Hors-Série
Arret sur Images
Me connecter
abonnez-vous


commentaire(s) publié(s) par N93

3 commentaires postés

24/09/2016 - Aux Sources - Quand leurs mots dictent nos vies

Bravo à l'intervieweur pour son effort de pédagogie. Si Hors-série veut s'ouvrir à des nouveaux publics et faire de l'éducation politique populaire, il est important de définir des termes, clarifier des lignes de partage et débats qui traversent la gauche comme "quelle différence y a t'il entre un communiste et un libertaire?" J'ai trouvé Besancenot clair, mais il me semble qu'il a oublié de donner parmi les causes de l'islamophobie galopante la tendance d'une partie de l'extrême gauche à mépriser les croyants, voire à les haïr. Il aurait été pertinent de l'interroger sur ce qu'il pense de la critique d'une étroitesse d'esprit d'une partie de l'extrême gauche concernant les croyances de la base populaire qu'elle est supposée défendre qu'ont élaborée Pierre Tévanian ("La haine de la religion"), le Parti des indigènes de la République, le pasteur Stéphane Lavignotte, Laurent Levy ("La gauche, les noirs et les arabes") ou Alain Gresh.
Merci en tout cas pour la qualité de l'émission et la découverte de la révolte de Kronstadt, j'ignorais ce drame

posté le 11/12/2016 à 21h58

26/11/2016 - En accès libre - L'Amérique blanche

Merci à Hors série de diriger les projecteurs vers une problématique très sensible aujourd'hui: l'articulation entre racisme et libéralisme

Bravo à la chercheuse pour la qualité de son exposé: fluide, précis et éclairant pour la compréhension de l'élection de Trump notamment. J'aurais toutefois apprécié qu'elle précise encore mieux ce qu'implique l'"empathie" et la "solidarité par delà la ligne de couleur". Par ex, quand on est comme elle professeure d'une école élitiste et chercheuse qui dispose du privilège de publier,c'est d'aider ses étudiants non blancs et/ou pauvres à réussir par une attention préférentielle en cours, d'aider les chercheurs ou militants non blancs et pauvres à émerger par son réseau et ses relais, de les aider à trouver des postes, à publier et à s'exprimer dans des médias. Etre dans la "solidarité par delà la ligne de couleur", c'est de fournir tous les outils, ressources et aide financière aux mouvements sociaux qui luttent contre les inégalités sociales et raciales portés par les pauvres et les minorités elles mêmes. J'espère que c'est le genre de solidarité que Mme Laurent pratique et que tous les abonnés d'Hors série, moi y compris, pratiquent et pratiqueront.

Je m'étonne que Hors série ait choisi de mettre en avant un extrait qui ne soit pas représentatif du tout de l'intégralité de l'interview, en focalisant dans l'extrait sur les femmes blanches.
enfin Bernard67 semble être gêné qu'on puisse penser que les discriminations raciales puissent exister aussi en France. C'est dire que l'interview, malgré toute sa clarté, ne peut atteindre et inviter à une remise en question que ceux qui y sont prêts. Comme dit le dicton, il n'y a pas plus sourd que...

posté le 05/12/2016 à 00h06

19/12/2015 - En accès libre - La nature est un champ de bataille


Madame Bernard et toute l'équipe d'Hors-série,


Vous avez lu et accueilli Ramzig Keucheyan, dont le travail analyse les dimensions sociales et politiques de la question écologique, soulevant notamment la dimension discriminatoire des atteintes à l'environnement. Les retombées négatives impactent plus gravement les groupes sociaux les plus fragilisés, que l'on sait, dans notre contexte français et européen, être les personnes racisées vivant dans les quartiers populaires, souvent immigrées ou issues de l'immigration. Une évidence que vous vous êtes pourtant empressée de réfuter. La société post-raciale serait un mythe – comme le prouvent les discriminations à l'emploi, au logement et à l'accès à l'espace politique – et le spectre de la division du mouvement anticapitaliste et écologiste ne saurait être un alibi suffisant pour glisser sous le tapis les implications concrètes des hiérarchies mises en place et maintenues au sein de notre système social. La prépondérance des personnes racisées parmi les personnes les plus pauvres de notre société n'est pas un hasard, elle découle d'une mécanique bien huilée qui n'égalise ni les chances de départ, ni les trajectoires.
Sourde à la mise en garde de R. Keucheyan contre la dépolitisation de l’écologie et l’érection d’une figure abstraite de la victime des pollutions et désastres écologiques, vous retombez dans l’écueil de vouloir invisibiliser certaines victimes sous prétexte que ça pourrait affaiblir le mouvement anticapitaliste. Nous, populations des banlieues pauvres et racisées, ne sommes nous bons qu’à alimenter les statistiques sans nom et sans visage à l’appui de vos argumentaires?

