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commentaire(s) publié(s) par Faab

11 commentaires postés

23/09/2017 - Aux Sources - Place au débat

Je n'ai pas lu Gauchet et j'ai du mal à me faire une idée des orientations de fond de sa pensée par cet entretien mais quitte à parler de choc culturel, on pourrait poser la question de l'américanisation du monde depuis les années 60. Les USA ont la même constitution depuis plus de deux siècles, "socialism" est une quasi-insulte chez eux, ils n'ont jamais eu de réelle remise en question de leur cadre global politique basé sur l'initiative individuelle, "entrepreunariale" y compris dans leur manière de concevoir les luttes sociales à base d'associations, de fondations, extensions du principe de la charité de paroisse qui au final donne cette idée de "société civile" distinguée du "monde politique", comme si l'une n'était qu'un contenu pour un contenant institutionnel immuable. Du coup, ils me semblent réformistes au sens que lui donne Gauchet, dans un consensus très anglo-saxon d'oscillation liberal/conservative, tories/labour au Royaume-Uni.

A mon sens, on peut s'accorder avec Gauchet sur le fait qu'il y a oblitération du débat de fond sur la forme socio-politique que l'on veut, quelle Constitution en terme juridique, que ça se perd dans des luttes occasionnelles ou sectorielles. Mais d'un autre côté, il semble fonctionner sur l'idée de démocratie apaisée, démocratie libérale (au sens politique) comme si les changements de fond dans l'histoire se produisait par du simple débat entre gens bien élevés, "réalistes". Le "réalisme" peut très bien mener à ce qu'un nouveau grand récit soit le récit "à l'américaine", un "soyons réaliste" acceptant les injonctions libérales, que le 1% de la population mondiale que sont les Français entrent dans le mouvement d'ensemble. C'est ça la "révolution" au sens de Macron. Chacun doit-il apprendre ce que savent les élites, que dans le modèle dominant il faut penser levée de fond et création de start-up pour travailler plutôt que fonction et propriété publique, que le bien public se conçoit comme charity business et bon sentiment plutôt que redistribution et politique sociale institutionnalisée ? Gauchet a l'air plutôt anti-libéral et a priori, devrait être proche d'une idée d'un certain "modèle français", mais je n'ai pas vu dans l'entretien ce qu'étaient réellement les orientations de son "grand récit".

Au passage, il m'a semblé faible sur la question de l'Islam : les ré-investissements politiques de l'Islam comme marqueur d'identité contre la colonisation ont engendrés des mouvements importants dans le monde dit "musulman", ça a donné les volontés d'états islamiques/islamisés de diverses formes (république d'Iran, monarchie, totalitarisme etc.) entendant se distinguer de l'occident/colonisateur/chrétienté mais c'est indépendant d'une autre forme de pratique qui peut rejoindre le mode américain (à nouveau...). Les revendications en France peuvent très bien se faire à l'américaine dans du mouvement "société civile", lutte pour les "droits civils", sur fond de défense d'une liberté religieuse n'entendant pas toucher au cadre politique. Au demeurant, les littéralistes musulmans peuvent s'entendre avec leur collègues chrétiens américains adeptes de créationnisme et de terre plate.
Si il y a bien choc politique post-colonial, c'est différent d'un choc culturel qui a toutes les chances d'être plus fort en France (ou en Europe ?) qu'aux Etats-Unis lesquels feront des leçons de démocratie à la France quand sa laïcité s'opposera à leur propre conception du sécularisme politique. Chez eux, l'Etat séculier s'est constitué en protecteur de minorités religieuses diverses fuyant des oppressions, chez nous, il s'est constitué contre une religion d'Etat, en conflit avec le catholicisme dominant, on n'aime pas trop revoir du religieux avançant sur l'espace public.

