Hors-Série
Arret sur Images
Me connecter
abonnez-vous


commentaire(s) publié(s) par moz

3 commentaires postés

27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression

@Gregory Makles

Ma profession me fait participer tous les jours à des procès, c'est pourquoi je n'ignore pas les douleurs d'une longue procédure pour un innocent. C'est aussi pourquoi je sais que ce type de chicane n'est en aucun cas spécifique de la loi Gayssot. La solution comme je l'indiquais est l'augmentation de la sanction pécuniaire de celui qui perd.
Prenons un exemple, Mme M. N. journaliste accuse Mr D.S. producteur d'avoir de par ses paroles constantes et répétées dénigré la qualité de son travail et ses qualités personnels. Ce faisant, Mr D.S. aurait créé un climat de harcèlement moral ayant conduit Mme M.N. à une dépression ayant nécessité un arrêt temporaire de travail de 3 mois. Dans les faits, Mme M. N. a inventé cette histoire pour se venger d'un papier pas sympa que Mr D.S. a écrit, de plus le psychiatre ayant délivré l'ITT est son beau-frère.
Dans cette affaire les frais de justice de Mme M. N. sont supportés par la vilaine CGT des journalistes engraissée par l'argent détourné de mes impôts, les frais de Mr D. S. par sa pauvre société L. SAS qui vient de se manger un redressement fiscal la laissant sur la paille (mettez les smileys où bon vous semble).
Il faudra 5 ans de procédure à ce pauvre Mr D.S. pour prouver sa bonne foi (1ère instance, appel, cassation). Les dépends attribués par le tribunal et l'ART 700 couvre à peine 30% des frais engagés par L. SAS, Mme M. N s'en fout c'est l'hydre communiste qui a payé. Par ailleurs, le tribunal refuse de juger la procédure comme étant abusive.

Quelles conclusions en tireraient Bricmont :
- Il faut supprimer la loi sur le harcèlement moral parce que ce ne sont que des mots et c'est bien connu à moins de dire "met lui une balle dans la tête", les mots c'est pas grave. En plus ce type de loi permet à des crapules de traîner dans la boue des gentils pendant 5 ans.
- A la place faut faire des débats avec toutes les positions en présence (ou des conférences gesticulées, des goûters citoyens, des pique niques participatifs que sais-je)

Quelles sont mes conclusions :
- il faut améliorer la rapidité et la qualité des jugements pour éviter que ça traîne en longueur (donc pas de secret il faut filer de l'argent à la justice).
- il faut que l'argent donnés au titre de l'Art 700 soit d'un montant représentant vraiment les frais engagés par la partie victorieuse (ça s'améliore, mais c'est toujours pas ça).

posté le 03/10/2014 à 13h47 ( modifié le 03/10/2014 à 14h19 )

27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression

@Maja,

Comme vous le dites Mr Gollnisch n'a pas été condamné, pas plus que Siné ou Mermet (comme vous le faites très justement remarquer à Bricmont).

Là ou je veux en venir c'est qu'en mettant une équivalence entre "être poursuivi" et "être condamné" il est facile de faire croire que la loi Gayssot est une roulette russe. Par contre si on regarde qui a été effectivement condamné ce raisonnement s'écroule.
J. Bricmont répond qu'effectivement B. Gollnisch n'a pas été condamné mais que ça lui a valu 5 ans d'emmerdements. Et alors en quoi est ce spécifique de la loi Gayssot ? Toutes les lois souffrent du même problème, une partie civile particulièrement chicaneuse peut venir vous emmerder sur la taille de votre clôture, la position de votre balcon. Cela va prendre des années avant que vous soyez tranquille, mais faut il supprimer les lois concernant les bâtiments pour autant? les tribunaux sont encombrés de gens faisant des procès alors qu'ils n'ont pas de motifs valables pour le faire, si il faut supprimer les lois qui engendrent de tels débordements, 90% du code va y passer.
Le problème c'est la lenteur de la justice, la réticence des juges à condamner pour procédure abusive la partie perdante et la faiblesse des sommes obtenues au titre de l'Art 700 du NCPC. La loi Gayssot n'y est pour rien.


