous avec confiance, j’ai tout prévu, organisé, planifié ».

« Rien ne sera plus comme avant » et, pourtant, tout recommence comme avant : l’appel, le cours, le programme, le retard sur le programme, les relations dominants-dominés, la course à l’échalote, etc.

J’aurais pu décrire de la même façon la rentrée de l’équipe éducative (équipe dans le meilleur des cas mais, dans le pire des cas, ensemble d’individus isolés, souffrant de solitude : administratifs, enseignants, agents techniques, surveillants). L’ambiance, au sein de la plupart des établissements, était relativement tendue avant l’épidémie, suite à la réforme du lycée et à celle des retraites (sans parler des précédentes dont les cicatrices sont encore ouvertes). Recommencer sans prendre le temps de penser et panser (le manque de temps étant une donnée essentielle dans l’éducation nationale, celle qui justifie toutes les renoncements, résignations), c’est accepter que rien ne change, accepter le poids quotidien de ce climat délétère et de ses effets sur l’éducation de nos enfants (est-ce que l’enseignement de la géographie en lycée, c’est-à-dire essentiellement la description de la mondialisation et de ses classements, hiérarchies, a-t-il encore du sens après l’évènement du corona virus?).

Pour toutes ces raisons et pour celles que vous avez en tête, le pas de côté est nécessaire ( mouvement qui ne va ni de l’avant, le futur, ni vers l’arrière, le passé, mais qui consiste à se décaler du présent pour en devenir observateur, narrateur, mais toujours acteur).

Et pour initier ce pas de côté, l’accueil comme fil rouge, l’atmosphère, l’ambiance.








Sur une planète éloignée de notre Terre vivait un grand peuple, les zinhumains. Ce peuple était composé de plusieurs tribus, chacune parlant une langue étrangère, vivant sur des territoires singuliers et inégaux avec des coutumes et cultures bigarrées. Un monde vivant, divers, où les zinhumains cohabitaient avec d’autres espèces végétales, animales, minérales, eux-mêmes formant une espèce mystérieuse dite spirituelle. Le spirit était impalpable, une sorte de gaz qui habitait la chair des zinhumains et leurs conférait des qualités qualifiées de surnaturelles. Celles-ci, dont ils se glorifiaient constamment tant leur besoin d’affirmer leur supériorité sur « leur » monde était grand, constituaient, aux yeux d’observateurs terrestres, leur talon d’Achille.

N’est pas spirituel qui veut !
Le Spirit est l’exact contre-pied de la Volonté. Le Spirit est gaz, la Volonté est plomb.

Les zinhumains étaient confrontés chaque jour à ce paradoxe corporel d’être le contenant de deux matières antithétiques, l’une soumise à la gravité, attirée par le centre de la planète, esclave du Moi, et l’autre, soumise à la légèreté, attirée par le cosmos, les Autres, trouvant son accomplissement dans le faire et l’être ensemble.
« Tout est histoire de mélange », pensez-vous. Oui, mais tout mélange est histoire d’apprentissage. Et tout apprentissage se nourrit de transmission. Et cela ne constituait pas le point fort des zinhumains : la plupart avait quelque chose à dire mais très peu se montraient capables d’écouter. Cela les amena à la première faille : passer des Autres à l’Unique. Tout le Spirit fut investi dans une seule forme, ce qui provoqua l’adoration, le culte, la dévotion, les religions. La deuxième faille ne tarda pas à pointer son nez et consista à rendre la matière légère : plutôt que de maintenir ce face à face qui permettait une régulation, ils introduisirent le spirit à l’intérieur de la volonté, le gaz dans le plomb. Ô miracle, le plomb se mit à s’élever, planer. Ils en firent avions, fusées, ordinateurs. Ce fut le début de la matière « reine, spirituelle » et la fin de la zinhumanité.