P.S. : je n'ai pas compris pourquoi l'émission était titrée ainsi. Son propos ne m'a pas semblé dire "L'islamophobie ça n'existe pas", il admettait les discriminations etc. qu'on met sous ce mot, évoquait une comparaison avec l'antisémitisme, et c'est le mot qui semblait le déranger peut-être au nom de la tradition de gauche de critique du religieux.

posté le 24/09/2017 à 13h35

15/04/2017 - Aux Sources - La Guerre des Gauches

Le lien vers la page qu'on voit à un moment sur la critique de Michéa par Lordon : https://www.contretemps.eu/lordon-impasse-michea/

posté le 23/04/2017 à 18h46

21/05/2016 - Aux Ressources - La trajectoire des révolutions

Je reste dubitatif sur cette lecture qui me semble un rien angélique. Quand il s'agit de ruptures brutales, de changement de régimes, les ressorts me semblent plus complexes qu'une volonté de gauche bienveillante, sociale etc.

Boulanger avait aussi des soutiens de gauche, les fascismes prétendaient aussi à une composante révolutionnaire, et quand les mouvements mettent en avant le renversement de régimes corrompus, on a régulièrement des éléments souhaitant l'ordre et la morale. Ce n'est pas pour rien que la révolution iranienne, avec à la base des soutiens de la bourgeoisie libérale et intellectuelle, s'est finie "islamique", que les Frères Musulmans ont remporté les élections en Egypte, que l'extrême-droite ukrainienne était mobilisée au Maïdan ou même que le pétainisme s'est appelée "Révolution nationale" avec des soutiens de "gauche" (du mystère des "rouges-bruns"...).

En France, le "non" au référendum de 2005 s'est fait par la convergence contradictoire entre souverainismes de droite et volonté d'une Europe de gauche, le F.N. touche des ouvriers ex-P.C. en mettant des éléments de "socialisme national" de même qu'aux Etats-Unis, Trump a aussi des soutiens populaires. "Le-peuple" qu'on opposerait à un pouvoir dirigeant ne dit rien de ce qu'est ce peuple ou ce pouvoir dirigeant, de ce que le premier attend du second.

Sans doute que Nuit Debout est dominé par une gauche voyant le gouvernement comme social-traitre, mais il y a aussi des mouvements anti-gouvernementaux, à prétention "révolutionnaire", qui dénoncent une "oligarchie" destructrice des bonnes moeurs, des valeurs du travail, du mérite, un pouvoir vu comme une sorte d'aristocratie bourgeoise débauchée, menteuse, perverse, égoïste. L'exigence de "pureté", de "sainteté" du pouvoir est à double tranchant, elle peut motiver le renversement d'un "Mal" sans rien dire de ce qu'est ce "Bien" qu'on attend pour le lendemain.

Avant les dits "printemps arabes", on pourrait aussi s'interroger sur la manière dont s'est effondré le bloc soviétique : là aussi étaient dénoncés la corruption, le mensonge, l'opacité, un pouvoir d'apparatchiks, ça s'est fait sans grande violence par le biais de la société civile, révolutions libérales, "colorées", ayant pour objet de désir notre société occidentale - peut-on voir le socio-capitalisme comme un modèle désirable ? Hollande comme incarnation de la bonne société ? - avec derrière des Poutine ou les Kaczynski en Pologne reprenant les choses en main vu les effets déstructurants du libéralisme (économique, politique, de moeurs...).
Et aujourd'hui, on voit des chantres de ce même Poutine se dire de gauche, le prendre pour un valeureux résistant à l'ordre capitaliste international, remettant par le haut une forme de souveraineté populaire, principe du "bon roi", Saint Louis et petit père des peuples protecteur de la plèbe.

Tout ça n'est pas évident mais avec un FN à 25% et une abstention à je ne sais combien, difficile de dire ce que peut être "le-peuple" prêt à une forme de changement radical. Caroline de Haas qui a lancé la pétition contre la loi travail est sans doute une socialiste déçue mais certainement pas d'un socialisme très révolutionnaire vu qu'elle avait milité pour Hollande en 2012. Au final, on peut se demander qui voudrait vraiment d'une révolution et pour faire quoi derrière.

posté le 24/05/2016 à 19h22

09/04/2016 - En accès libre - Vers l'amour révolutionnaire

D'abord merci pour cet enrichissant entretien, et allons-y pour un long commentaire sur le rapport entre les historiques de conquête “arabo-musulmans” (guillemets importants) et européens, puis les questions d'aujourd'hui :