Il faudrait donc cacher cette réalité, selon vous.

- Forts de ce constat, qu’y aurait il de mal à ce que la frange de la population la plus vulnérable s’organise dans des espaces autonomes de lutte ? Historiquement, c'est toujours la mobilisation des groupes opprimés, et principalement par elle, que les causes ont avancé. « L’heure de nous même a sonné » écrivait Aimé Césaire à Maurice Thorez, et elle sonnera encore plus près de vos oreilles.

- Pourquoi n'inverserions-nous pas la perspective, pour nous demander comment les journalistes, les intellectuels et les élites dominantes pourraient se mettre à l'écoute des luttes menées par les groupes sociaux marginalisés – ici les personnes non-blanches et issues des quartiers populaires – et contribuer, avec leurs plus grands moyens, à porter les voix et les revendications des premiers concernés? Nous n’avons donc ni à converger vers vous, ni même à nous rencontrer à mi-chemin à vrai dire.

- Cette injonction à nous oublier nous même, ce chantage à nous faire porter la piètre santé de la gauche ressemble assez à celui qu’ont eu à subir les féministes de la part du PCF jusque dans les années 1980. Et si jamais les populations continuaient de lutter comme elles l’ont toujours fait, c'est-à-dire dans la convergence en se fondant anonymement dans des manifestations pour la défense de la sécurité sociale, des cortèges du 1er mai, des manifestations contre les attaques du droit du travail, etc, les victoires obtenues n’aboutiraient pas à faire des populations racisées une priorité pour l’agenda politique. L’amélioration de leur cadre de vie serait renvoyé aux calendes grecques, puisqu’en étant des oubliés du diagnostic, on le sera des réalisations concrètes.

Il est assez étonnant pour une femme aussi conscientisée que vous de constater votre aveuglement…ou plutôt votre refus de considérer TOUS les mécanismes de domination assignant des individus et des groupes au bas de la hiérarchie sociale. Les non blancs sont sur-représentés parmi les pauvres depuis longtemps, ce n’est pas un malheureux hasard de la vie !!! Dois je vous rappeler que les Antilles sont françaises depuis plusieurs centaines d’années et que le facteur temps aurait dû permettre à une grande part d’entre nos concitoyens antillais de sortir de leur condition de dominé, si la race n’avait lesté leur trajectoire sociale. Or, nous sommes très loin de trouver chez les antillais la même répartition parmi les catégories socio-professionnelles que chez les français blancs!
On est maintenu dans la pauvreté par la reproduction sociale, mais aussi par les discriminations, et je suis heureuse de vous apprendre que notre prise de conscience des discriminations n’est pas extérieure à la dimension économique, bien au contraire. Notre indignation touche à notre absence des postes à haute responsabilité, mais surtout au taux de chômage des « notres », de notre niveau de ressources et notre faible accès à l’Art, aux sciences et autres activités qui concourent à l’accomplissement personnel.
Sans nul doute, le facteur racial est un des déterminants de la pauvreté en France aujourd’hui. Je vous renvoie vers 2 études récentes émanant d’organismes (Centre d’études et de recherches sur les qualifications et l’Institut Montaigne) qu’on ne pourrait accuser d’un préjugé favorable vis-à-vis des populations non blanches.

Je feins en réalité l’étonnement, Madame Bernard, car je sais comment on a beau avoir une grande culture politique, on n’en est pas moins le fruit d’une histoire familiale, un être qui a incorporé les habitus de sa classe, a épousé les codes de son groupe d’amis, on n’en est pas moins déterminé par son lieu de vie, son genre, sa sexualité, son faciès et son physique à vivre ou ne pas vivre certaines expériences sociales. Il s’agit d’en prendre conscience pour mieux s’en départir à certains moments afin de se rapprocher de l’expérience des autres.
Madame, Je suis allée voir votre spectacle « Bienvenue dans l’angle Alpha » en juin 2014 et j’ai appris beaucoup de certaines émissions de Hors-série, mais je ne sais pas combien de temps, je vais pouvoir souffrir de m’entendre nier ainsi, de constater votre refus de voir cette France d’où je viens, que la gauche a très peu cherché à défendre et élever au rang d’égal ces dernières années. Depuis le mouvement des « établis » de la gauche prolétarienne, j’ai l’impression que les élites de gauche se rendent inaudibles aux pauvres. Si vous avez créé « Hors série » dans le but de mener un travail d’éducation populaire, comment penser y parvenir et agir en faveur d’une transformation sociale sans vous adresser aux ouvriers, petits salariés du tertiaire et les chômeurs qui forment le gros des groupes racisés dans les banlieues ? Il faut vous rendre accessible par le niveau de langue, mais d’abord par l’ouverture à l’oppression spécifique qu’elles subissent et qui ne saurait être couverte en totalité par le champ des luttes socio-économiques (préjugés, stéréotypes, violences policières, déni de droit, etc.