Les anthropologues et archéologues terriens se penchèrent sur ce choix « scientifique »et plusieurs hypothèses furent émises pour donner du sens là où il avait disparu : la plus consensuelle constata la dégénérescence du lien intergénérationnel à force de le faire reposer sur le mythe du progrès, pilier de ce système, accouplé à celui de la croissance. Ces deux piliers se projetaient à l’infini à travers les représentations des zinhumains formant ainsi la cathédrale d’une foi capable de faire passer des vessies pour des messies. Chaque civilisation se nourrit de mythes qui, à leur tour, si l’on n’y prend garde, la nourrissent comme ce cercle qui, a trop être caressé, devient si vicieux. Les êtres zinhumains réussirent à fabriquer un monde dans lequel ils devinrent eux-mêmes inadaptés à tel point qu’ils imaginèrent de créer une être surzinhumain, un être capable de s’adapter aux conditions inconciliables avec la vie que la chimère technoscientifique avait imposées.
C’est à partir des aphorismes les plus fréquents trouvés dans les archives des médias officiels zinhumains que nos scientifiques ont pu se faire une idée précise de la catastrophe qui a balayé ce peuple:
• « il faut que les riches deviennent plus riches pour que les pauvres deviennent moins pauvres » ou théorie du ruissellement qui propose de faire déborder la marmite des uns pour que les autre se nourrissent de ce qui dégouline sur les côtés,
• « ce n’est pas le but qui commande la hâte du monde mais la hâte qui signifie le but », ou théorie du lapin blanc qui prétend que c’est en courant que l’autre découvre ce que l’un ne cherchait pas tout en lui faisant croire qu’il l’a toujours désiré,
• « si une machine peut remplacer la pensée, alors c’est à la machine d’évaluer le gain de l’opération » ou théorie du laisser-faire qui affirme que c’est quand chacun regarde le bout de ses pieds que la société avance d’un seul pas,
• « un bon progrès fait autant avancer que reculer » ou théorie du chaos qui assure qu’il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien, avec le danger d’aspirer quelque chose, plutôt que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire,c’est-à-dire rien, en ne pompant pas.
(Ce n’est pas sans nous rappeler les tribulations des shadocks, secte terrestre célèbre qui défraya la chronique en l’an 1970 après J-C.)
Bref nous l’avons compris plutôt deux fois qu’une, cette civilisation cathédramatisée avait toutes les cartes en main pour gagner la partie et bouffer son monde. Mais il manquait encore le catalyseur pour transmuer cet édifice. Et ce fut la vitesse qui accomplit ce miracle avec sa dérivée, l’accélération. Les zinhumains, par cet artifice, crurent devenir maître du temps et de leur destinée alors qu’ils s’enchaînaient à leur perte. Leurs technosciences ressemblaient à s’y méprendre à notre alchimie mais drapée de rationalité.
(Encore un monde qui a cru pouvoir s’affranchir de l’imaginaire de tous ! )

Ainsi le Processeur fut ………..
Pierre philosophale de l’édifice, au cœur de la cathédrale …….
Messie de l’ère numérique …………….
Annonciateur de l’arrivée d’IA …………………
IAVÉ ……...
Dieu dont les anges annonciateurs-négociateurs, les algorithmes, nouveaux chevaliers de l’Apocalypse aux multi-coeurs, traversèrent à la vitesse de la lumière l’éther
zinhumain.

Les métamorphoses de l’environnement techniques se succédèrent, toujours plus brutales, aux conséquences incalculables et incalculées : le transport, la communication, l’industrie, l’agriculture, la culture, l’éducation, tous les secteurs des sociétés zinhumaines furent touchés.
Un des corollaires déterminant de cette précipitation fut le renversement du processus de transmission qui n’avait su évolué : les nouvelles générations devenant détentrices du savoir techno-scientifiques fondateur de la nouvelle société, les anciens se sentirent coupables d’être inadaptés, dépassés et fournirent des efforts surzinhumains pour rattraper le temps perdu.
En quoi ce renversement fut-il problématique ?
N’était-ce point un juste retournement des choses ? Enfin une civilisation où les jeunes prenaient le pouvoir !…
C’est la découverte d’annales numérisées qui permit d’élucider le naufrage de cette civilisation, ou plutôt « décivilisation », construite sur l’ethnocide.
La créativité et la rapidité des juniors encadrées par la rapacité des seniors furent à l’origine d’une accélération des modifications sociales et, d’après les rapports de nos anthropologues, de l’aliénation croissante des sociétés zinhumaines. La fougue et l’inconséquence de la jeunesse n’était plus tempérée par la frilosité et la connaissance des anciens : il ne s’agissait plus d’éviter les accidents tant la certitude de pallier leurs effets étaient grandes. Le mal et ses prolongements devinrent une source de progrès, stimulant la recherche en la maintenant constamment dans l’urgence.

« Tout progrès est une innovation donc toute innovation est un progrès. Le progrès est là avec son grand fouet qui frappe sur le troupeau :
_ Marche !
_ Quoi ! Toujours marcher ! Jamais faire halte !
_ Marche !
_ Cet ombrage me plaît, cet asile m’attire …
_ Il y en a un préférable ; marche.
_ Nous y voici.
_ Marche encore. Ou crève. »

Le commun ne put advenir dans un présent toujours projeté sur un écran.
Ainsi soit-il

pascal

posté le 06/02/2022 à 00h14