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commentaire(s) publié(s) par Gilles Trinques

2 commentaires postés

07/03/2020 - Dans le Texte - K comme Kolonie

Sortir une phrase de son contexte pour la mettre en accusation et en tordre le sens n ’a pas grand intérêt… sinon pour satisfaire un besoin réthorique bien creux. Prenez le commentaire dans son intégralité et mettez-le en perspective avec l’entretien et la pensée de MJ Mondzain, peut être y trouverez-vous du sens… Il n’y a là aucun loup, ni pensée retorse.
Vous voulez de la clarté. Ce qui m’a fait réagir, c’est que vous nous dites qu’ouvrir un espace de débat est « débile », à moins que l’objet du débat ne soit lui-même, « changé », mis en conformité avec le point de vue de ses détracteurs. C’est une affirmation dangereuse et toxique. Si vous supprimez ce qui vous dérange, vous n’aurez même pas à vous poser la question de ce qui vous dérange… C'est le signe d’une discrimination pour ce qui vous paraît différent, qui est donc inacceptable à vos yeux. La définition même du racisme… dont vous vous défendez pourtant. Le même racisme des ligues moralisatrices des dames patronnesses du XIX° siècle.
Avancer, c'est rester ouvert, accepter le débat, c’est éviter les préjugés, les dépasser, c'est apprendre de nos différences. La gauche à laquelle vous vous référez a perdu ces valeurs depuis longtemps déjà...

posté le 14/03/2020 à 22h46

07/03/2020 - Dans le Texte - K comme Kolonie

Merci pour l'invitation et la clarté du propos de Marie José Mondzain...
Cela étant, concernant l'exemple de l'exposition ExibitB, ce n'est pas en invisibilisant la création et ses effets sur les imaginaires que les causes légitimes des minorités seront mieux perçues, défendues. Le phénomène actuel de purification morale de l'Art est un mouvement réducteur, délétère, dangereux, fascisant. Rendre invisible les oeuvres me semble contre-productif. Gare à la censure, voire à l'auto-censure déjà à l'oeuvre. Bien sûr, on ne peut qu'entendre le sentiment d'offense, les susceptibilités, la soif de prendre la parole, mais peut être devrions nous faire ensemble ce pas de côté, déplacer le regard, déconstruire les visions normatives, repenser nos représentations. Cela passe par le débat. Et sans exposition, sans film, sans oeuvre il n'y a plus de controverse, plus de débat... sans artistes, sans chercheurs, sans écrivains il n'y a plus de questions posées, plus de mise en perspective, plus aucune possibilité d'ouvrir le monde... Circulez, il n'y a rien à voir ! Il ne reste plus que les CRS sur le trottoir du 104. Un comble !
Qui plus est, s'appuyer sur le travail des artistes pour prendre la parole contre eux et sans eux, les instrumentaliser pour une cause est un manque de respect. Méfions nous des ligues de vertus qui acceptent mal d'être bousculées dans leur confort intellectuel et émotionnel, parfois même narcissique, fussent-elles celles des minorités dominées. Tuer la fiction, réduire au silence nos imaginaires en lieu et place du réel sous prétexte de les décoloniser ne nous fera pas avancer. Au contraire. L'art n'est jamais univoque.
Le problème avec la morale, c'est qu'il s'agit toujours de la morale de l'autre, cet étranger. L'étranger étant par définition celui qu'on ne prends pas le temps de rencontrer. La nôtre est nécessairement vertueuse... puisqu'il s'agit d'une parole de dominé. Difficile d'arriver à penser contre soi-même avec les autres, je dirai même d'arriver à penser par soi-même, à partir de sa propre expérience.
Notre besoin d'évaluation permanente n'est-elle pas le signe de notre soumission ?

posté le 08/03/2020 à 14h47 ( modifié le 08/03/2020 à 14h57 )