Par ailleurs, contrairement à ce que pourrait laisser penser J. Bricmont, même P. Val a été souvent poursuivi (et parfois condamné) notamment par les gens de l'AGRIF (des amis de B Gollnisch) pour racisme anti-français ou anti-chrétien ou par des associations musulmanes (dans l'affaire des caricatures). Il n'a pas été poursuivi spécifiquement pour les propos que cite J. Bricmont, mais cela montre qu'il ne dispose pas non plus d'un parapluie qui lui offrirait un quelconque deux poids/deux mesures. Cela montre également que c'est l'existence d'une partie civile qui engendre la poursuite, pas la loi.

Pour finir, je trouve que votre boulot de recherche et d'analyse en préparation de cette émission est remarquable. J'aurais 100 fois plus apprécié de vous entendre seule faire une analyse du bouquin de J. Bricmont, en relation avec les opinions tierces que vous citez (CEDH, Ligue des droits de l'homme tc), plutôt que d'entendre J. Bricmont partir dans tous les sens et faire des raccourcis pour le moins hasardeux.

posté le 03/10/2014 à 12h01

27/09/2014 - Aux Sources - Pressions et expression

Lefayot a expliqué beaucoup mieux que je ne pourrais le faire pourquoi il n'y a pas deux poids/deux mesures dans l'application de la loi Gayssot.
Le fait de prendre les citations les plus vagues d'historiens pour faire croire que ceux-ci expriment un doute qui pourrais leur valoir de tomber sous le coup de la loi gayssot est un classique négationniste.
Pour ceux qui veulent creuser le sujet, vous pouvez notamment regarder l'utilisation que Faurisson fait de la lettre de l'historien allemand Martin Broszat à Die Zeit (http://www.phdn.org/negation/broszat.html)
Ils ne sont pas fous, ils se gardent bien de citer les publications scientifiques où ces historiens détaillent leurs arguments et leurs découvertes mais seulement une phrase extraite d'une préface, un bout d'article dans un journal grand public.
Et c'est ce que fait précisément Bricmont.
Que ce soit bien clair, je ne pense pas que Bricmont soit négationniste ou antisémite, j'ai même beaucoup apprécié son boulot dans l'affaire Sokal (en lien avec ce qu'a fait Bouveresse dans prodiges et vertiges de l'analogie) et son coté rationaliste hardcore (AFIS, union rationaliste) me le rendait plutôt sympathique.
Mais aujourd'hui il ne se contente pas de défendre une liberté d'expression qu'il voudrait totale, il reprend pour ce faire les éléments de langage et les arguments bidons des négationnistes et leur donne une légitimité.

PS : La liberté d'expression est le pire mot valise que je connaisse. Cette liberté d'expression totale n'existe dans aucun pays (on peut demander à Chelsea Manning ce qu'elle pense de la liberté d'expression aux US), elle est partout limitée par les lois sur la diffamation, le racisme, la propriété intellectuelle, la défense nationale, le respect de la vie privée, le secret professionnelle des professions réglementées et j'en passe. Bizarrement, même chez les tenants de la liberté d'expression totale comme Bricmont on ne demande pas à ce que la liberté d'expression s'applique aussi aux médecins pour qu'il puisse aller raconter partout ce qu'ont leur patients. C'est donc bien que cette liberté d'expression totale peut poser des problèmes importants et qu'il faut bien parfois en définir des limites.
Par ailleurs, je constate que les intellectuels sous entendent toujours libre-expression orale ou écrite quand ils parlent de libre expression, c'est à dire qu'ils défendent surtout leur libre expression. Qui défendra la libre expression de l'ouvrier qui colle un bourre pif à son contremaître? c'est pourtant moins violent que de dire à un survivant des camps qu'il est un menteur et que ses camarades d'infortunes ne sont pas vraiment morts.

posté le 02/10/2014 à 10h47 ( modifié le 02/10/2014 à 13h37 )