SUR L'HISTOIRE

Si Judith fait spontanément le parallèle, entre colonialisme européen et conquêtes "arabo-musulmanes", c'est peut-être parce qu'il y a aujourd'hui des rhétoriques sur l'invasion "arabe" et des processus divers d'entrée de l'Islam en occident (du Qatar au PSG, fantasmes de califat mondial, Houellebecq imaginant la France islamisé etc. mais aussi Nation of Islam aux USA, l'Islam comme rapport polémique à l'occident), un parallèle issue du mode de pensée de type "clash des civilisations".

Houria fait remarquer à juste titre que les dynamiques d'une période et d'un lieu sont d'une part spécifiques, et que d’autre part la critique de l'une n'implique pas qu'on ne veuille pas critiquer l'autre mais qu'on est d'abord concerné par les rapports de domination établis par la conquête européenne du monde.

Pour être à peu près précis historiquement sur la sphère "arabo-musulmane" (arabe, berbère, perse, turque etc.), il faut notamment distinguer entre la phase initiale d'expansion arabe qui est assez proche des "invasions barbares" en Europe, c'est-à-dire des populations avançant sur des empires en déliquescence, le genre de processus ayant donné la France (les barbares Francs...) après l'Empire Romain puis des relations inter-étatiques classiques (donc avec guerres) dans un cadre culturel s'homogénéisant, comme dans l'Europe se christianisant : la langue arabe a joué de l'Espagne à l'Afghanistan le même type de rôle que le latin/grec de l'Irlande à la Russie.

Il faut aussi différencier les intervenants notamment les turco-mongoles qui commencent par détruire la domination arabe jusqu'au point où ce sont les Ottomans qui reprennent le flambeau "islamique" (califat).
Et puis, il y a aussi toute la partie asiatique où l'Islam n'a pas avancé par les armes (Indonésie etc.) ou bien dans un mouvement mixte, guerrier/"évangélique", notamment la zone indo-pakistanaise où l'abolition des castes dans l'Islam avait de quoi séduire.

Quant aux relations entre zone greco-latine christianisée et zone arabophone islamisée, elles ont été de la politique "normale" avec des conflits et des échanges dans un état d'esprit assez partagé : au IXe siècle (de mémoire), il y avait à Verdun un centre de castration qui fournissait des eunuques à des marchands d'esclaves de Méditerranée, l'esprit chevaleresque en Europe doit des choses à la cohabitation en Palestine avec des combattants ayant une sorte de "code de la guerre" venu notamment de l'Islam, en Espagne les alliances chrétiens-musulmans étaient mouvantes jusqu'à la Reconquista, au XVIe siècle, François 1er s'allie avec les Ottomans contre les Habsbourg etc.

Pour ce qui est de la traite esclavagiste, la mentalité me semble plus proche de l'esclavage antique (greco-romain) que du moderne, totalement marchandisé, capitaliste : on voit encore en Mauritanie par exemple (https://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_en_Mauritanie) cet espèce de système de caste où une partie de la population est esclave, par statut personnel, un esclavage de voisinage et de domesticité qu'on retrouve dans pas mal de cultures aristocratico-guerrières (servage etc.), les rapports de force devenant trafic dans les zones d'interface comme au Sahel : le nomade adepte du complément alimentaire par razzia prend des esclaves au passage, et les revend à l'occasion dans le cadre monétaire des Etats.

Tout ça a son fonctionnement spécifique et au niveau "idéologique", il y a une différence entre, par exemple :
- le religieux (chrétien ou islamique) qui incite à l'égalité de droit, à la libération d'esclave, dans des cadres socio-économico-culturels où l'esclavage est de pratique courante,
- le mythologico-religieux utilisé pour justifier la permanence de la pratique : mythe généalogique, descendants de Cham soumis à Sem et Japhet pour la faute envers Noé qu'on retrouvait aussi bien dans la sphère arabo-musulmane (cf démontage du mythe par d'Ibn Khaldun) que dans l'européano-chrétienne (toujours actif au Ku Klux Klan...)),
- ce qui s'est construit dans l'esclavagisme/colonialisme européen avec les courants racistes trouvant des arguments "rationnels", "scientifiques" comme justification (au passage : vaste question que le rapport entre "rationalité" économique et l'humain comme capital, de l'esclave aux "ressources humaines").

