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Les limites de la fiction

Dans Le Film

Jacques Aumont

Dans ses derniers ouvrages intitulés "Que reste-t-il du cinéma ?" (Vrin) et "Les limites de la fiction" (Bayard) Jacques Aumont se pose deux questions totalement imbriquées. Celle de la place du cinéma dans nos vies, à une époque où il n'a plus l'exclusivité des images mouvantes, et celle de la place de la fiction à l'intérieur même du cinéma, à une époque de fétichisation de la distanciation et de la véracité au détriment d'une "immersion fictionnelle".
Pour autant, on attendrait d'un éminent universitaire qu'il se plaigne de l'émergence des "nouvelles images" ou qu'il fustige l'usage que nous faisons des écrans. Il n'y a rien de tout cela dans ces deux livres, qui ont la grande vertu et la rigueur de ne jamais se morfondre dans la nostalgie de l'esthète qui trouve que c'était mieux avant. C'est une curiosité insatiable qui anime l'écriture d'Aumont, une curiosité pour les oeuvres, pour nos nouveaux usages et une envie de savoir ce que sera à l'avenir la place du cinéma dans nos vies. Jacques Aumont à l'honnêteté de ne pas tirer à lui des faits pour justifier ses thèses mais au contraire d'épouser la forme des faits et de se réjouir de ce que le cinéma continue de se métamorphoser tout en restant le même. Pour Aumont, il y a une équivalence entre les films et nos vies et c'est pour cela même que la disparition du cinéma, qui n'est d'ailleurs ni gaie ni triste, n'est pas pour demain. Parce qu'il nous donne accès à un mystère qui est également celui de nos vies : la causalité. Cette équivalence pourrait se résumer par la formule de Pasolini qu'Aumont cite : "Le montage effectue sur le matériau du film la même opération que la mort accomplit sur la vie."

Dans Le Film , émission publiée le 16/05/2015
Durée de l'émission : 63 minutes

Regardez un extrait de l'émission