La pire violence de toutes est que surtout nos vies ne sont pas égales. Des africains pourront mourir par milliers, il en sera fait peu de cas dans les médias communautaires occidentaux blancs. Un mort blanc à New York, Paris ou Berlin et c’est toute la machine médiatique qui se met à trembler, ce sera la bousculade dans les salles de rédaction, le sang chargé de caféine, le cliquetis ininterrompu des claviers et la ligne téléphonique saturée. Pour ce qui concerne la France, il n’y a que les médias communautaires non blancs pour s’attarder ….et encore… sur des morts suspectes de non-blancs dans un commissariat par exemple ou la répression par la police de manifestants pro-palestiniens, sur des perquisitions abusives chez des musulmans, des enfants arabes convoqués devant la police sur dénonciation d’enseignants les soupçonnant de leur soutien à des attentats terroristes. La vie des non-blancs ne fait les gros titres qu’à la seule et unique condition qu'elle se soit suivie de manifestations, d'affrontements avec la police – en effet, sans les émeutes de Ferguson, personne ne dirait le nom de Michael Brown, et les mises à mort policières, prosaïquement nommées « bavures », continueraient de se faire dans le silence et l'indifférence. Cet état de fait prouve l'importance de l'auto-organisation des personnes non-blanches dans la médiatisation de leurs problématiques propres.

Je vous invite à souffler vraiment dans le sens de la convergence et à appeler les anti-capitalistes auprès de qui vous pourriez avoir une influence de venir lutter d’abord en Seine-Saint-Denis et auprès des populations d’origine étrangère et non blanche. Savez-vous que le parc de la Courneuve, le poumon de la Seine-Saint-Denis, a été menacé par une opération immobilière récemment? Et que ce projet, même s’il nous a été présenté comme annulé, pourrait simplement avoir été ajourné à un moment où la démobilisation le permettra.

« le retraitement des déchets toxiques a lieu dans les quartiers pauvres (entendu non pas dans des quartiers racisés), c’est là que le foncier est pas cher, c’est là que les populations locales ne mobiliseront que peu de moyen ni économique pour mobiliser des avocats, ni symboliques c’est à dire une certaine culture de la lutte, de la résistance qui fait que ces populations là vont davantage consentir à être polluées. »

Cet autre commentaire de votre part m’a fait bondir : Si dans les quartiers pauvres et non blancs, les populations ont moins recours au Droit, c’est parce qu’elles ont fait la triste expérience ou qu’elles ont appris de l’expérience des autres que le Droit n’était pas de leur côté. Et surtout elles ne consentent à rien, elles subissent. Et lorsque nous menons nos luttes, la quasi-totalité de la gauche se désolidarise de nous. Je me souviens de vos déclarations de soutien au spectacle exhibit B contre la chanteuse Bam’s qui était placée en situation d’infériorité numérique sur le plateau de « Ce soir ou jamais ». C’était justement l’occasion ou jamais de vous ouvrir à l’expérience singulière d’une femme noire qui venait exprimer son ras le bol d’être issue d’une Histoire qu’on n’enseigne pas, d’un peuple privé de biens sociaux les + essentiels comme celui du travail et du logement, exclus des scènes de théâtre en tant qu’acteurs et encore plus en tant que metteurs en scène et directeurs de salles. Elle était dépossédée jusqu’à même son droit le + absolu de définir ce qu’est le racisme et ce qui ne l’est pas. Tenez, faites donc l’expérience d’entendre un homme vous expliquer ce qui relève du sexisme ou non.
La marche de la dignité, si j’en juge par les propos tenus par Maja Neskovic face à Renaud Garcia, cette initiative n’attirait pas vos faveurs. Si la convergence est vraiment le but que vous poursuivez, saisissez vous des actions du front uni des immigrations et des quartiers populaires qui constitue une excellente tentative de mouvement de gauche anticapitaliste, antiraciste et antiguerre. Vous pourriez recevoir Saïd Bouamama qui est un de ses leaders.

Si la convergence est vraiment le but que vous poursuivez…

posté le 16/02/2016 à 00h20