POUR LE PRESENT

Pour ce qui nous concerne aujourd'hui, je verrais d'une part les rapports de domination socio-économiques et politiques très terre-à-terre (contrôler le pétrole etc.) et d'autre part la confrontation de représentations dominant/dominé et d'imaginaires conflictuels : l'occidental est éduqué dans un récit historique où se déploie l'image de l'européen maître du monde (le "Nouveau monde" employé par Judith pour la découverte par les européens d'un continent qui n'avait rien de nouveau...), le "non-blanc" est celui qu'on va vaincre ou civiliser, on a en face des récits réactifs de l'époque glorieuse "arabo-musulmane" dans le même esprit de domination/conflit mais aussi, et ça c'est pour moi un vrai sujet sensible :

la représentation conflictuelle issue des guerres de décolonisation.

Sans même parler du conflit israélo-palestinien focalisant le ressentiment anti-colonial, on a par exemple l'hymne algérien ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Kassaman) disant : "Ô France ! le temps des palabres est révolu / Nous avons clos comme on ferme un livre / Ô France ! voici venu le jour où il te faut rendre des comptes / Prépare toi ! voici notre réponse".
Chant révolutionnaire comme notre Marseillaise, il cible nommément la France, et quand Houria dit que l'histoire enseignée en Algérie est celle de la guerre d'Algérie, ça pose le problème de savoir comment s'y construisent les esprits si on prend comme élément fondateur la guerre avec la France.

A mon sens, il y a là un sujet difficile pour l'"amour révolutionnaire" : savoir dans quelle mesure il est mécaniquement contré par la réminiscence de la guerre révolutionnaire, un imaginaire d'ailleurs plus ou moins instrumentalisé par les pouvoirs locaux qui tirent bénéfice à orienter le malaise vers l'ennemi extérieur plutôt que sur leur propre responsabilité (même dynamique pour moi que quand en France on se cherche des coupables ailleurs, toujours la faute de l'Autre).

A un moment, il va falloir penser à la réconciliation sur le mode franco-allemand, en finir avec les ennemis héréditaires.

Il y a là un rapport interne/externe qui conditionne la situation actuelle d'une manière qu'on ne retrouvera guère dans la pensée des luttes pour les droits civiques des noirs américains, ni vraiment dans l'Antillaise et de manière moins pressante dans celle de l'époque de la décolonisation (étatique) qui se faisait à l'intérieur d'un empire.

En France aujourd'hui, on doit faire avec
- le lien toujours vivant avec diverses régions du monde qui amènent une plus grande diversité culturelle/mémorielle : un tadjik d'Afghanistan fuyant les Talibans n'est pas un arabe d'Algérie ou un berbère du Maroc, un migrant Amhara (chrétiens) d'Ethiopie n'est pas un Wolof du Sénégal, on a vu avec Gbagbo en Côte d'Ivoire invoquant une "ivoirité" que ces questions d'appartenance agitent aussi les régions d'origine etc.
- un rapport plus crispé du "souchien" aux questions de l'Autre qui invoque à son tour une colonisation, une "invasion barbare", non seulement dans le cadre bien connu des nationalismes de (extrême)droite (cf De Gaulle et Colombey les deux mosquées) mais aussi avec nos "Républicains" de gauche défenseurs d'une laïcité allergique au hijab et autre, toutes ces marques d'une République où l'uniformité de droit, jacobine, celle du citoyen constitutionnel est confrontée aux diversités de fait, un peu dans la même difficulté qu'avec les affirmations régionalistes (cf Braudel, L'identité de la France, pour le processus parfois brutal d'homogénéisation au XIXe).

POUR L'AVENIR

Pour ma part, je suis assez en attente d'une pensée qui ré-actualise et re-localise les thématiques de décolonisation/lutte de droits civiques des années 60 sur la situation proprement européenne, en prenant en compte la permanence de liens à une extériorité ou plutôt une interconnexion réduisant l'effectivité des distinctions d'intérieur/extérieur : se retrouver en France ne signifie plus couper les ponts, on reste connecté à d'où on vient et donc impliqué dans des relations culturelles plurielles (combien de paraboles satellites en France ? qui écoute 50 Cent plutôt qu'il ne lit Malcom X ?) mais aussi politiques d'Etat à Etat (que pensera un franco-malien de l'intervention française selon qu'il soit de Bamako ou Touareg ?).
Par rapport aux USA, on serait plus proche de leur relation aux hispaniques : Trump voulant finir le mur avec le Mexique, est à peu près dans la même logique que l'Europe forteresse. Jeb Bush parlant en espagnol dans une pub du Parti Républicain, ce serait comme Vallaud-Belkacem parlant berbère ou Rachida Dati parlant arabe pour s'adresser à des concitoyens, ça ferait du sport dans les médias.

posté le 14/04/2016 à 23h39 ( modifié le 14/04/2016 à 23h40 )

06/02/2016 - En accès libre - Pour un suicide des intellectuels

Une fin un peu désespérante : l'engagement des intellectuels appelant à l'engagement est conditionné par leur souci d'avoir un salaire ? La sécurité de l'emploi ? Un statut d'universitaire ?

posté le 22/02/2016 à 23h06

09/01/2016 - En accès libre - La bataille de l'imaginaire

Je l'ai peut-être raté mais je n'ai pas vu à qui on devait cette amusante historiette de robot iDiots. Ca vient d'où ?

Sinon, bel effort de réalisation-montage, j'ai apprécié l'écran noir (pas encore marque déposée ?) et les lumières de Damasio ("tu vois..." important pour la science-fiction comme dirait l'Oracle (tm)).

posté le 09/01/2016 à 19h28 ( modifié le 09/01/2016 à 19h28 )

07/11/2015 - Aux Sources - Déconstruction et Politique

Va falloir faire un "Aux sources" de Maja pour exposer explicitement le fond de votre pensée...
Je suppose qu'en plaisantant sur la conclusion "réactionnaire", vous sentez bien qu'il y a quelque chose qui risque de déranger une part du public de hors-serie.net... dont moi.
De fait, après Bricmont et Rey, dans votre usage de Chomsky, le côté "rien de neuf depuis Hume" (tss... même pas Kant ?), dans vos ironies voire votre ton sarcastique, je sens une tendance qui va me poser problème, la mise en scène d'une opposition entre le "bon sens" et les "intellos", le côté "c'est marrant un moment les queers, mais à force, ça gonfle", un discours qui, à mon sens, commence à tout mélanger.

En l'occurrence, j'ai trouvé l'émission confuse, il m'a fallut attendre les 10 dernières minutes pour que sentir du positif sur les usages de Foucault, Deleuze, Derrida etc., le reste semblant n'être que l'occasion de se faire plaisir à flinguer ceci ou cela.

Bon, je suppose que le bouquin est plus intéressant que cette impression mais je serais curieux de savoir si vous auriez un blog ou un truc dans le genre, quelque chose où on puisse savoir d'où vous parlez, ce que vous entendez défendre sur Hors-serie comme ligne éditoriale.

posté le 11/11/2015 à 03h50

10/10/2015 - Aux Ressources - La politique du rire

Une question "ressources" (et frustration de non-parisien) : est-ce que des diffusions web de spectacles pourrait être envisagé comme des ressources possibles pour ces artistes ?
Des youtubers gagnent de quoi vivre avec des formes de "stand-up" pas toujours très brillantes, et si Oceanerosemarie a bien une chaîne Youtube ( https://www.youtube.com/channel/UCKyOjS6OAZPvnqRGoLzqMNg ), ça me semble juste pensé pour un peu de promo. Je ne sais pas quelle proportion du spectacle permettrait d'assurer une visibilité voire un revenu sans nuire à la fréquentation de la salle mais on a envie de lui souhaiter plus de reconnaissance que à "être blanc" par Norman ( https://www.youtube.com/watch?v=QxEcDSYjgF8 , 7 000 000 de vues = environ 7 000 €...)

posté le 21/10/2015 à 14h42 ( modifié le 21/10/2015 à 14h43 )

17/10/2015 - En accès libre - Imperium

Alors, allons-y dans la glose péremptoire...

1. le corrélat physique de la puissance de la raison pourrait se voir chez Spinoza notamment dans la proposition 34, partie 5 de l'Ethique, où la complexité devient le marqueur de l'"intelligence" : c'est à un corps souple (le cerveau...), apte à de nombreuses configurations, à de nombreuses formes, de nombreuses manières d'affecter et d'être affecté que correspond la raison.
Dans une même logique extrapolée au social, c'est à un corps social pluraliste, tolérant, apte à accepter de multiple formes de vie, que correspond le maximum de raison : l'humanité dans son ensemble en tant qu'elle ne s'autodétruit pas, est dans l'"imperium" global, la société française en tant qu'elle accepterait le voile, qu'elle supporterait cette forme montrerait une plus grande puissance de raison. C'est d'ailleurs une des forces des grandes empires, du Romain aux Etats-Unis d'aujourd'hui, que de faire de larges unions du divers, d'être aptes à la diversité interne sans perdre l'aptitude à l'action conjointe.

2. Spinoza a un mode de pensée très analytique, la conception de propriété émergente (notion synthétique) est mal adaptée. Pour lui, on ne saisit pas l'être d'une ligne en additionnant des points, l'être d'une surface en additionnant des lignes etc., le passage à une dimension supérieure ne peut être compris par la dimension inférieure et cette méthode est donc une reconstruction abstraite après qu'on ait commencé à diviser.
Je ne vais pas trop développer mais je crois que cette question est assez générale par rapport aux lectures de Spinoza initiée autour des années 60, notamment avec Matheron, des lectures mettant un peu de côté les essences, l'éternité, l'Etre, au bénéfice de l'approche des rapports "affectifs", dynamiques, dans le devenir (conatus comme expression de l'essence dans le devenir etc.), et se faisant donc dans un constructionisme plutôt qu'une analytique pure du Réel sur un mode hypothético-déductif (du summum de puissance-réalité ("Dieu") à ses expressions les plus légères avec une intellection à base de "si... alors...", modèles spéculatifs construits sur des intuitions et test opérationnel).

3. on peut très bien sortir de la conception "verticale" ou plutôt "surplombante" avec le modèle de la vague (logique ondulatoire, de modulation d'un continuum plus que particulaire, de séparation atomistique) : s'accorder à une structure sociale, c'est être portée par elle, et le maximum de liberté ne s'obtient pas en en sortant, il s'obtient en s'en servant pour s'élever, en être l'écume, là où la diversité maximale est portée par un mouvement commun. L'acceptation de l'"imperium", le côté stoïcien de Spinoza, est une sorte d'art du surf, savoir accepter les mouvements, y entrer, pour trouver son propre mouvement sur la vague, jamais dessous, jamais soumis à l'ordre social mais au contraire dans l'acceptation-compréhension de sa dynamique. Un peu dans une mentalité "chinoise", l'homme libre n'est pas celui qui va à contre-courant, il est celui qui trouve-produit son courant parmi les autres.

4. On pourrait distinguer 2 rapports au commun : la communion et la communication. La communion est le fond commun qui porte un mouvement, celui dont on ne parle pas parce qu'il est en-deça des mots, de la communication, c'est le véritable "immédiat" qui n'est réellement pas médiatisé parce qu'il est le même dans la partie et le tout : c'est un même mouvement qui peut porter un point A et un point B de la vague. Coupe du monde de foot ou spontanéité des "je suis Charlie" sont de réelles communions sur un affect qui n'est pas produit artificiellement par la communication, qui n'est pas forcé par les affiches, les médias etc. même si ceux-ci y participent parce que les médiatiseurs, les communicants sont eux aussi remués ou par branchement secondaire sur le mouvement.
La communication est l'ordre des chocs particulaires, du débat, du conflit, des gouttes d'écume qui peuvent s'entrechoquer au sommet du commun pour reprendre l'image de la vague. L'échange de pair à pair, atomistique, se fait sur la base commune : il n'y a communication que sur base de communion, modulation de champ.
Donc, les épisodes de communion, seraient des indicateurs réels de la base d'une société, c'est bien dans les "je suis Charlie" que se montrerait un certain être-France, la base de mouvement (la nature des choses est sous l'écume, sub-stance, ce qui porte les modulations événementielles).

5. la société sans coercition est celle des Sages comme vous le dites à la fin, celle de ceux qui sont aptes à surfer sur l'être-humain dans son ensemble, dont le jeu des libertés se fait joyeusement en surface sur un fond commun humaniste. Tout l'enjeu politique est bien de faire d'un modèle ("exemplar" en latin) d'Humanité l'objet d'un affect, de faire qu'on aime autrui par l'idée d'un commun, d'un être-semblable, par un Humanisme, qu'on veuille enfin être raisonnable et faire corps commun avec l'ensemble le plus large des semblables.
On peut penser à partir de ses lettres que Spinoza espérait peut-être pouvoir trouver cet Etat dans la société des savants, mélange de franchise amicale et de débats portés par l'amour intellectuel de "Dieu", du goût commun de la connaissance qui se donne sans perte, se partage et se démultiplie au bénéfice de tous. Mais c'est sûr que quand la société des savants devient la société des ingénieurs au service de la production matérielle ou le stratège des appétits particuliers, on s'éloigne de l'idéal de la cité philosophique.

posté le 20/10/2015 à 19h55 ( modifié le 20/10/2015 à 19h57 )

06/06/2015 - Aux Sources - Une question de taille

Pas inintéressant mais je me suis demandé pourquoi lui, et, en fait, je sens comme une atmosphère commune avec Bricmont, une envie de Suisse, de campagne, de village à l'ancienne, presque d'Adam et Eve.
D'ailleurs, une conférence de Olivier Rey donnée à Notre-Dame pour le Carême 2011 sur le thème homme-femme : http://www.paris.catholique.fr/Texte-des-Conferences-de-Careme,15767.html

Et du coup, petite question : comment s'effectue le choix des invités ? Chacun-e fait comme il le sent selon ses orientations où vous définissez une ligne éditoriale commune pour Hors-Série ?

posté le 29/06/2015 à 00h28

22/11/2014 - Aux Sources - Les Nouveaux rouges-bruns

Autant je suis Amselle dans sa critique des idéalisations primitivistes ou sa mise en avant des constructions individuelles autant je le trouve léger dans sa catégorisation des gens : pour le coup, il ne demande pas à Chomsky, Taddei, Nabe, Bouteldja etc. comment ils se définissent eux-mêmes, il le fait à leur place.
Je dois aussi être plutôt du côté d'Amselle que de Maja pour ce qui est de la critique des souverainismes (se voudraient-ils de gauche) mais je crois que j'ai eu le même genre de réaction qu'elle en l'entendant mettre Chomsky en suppôt de l'extrême-droite, Bouteldja en raciste ou Nabe en auteur antisémite.
J'espère qu'il est un plus analytique dans son bouquin que dans l'interview, qu'il creuse notamment le pourquoi de constructions identitaires "fermées" dans le cadre d'un statut de "minorité", quand on naît / on est désigné comme "juif", "nègre", "immigré de n-ième génération" etc. par le langage "officiel". En fait, il est peut-être meilleur anthropologue que politologue ou analyste des médias : mais pourquoi donc un livre titré "rouge-brun" est-il mis en avant par Libération ? Il ne voit vraiment pas ? Et Maja a peut-être posé la bonne question à la fin : comment serait reçu le livre si il contenait une critique de Fourest (elle voit des petits rouges-bruns partout : http://www.lesinrocks.com/2014/01/29/actualite/les-contre-verites-de-caroline-fourest-sur-frederic-taddei-11466469/ ) ?

posté le 11/12/2014 à 01h23